Depuis 2018, le nombre de réassignations sexuelles est en constante augmentation en Suisse. En 2023, 556 personnes ont eu recours à une telle intervention – soit 70 de plus qu’en 2022, note la « NZZ am Sonntag ». Ce qui est particulièrement frappant, c’est que deux fois plus de femmes (385) que d’hommes (171) ont changé de sexe. Les médecins spécialistes et les personnes concernées ne peuvent que spéculer sur la cause de cette évolution, compte tenu de la complexité du sujet.
Une raison importante pourrait être d’ordre médical, sachant que l’opération de loin la plus courante est la mastectomie. En 2023, 267 personnes assignées à la naissance à une femme ont subi une ablation des seins en Suisse, tandis que seulement 20 personnes assignées à un homme ont opté pour une construction mammaire. Les autres interventions de changement de sexe étaient significativement moins fréquentes : 24 phalloplasties (création de pénis) et 79 orchidectomies (ablation de testicules).
Les seins ne peuvent être retirés que chirurgicalement et peuvent être reconstitués à l’aide d’hormones, rappelle le Dr David Garcia Nuñez, directeur de l’Innovation Focus on Gender Variance à l’hôpital universitaire de Bâle. « Les hommes trans qui ne veulent plus avoir de seins doivent donc se faire opérer dans tous les cas. Ce qui n’est pas forcément le cas des femmes trans qui souhaitent avoir des seins », note-t-il.
Par ailleurs, la mastectomie, proposée depuis longtemps en Suisse par de nombreux hôpitaux, également aux femmes atteintes d’un cancer du sein, a fait ses preuves. Et c’est moins risqué que les opérations sur la région génitale. Cela pourrait contribuer à ce qu’il soit particulièrement sollicité lors des réassignations sexuelles.
De plus, les hommes changent généralement de sexe bien plus tard que les femmes : en moyenne, les premiers avaient 34 ans au moment de l’opération, les secondes 27 ans. Et parmi celles assignées au genre féminin, certaines avaient moins de 18 ans. En 2023, 32 femmes mineures ont subi une mastectomie. C’est également plus que les années précédentes.