Madame Granet a beaucoup à cœur.
On est loin des sourires qui les accueillaient à leur arrivée au Québec/Canada, compare-t-elle.
« Quatre ans plus tard, c’est une toute autre ambiance. Le Canada a beaucoup changé. Sa réputation est ternie”, nous a-t-elle écrit, via Messenger.
Sophie Granet, Joseph Lévêque et leur fille de neuf ans se sont envolés à 3 heures du matin, dans la nuit de mercredi à jeudi, vers la Guadeloupe, département français d’outre-mer, où ils séjournent chez des amis.
Accompagné pendant le voyage
Un agent des services frontaliers canadiens les a escortés jusqu’aux portes de l’avion, raconte Mme Granet.
“Elle a remis nos avis d’exclusion, nos passeports et nos cartes d’embarquement au capitaine.”
À leur arrivée en Guadeloupe, ils n’ont pas pu descendre de l’avion avant qu’un « agent de la police aux frontières » vienne les chercher.
« Nous avons été traités de manière très dégradante. Il fallait rester digne devant notre enfant de 9 ans et serrer les poings !
— Sophie Granet, owner of Tartes et clafoutis
Les propriétaires de cette boulangerie granbyoise avaient auparavant remis leur sort entre les mains du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Canada, après avoir fait part de leur situation à leur députée fédérale, Andréanne Larouche.
« Extrêmement triste »
Le député de Shefford a alors demandé au ministre d’intercéder en faveur du couple français, en leur accordant un permis de séjour temporaire.
« Le 23 décembre, je suis passé saluer Sophie et lui dire que j’allais envoyer à nouveau une lettre au ministre, mais malheureusement j’ai reçu un appel de son bureau m’informant que notre demande avait été refusée. Le ministre a refusé d’user de son pouvoir discrétionnaire et de faire preuve d’humanité en cette période des fêtes.
« Dans cette histoire, j’ai tout fait [en mon pouvoir] à la limite. Je trouve cela extrêmement triste», déclare Mme Larouche, en entrevue avec La voix de l’EstJeudi après-midi.
La mobilisation communautaire n’aura pas suffi
Andréanne Larouche a été sollicitée par plusieurs citoyens pour trouver une solution.
Une lettre d’avis a été publiée en ce sens sur nos plateformes le 22 décembre.
Cette triste histoire, révélée d’abord par La Voix de l’Est, a ensuite été largement relayée par tous les médias. Cela n’aura pas suffi.
« J’ai continué à recevoir des courriels pendant les Fêtes, et ça m’a déchiré le cœur de voir des gens de la communauté tristes de ce qui se passait, sans comprendre », raconte Mme Larouche.
« Je peux leur dire que je les ai entendus, j’aurais travaillé jusqu’au bout, mais malheureusement la personne qui aurait pu agir dans cette affaire – le ministre de l’Immigration – ne l’a pas fait. », tranche le député du Bloc québécois.
“De tels sacrifices…”
Sophie, Joseph et leur fille vont devoir entamer un nouveau chapitre de leur vie.
Une fois l’amertume passée et les blessures refermées.
« Personne n’a engagé autant d’énergie et autant de sacrifices pour en arriver là », nous écrit Sophie Granet.
« De nombreux autres immigrants suivront le même chemin. Je les plains sincèrement.
Reprise du commerce en vue
La voix de l’Est apprend que le commerce occupé par Tartes et clafoutis a été mis en vente avant même les déboires que le couple a connu avec l’Immigration.
Un acheteur, très intéressé, préserverait la vocation des lieux.