Depuis son premier album, Sainte-Victoire, en 2018, la Française Clara Luciani s’impose rapidement, devenant l’une des artistes les plus en vue de France. A l’occasion de la sortie de son troisième album, Mon sang, La Revue a discuté avec la très sympathique chanteuse de 32 ans de ses liens avec deux artistes que l’on connaît bien au Québec : Rufus Wainwright et Pierre Lapointe.
Vous êtes devenue maman il n’y a pas longtemps. Peut-on dire que c’est un « album de maternité » ?
« C’est un album de transmission. Parce que ce n’est pas un album sur mon enfant, étant donné que je l’ai réalisé alors que j’étais enceinte et que je n’avais pas encore rencontré mon enfant. Mais c’est un album que j’ai pensé pour lui. Je voulais me présenter à lui. Je me suis demandé ce que je voulais lui dire. Qu’est-ce qui me semble essentiel à lui transmettre ? Alors, je lui parle d’amour, je lui parle de déception amicale, je lui parle de ma mère, je lui parle de mes débuts dans la musique, de ma relation avec son père. Et je lui envoie aussi des messages d’espoir et d’amour. Cela m’a amené dans des domaines vraiment intéressants car cela m’a fait aborder des sujets que je n’avais jamais abordés auparavant.
A la fin de l’album, il y a le duo Ne m’oublie pas avec Rufus Wainwright. Comment est née cette collaboration ?
“C’est arrivé parce que j’ai un peu harcelé Rufus [rires]. Je lui ai écrit tout le temps sur Instagram ! Il est évident qu’il a beaucoup de followers [abonnés] et il n’a jamais regardé mes messages. Je lui disais tout le temps : « Rufus, je t’aime, réponds-moi, chantons ensemble », et il ne répondait pas… Et puis, c’est Woodkid [un autre artiste français]qui est un ami commun, et qui a réussi à établir la connexion entre nous par message sur nos téléphones. Et Rufus a fini par m’écouter et m’envoyer une réponse positive en disant : “Oui, avec plaisir !” Il a présenté un opéra en juin à Paris et on a pu faire le duo à ce moment-là, dans la vraie vie. J’aurais été super frustré de simplement échanger des choses par ordinateur, comme cela se fait souvent. […] Durant la rencontre, je me suis vraiment sentie comme une petite fille. J’avais des hallucinations ! Je connaissais son talent, évidemment, je l’écoute tout le temps. Mais il y a encore plus… Sa voix est tellement impressionnante. Il y a vraiment quelque chose d’unique. Je n’ai jamais entendu une voix comme celle-là.
Peut-on rêver d’un duo sur scène ?
« Mais ayez pitié de moi, si vous parvenez à le convaincre ! C’est toi qui as eu l’idée [rires]!»
Couverture de l’album « Mon sang », de Clara Luciani
Photo fournie par Thomas Christiani
Clara, on ne peut pas te parler sans parler de l’autre Québécois avec qui tu entretiens une belle relation, Pierre Lapointe. Comment ça se passe avec lui ?
« Il est devenu un frère au fil de toutes ces années. Nous devons nous connaître depuis presque dix ans ! C’est l’une des seules personnes avec qui j’ai écrit une chanson. Pierre est une personne si simple. Tout est facile avec lui. Il m’a juste dit : « Je viendrai chez toi et si tu as une guitare, nous pourrons essayer des choses. » Nous nous sommes assis et en une heure, nous avions la chanson ! Tout est comme ça avec Pierre. Il sait vraiment comment me faire sentir moi-même. Il ne porte jamais de jugement et est toujours gentil. C’est vraiment une sorte de grand frère. Je suis super excité de savoir qu’il sort un nouvel album en janvier. Pierre, même s’il est mon ami maintenant, j’ai toujours ce truc de fan. J’ai hâte comme un fan d’entendre sa musique ! Et j’espère que nous pourrons nous revoir et peut-être chanter à nouveau sur scène.
En parlant du Québec, quel est votre lien avec la population québécoise ?
« J’y suis allé trois fois et c’est fabuleux ! C’est toujours un accueil très chaleureux. Je pense que ma complicité avec Pierre m’a peut-être facilité la tâche, car j’ai toujours l’impression de rentrer un peu chez Pierre ! Je sais qu’on va se voir, qu’on va rire et que ça va être amusant. […] Il n’y a pas encore de date précise pour le Québec, mais je sais que nous reviendrons sur ce disque. C’est une obligation !
Vous partagez votre vie avec le chanteur du groupe Franz Ferdinand, Alex Kapranos. Qu’est-ce que ça fait de vivre avec un musicien ? Échangez-vous souvent des idées ?
« On écoute beaucoup de choses. Je pense que c’est très intéressant, car nous faisons le même travail, mais d’une manière très différente. Moi, je suis très chanson française. Je ne comprends pas les choses de la même façon que lui. Alex a participé à ce disque, mais de manière super subtile. Il a fabriqué quelques guitares. Nous sommes dans une situation où nous avons toujours un peu de mal à dévoiler notre relation même si maintenant on sait officiellement que nous sommes ensemble !
L’album de Clara Luciani, Mon sangest disponible.