une infirmière à bout de souffle raconte pourquoi elle a démissionné

une infirmière à bout de souffle raconte pourquoi elle a démissionné
une infirmière à bout de souffle raconte pourquoi elle a démissionné

« Manque criant de personnel » et « soins dangereux pour la population » : une infirmière vient de démissionner du CISSS de l’Outaouais pour se tourner vers le privé pour la suite de sa carrière. Encouragée par ses anciens collègues, elle souhaite mettre en valeur ses expériences dans les hôpitaux québécois.

Ce qu’elle qualifie de soins « inadéquats » aux patients a été un facteur déterminant dans sa décision de quitter le réseau public pour le secteur privé après six ans.

« Les soins sont devenus de la foutaise », affirme l’infirmière qui travaillait à l’hôpital de Hull et qui a requis l’anonymat par crainte de représailles.

Elle craint également que le manque de personnel ait pu entraîner la mort de certains patients. C’est notamment l’un des facteurs déterminants dans sa décision de quitter le réseau public pour le privé après six ans.

Et c’est sans compter les conditions de travail résultant de la pénurie d’agents de santé, qui l’ont aussi poussée à tourner le dos au réseau.

« Ce n’est pas humain de travailler 16 heures à plusieurs reprises ou de se faire demander du TSO tout le temps. [temps supplémentaire obligatoire]. LE Burnout sont très présents », ajoute celui qui était également en charge des bénéficiaires.

Une infirmière de Gatineau qui a démissionné du CISSS de l’Outaouais lors de son entrevue à Montréal, le jeudi 25 avril 2024. Photo Agence QMI

Agence QMI

L’infirmière affirme que « de nombreux collègues » ont également pris la décision de partir « parce que ce n’est sécuritaire ni pour eux ni pour les patients ».

La Gatinoise a donc pris son courage à deux mains et a lancé un cri du cœur au Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO) et au ministère de la Santé.

« Je me soucie vraiment de la population et des soins de santé. J’adore mon travail. Ça me fait vraiment mal de partir, mais c’est trop dangereux. Il y a trop d’erreurs médicales», déplore la jeune femme de 25 ans.

La réalité « cachée »

L’infirmière affirme avoir tenté à plusieurs reprises de parler à la direction pour apporter des changements, sans succès.

« Même si vous criez au loup, ils vous réenterreront. La direction nie les dossiers [de patients négligés] causée par le manque d’infirmières. Ils disent que ça va bien. Je suis au sol et je dis que c’est dangereux. C’est la vie des patients qui est en jeu», insiste-t-elle.

« Il serait vraiment temps d’exposer la réalité et de se réveiller car il sera trop tard. Si ça continue, ce n’est pas grave accident. Je ne comprends même pas pourquoi l’hôpital de Hull est toujours debout. Il y a tellement de lits fermés. L’urgence déborde», illustre-t-elle.

La Gatinoise soutient également que la composition des équipes est « un non-sens » et elle craint désormais pour la survie de l’urgence hulloise.

« Une infirmière peut être seule par terre, elle ne peut pas faire de pause ni manger. Elle se retrouve avec une vingtaine de patients. Ils remplacent les infirmières par des infirmières auxiliaires. Ils vont même réembaucher des infirmières qui ont été licenciées parce qu’il y a tellement de personnes portées disparues », dit-elle.

« Il semble que la direction ait complètement perdu le sens de la raison. Nous maintenons l’hôpital en vie grâce aux chiffres. Même moi, je n’y serais pas hospitalisée », conclut-elle.

144 infirmières sont parties l’année dernière

Invité à réagir, le CISSS de l’Outaouais confirme qu’il fait face à un manque important de personnel, non seulement à l’hôpital de Hull, mais partout en Outaouais. Par ailleurs, le CISSSO a reçu 144 démissions d’infirmières en 2023-2024.

« Il s’agit d’un défi important dans notre région et c’est une question que nous prenons très au sérieux. Notre principale priorité est de maintenir des soins et des services de qualité et sécuritaires pour nos usagers, malgré ces défis », a-t-il déclaré par courriel.

Le CISSSO ajoute que « chaque situation problématique soulevée par [le] le personnel ou toute autre personne est pris très au sérieux, afin que les corrections soient apportées sans délai.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Baldé et Tagliafico reviennent pour l’OL
NEXT une tentative de coup d’État manquée qui interroge