Depuis 3 ans maintenant, le 4 janvier marque la Journée nationale de la jupe à ruban dans le pays. Si, chez les Premières Nations et les Métis, cette jupe traditionnelle est un symbole spirituel de résilience et de féminité depuis plus de 300 ans, elle est aussi devenue plus récemment un symbole de réconciliation. Retour sur les origines de cette tradition.
Cette journée est le résultat d’un projet de loi déposé en mars 2021 par le sénateur d’origine crie Mary Jane McCallum. Le projet de loi a été approuvé par le Parlement canadien en décembre 2022.
Avec l’adoption de ce projet de loi, les Canadiens auraient l’occasion d’approfondir leurs connaissances de la culture et du patrimoine autochtones, notamment de la jupe en ruban, un vêtement traditionnel qui a une valeur symbolique pour les peuples autochtones.
Ce projet de loi découle d’un incident survenu en 2020, au cours duquel Isabella Kulak, 10 ans, portait une jupe à rubans colorés qu’elle avait confectionnée lors d’une activité scolaire dans son école en Saskatchewan. Un membre du personnel lui aurait dit que ses vêtements n’étaient pas assez formels et la jeune fille s’est sentie humiliée.
Il suffit d’une publication sur les réseaux sociaux pour qu’une mobilisation s’ensuive, d’abord de la part des internautes et de la cheffe de la Première Nation Cote, dont elle est originaire, puis de la part des dirigeants d’organisations autochtones nationales.
Isabella Kulak, membre de la Première nation Cote en Saskatchewan, a été critiquée pour avoir porté la jupe en ruban qu’elle avait confectionnée lors d’une activité scolaire. (Photo d’archives).
Photo : avec l’aimable autorisation de Lana Kulak
L’histoire de la jeune fille a même trouvé un écho auprès du premier ministre Justin Trudeau, qui, le 4 janvier 2024, a déclaré que L’histoire d’Isabelle […] nous rappelle les défis persistants auxquels sont confrontés les peuples autochtones, notamment le racisme et les inégalités, ainsi que le travail que nous devons continuer de faire ensemble sur la voie commune vers la réconciliation.
.
Échanges d’objets avec les colons
Selon l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC), ces jupes colorées sont portées par les femmes des Premières Nations et métisses du Canada depuis les années 1700. Dans le cadre du commerce de marchandises avec les colons européens, les communautés autochtones ont commencé à recevoir des rubans.
Donc, de nombreux objets considérés comme ordinaires par les Européens représentaient une valeur marchande élevée pour les communautés autochtones, comme les rubans de soie, utilisés pour créer une forme de décoration appliquée inédite dans les pays européens.
explique le musée public de Milwaukee, aux Etats-Unis, sur son site Internet.
Ouvrir en mode plein écran
La jupe à ruban traditionnelle est une jupe réalisée avec un tissu imprimé coloré sur lequel se trouvent plusieurs rubans de soie cousus horizontalement tout autour du bas des jupes.
Photo : Ben Nelms/CBC / Ben Nelms
De plus, les jupes portées par les femmes autochtones étaient historiquement fabriquées à partir de peaux d’animaux et décorées de peinture naturelle. Ils ont commencé à devenir populaires dans les communautés autour des Grands Lacs, puis se sont répandus dans les Prairies et dans le nord-ouest du Canada, selonAFAC.
Les origines de la jupe en ruban remontent non seulement aux Premières Nations et aux peuples autochtones de l’Île de la Tortue, mais également aux colons qui ont été les premiers à apporter leurs créations européennes dans les Prairies. Des générations de mariages mixtes, de commerce et de pollinisation croisée culturelle ont abouti à ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de jupe en ruban.
Interdiction et réappropriation
La jupe traditionnelle en ruban est portée principalement lors des cérémonies, par exemple lors des pow-wow. Cependant, en 1885, le gouvernement fédéral interdit la cérémonie du potlatch autochtone, une cérémonie traditionnelle des peuples autochtones de la côte nord-ouest de la Colombie-Britannique.
Cela a abouti à l’interdiction du port de jupes à rubans et de nombreux autres objets de cérémonie. L’interdiction du potlatch fut finalement levée en 1951.
Ouvrir en mode plein écran
Une entreprise indigène présente sur les podiums des modèles inspirés de la jupe en ruban.
Photographie : Karonienhawe Diabo
Ces dernières années, les créateurs de mode autochtones se sont réappropriés la tradition de la jupe à ruban. Traditionnellement, les jupes présentent des lignes horizontales sur le tissu qui descendent jusqu’à la cheville. Cependant, les artisans de la mode indigène ont ajouté leur grain de sel en ornant les jupes de motifs, de dentelles et de rubans allant dans toutes les directions, puis en les accessoirisant de ceintures concho et de perles.
Le port de jupes à rubans est également devenu plus populaire au fil des années, car elles sont de plus en plus portées au quotidien.
Selon leAFACles jupes en ruban sont ainsi devenues à la fois un symbole spirituel et une déclaration politique. Ils témoignent de la façon dont les femmes autochtones ont survécu aux tentatives d’effacement de leur héritage.
.
De plus, selon les Mi’kmaw Ashley Shepparddu Centre canadien pour la diversité et l’inclusion, la confection et le port de jupes en ruban visent à faire revivre une pratique culturelle importante perdue à l’époque des pensionnats et à redonner du caractère sacré aux espaces autochtones.
.
Avec les informations de L’Encyclopédie canadiennel’Association des femmes autochtones du Canada, le Ribbon Skirt Project, le Milwaukee Public Museum, le Centre canadien pour la diversité et l’inclusion et La Presse Canadienne