Gilles Martin-Chauffier endosse le rôle d’un diplomate qatari pour résumer, d’un point de vue radicalement différent du parisianisme, une année politique française assez folle.
L’exercice littéraire n’est pas nouveau mais a fait ses preuves. Rien de tel que le point de vue d’un étranger pour mieux analyser sa propre société. Depuis les Lettres persanes, plusieurs intellectuels ont tenté de confronter la civilisation française à certaines de ses contradictions sous un angle différent.
Gilles Martin-Chauffier, sans renouveler le genre, propose une réflexion d’actualité sur l’année politique française écoulée. Pour tenter de décrypter ces bouleversements, il se glisse dans la peau d’Hassan, un diplomate qatari en poste à Paris, racontant chaque mois à son frère resté au pays ses découvertes de la France profonde ou des coutumes parisiennes.
Lorsqu’il voyage en province (Landes, Savoie), il est plutôt bien vu. La France des terroirs a peu changé et les défauts d’hier sont toujours présents. En revanche, lorsqu’il s’agit de politique, on s’étonne que ce Hassan ait autant de critiques contre le président Macron ou François Hollande, et très peu contre Marine Le Pen. Il est impitoyable envers le dernier président socialiste : “qui ne restera dans l’Histoire que pour ses cinq années de sieste à l’Élysée”. Il a tendance à oublier un peu vite que durant ce quinquennat, le terrorisme islamiste a violemment frappé et dévasté le pays (Charlie, Bataclan, Nice) et que la réaction de la présidence a été à la hauteur. Que le président Hollande a été le premier à couper les ponts avec Poutine (tandis que Sarkozy…) ou a tout fait pour faire tomber Assad alors que d’autres députés allaient au contraire se pavaner à Damas.
Il est facile de déconstruire l’ancienne gloire de la France, mais s’ils avaient été moins partisans, ces Lettres qataries aurait pu être rappelé. Manqué.
« Lettres qataries » de Gilles Martin-Chauffier, Albin Michel, 224 pages, 19,90 € (parution le 8 janvier)
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