Les séries made in Romandie ont le vent en poupe

Les séries made in Romandie ont le vent en poupe
Les séries made in Romandie ont le vent en poupe

La série est passionnante, ne serait-ce que par le nombre de personnes qui découvriront votre travail. Dans le documentaire « Cinéastes en série » diffusé en janvier 2025 sur Canal+, le réalisateur Cédric Klapisch rappelle que la série « Dix pour cent » a dépassé les six millions de téléspectateurs pour chaque épisode qu’il a réalisé, tandis que « L’auberge espagnole » ou « Poupées russes », ses plus gros succès en salles, ont réalisé la moitié des entrées !

La série tente de nombreux cinéastes, mais encore faut-il en accepter les grands principes. Pour commencer, chaque scène doit faire avancer l’histoire, contrairement à un film où il y a des temps morts. Et qu’en est-il du culte du « cliffhanger » ? Le même Cédric Klapisch affiche son agacement face à cette volonté d’imposer systématiquement un élément inattendu pour inciter à regarder l’épisode suivant et qui nécessite souvent des astuces téléphoniques.

Eric Judor enfonce le clou avec cette réponse cinglante : « On mange tiède sur les quais », Autrement dit, à force de vouloir plaire à tout le monde, on prend des ingrédients qui ne vont pas ensemble et on livre un gloubi-boulga nauséabond.

Pour Denis Rabaglia, qui a réalisé cette année sa première série avec « En haute mer », le grand retournement de situation annoncé quelques secondes avant la fin d’un épisode lui est apparu comme un mécanisme bien trop contraignant. Sans parler du culte du premier épisode, qui concentre toute l’attention, à la limite parfois de l’hystérie. « Au cinéma, comme on ne peut pas sortir de la salle, on peut donner une bonne vingtaine de minutes au spectateur pour voir où le film va le mener. Pas en série ! On est plutôt dans le mode ‘convainque-moi de regarder ta série jusqu’au bout dès le premier épisode sinon je m’en vais !’ Donc tout le monde est enthousiasmé par le premier épisode.

>> Regardez la bande-annonce de « En haute mer » :

En haute mer – Publié le 1 novembre 2024

>> A lire aussi : : “En haute mer”, une prise de risque payante pour une série à voir sur Play RTS

Côté mise en scène, Denis Rabaglia explique que sur « En haute mer », il envisageait ses projets sur le vraquier loué expressément comme au cinéma, sans faire de distinction. Le décor était déjà très cinématographique, il ne voulait pas se priver de prendre le temps de choisir les axes de caméra idéaux pour profiter au maximum de ce décor grandiose. Il a en revanche dû aller plus vite sur certaines scènes qui ne nécessitaient pas une attention particulière, et revoir sa façon de travailler pour respecter les délais imposés.

Le rythme intense est épuisant et difficile à gérer. La réalisatrice Delphine Lehéricey se souvient que sur le tournage des « Indociles » (2023), il fallait tourner nettement plus de séquences par jour qu’au cinéma. Les équipes sous stress doivent être agiles et efficaces, d’où cette réflexion de Katell Quillévéré dans le documentaire « Serial Filmmakers » : « Les séries sont le lieu du burn-out ! ».

Mais alors pourquoi Delphine Lehéricey a-t-elle accepté de tourner « Les indociles » ? Parce qu’elle adore les personnages et que “la série offre cette possibilité de vraiment les développer dans le temps, notamment sur un projet qui déroule une histoire sur plusieurs décennies”.

>> A écouter, “Notre série made in Romande” (3/5) :

Vertige – Publié le 25 décembre 2024

Qu’ils soient suisses ou étrangers, les cinéastes qui ont essayé la série ont des avis contrastés. Ceux comme Pierre Monnard, capables de se mettre au service d’une commande tout en réussissant à imposer leur marque, sont heureux de revenir.

D’autres, comme Michel Gondry sur “Kidding”, avouent avoir détesté l’exercice. « Je ne me suis jamais senti considéré comme un cinéaste, mais plutôt comme un technicien sous les ordres d’un showrunner qui avait tout défini à l’avance. Entre regarder des séries et les réaliser, il y a un écart que je n’avais pas imaginé », raconte-t-il dans le documentaire « Serial Filmmakers ».

 
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