Les chats peuvent-ils provoquer une pandémie aussi grave que la grippe espagnole ? Le félin sous haute surveillance à Toulouse

Les chats peuvent-ils provoquer une pandémie aussi grave que la grippe espagnole ? Le félin sous haute surveillance à Toulouse
Les chats peuvent-ils provoquer une pandémie aussi grave que la grippe espagnole ? Le félin sous haute surveillance à Toulouse

l’essentiel
Un chercheur toulousain, Pierre Bessière, tire la sonnette d’alarme : les chats, intermédiaires potentiels du virus H5N1, pourraient jouer un rôle clé dans une future pandémie. Une menace sanitaire à surveiller de près.

Face aux menaces d’épidémies mondiales, Pierre Bessière, virologue à l’École nationale vétérinaire, surveille les agents infectieux capables de se propager entre espèces, avec un focus particulier sur les félins et leur interaction avec le virus H5N1. Depuis plus d’un an, le spécialiste étudie le métabolisme des chats et leur risque de contamination par la grippe aviaire. Depuis 2016, cette souche aviaire se propage rapidement, véhiculée par les oiseaux migrateurs, mais amplifiée dans les élevages à forte densité. La situation des oiseaux est dramatique : « Certaines espèces, comme les pintades, affichent des taux de mortalité allant jusqu’à 100 % », observe-t-il.

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Le scientifique prélève des échantillons de sang sur des félins prélevés dans des cliniques vétérinaires à travers le pays. « Ce sont exclusivement des félins qui ont accès à l’extérieur, qui peuvent donc chasser. Sur un échantillon de 578 animaux, environ 1 % étaient infectés. Je ne m’attendais pas du tout à un tarif aussi élevé. Sachant qu’il y a environ 15 millions de chats dans le pays, dont une part importante erre à l’extérieur, cela signifie qu’il y a sans doute plusieurs dizaines de milliers de félins qui ont contracté la maladie en . inquiétant», alerte-t-il.

Troubles neurologiques
et perte d’équilibre

Les chats affectés peuvent présenter des problèmes neurologiques, tels que des convulsions ou une perte d’équilibre, des problèmes respiratoires, une forte fièvre et une fatigue générale. Ces symptômes peuvent être confondus avec d’autres maladies, et peu de vétérinaires connaissent encore cette pathologie. « Les premiers cas sont apparus en 2022. C’est encore très frais. Il y a beaucoup de travail à faire avec les vétérinaires pour identifier le virus et stopper sa propagation », ajoute le chercheur.

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Chez les félins, la mortalité reste faible par rapport à celle des oiseaux. En revanche, l’animal domestique est l’hôte intermédiaire idéal que le H5N1 « attend » pour infecter l’humanité. « Les chats contractent le virus en chassant les oiseaux infectés. Nous savons que lorsqu’un virus aviaire infecte un mammifère, il subit des mutations pour s’adapter à cet hôte. Les chats, comme les rats pour la peste, peuvent servir d’hôtes intermédiaires où le virus évoluerait et finirait par devenir transmissible aux humains. Et déclencher une pandémie plus dangereuse que celle du Covid-19, plus proche de celle de la grippe espagnole entre 20 et 50 millions de morts entre 1918 et 1919.

Barrières biologiques

Le virologue estime que très prochainement, un virus grippal comme le H5N1 ou similaire pourrait provoquer une épidémie mondiale. Les fermes intensives constituent de véritables incubateurs. Ces espaces confinés, alliant promiscuité et densité extrême, offrent au pathogène une opportunité sans précédent d’évoluer et de se propager. Les fermes ne sont pas seulement des lieux de propagation : elles sont aussi des multiplicateurs de risques.

Il faut cependant éviter le catastrophisme : la nature a établi des barrières biologiques qui limitent néanmoins le passage du virus d’une espèce à l’autre, principalement la température corporelle. « Un canard a une température interne de 42°C, tandis qu’un chat avoisine les 38°C. Cette différence complique la réplication du H5N1. Et comme la transmission à l’homme se fera nécessairement par voie respiratoire, la différence de température est encore plus importante au niveau de la trachée, chez l’homme, elle est à 33°C. De plus, les protéines du virus doivent interagir avec celles de la cellule hôte, ce qui nécessite des mutations spécifiques. le virologue. Ses récents travaux devraient toutefois alerter les pouvoirs publics et renforcer encore la surveillance de l’évolution du virus et la vaccination des oiseaux dans les élevages français.

La grippe aviaire a conquis le monde

Depuis 2016, les scientifiques observent une circulation accrue du virus H5N1. Historiquement, il est apparu en Asie, puis s’est propagé en Europe avant de s’étendre aux Amériques. Les oiseaux migrateurs ont accéléré cette propagation, tandis que l’aviculture intensive en a amplifié les effets. Il existe des preuves que cette maladie s’est propagée aux bovins, aux porcs et aux chats. Pour limiter la propagation de cet agent infectieux, il est crucial de sensibiliser les vétérinaires et de simplifier l’accès à des tests fiables pour identifier les cas suspects. Les propriétaires de chats peuvent également aider : restreindre l’accès de leurs animaux à la faune sauvage ou éviter de leur donner de la viande crue.

 
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