Élu en juin dernier, l’ancien conseiller fédéral Alain Berset a pris ses fonctions le 18 septembre comme nouveau secrétaire général du Conseil de l’Europe à Strasbourg. Notre confrère de Matin Dimanche est allé le retrouver sur son lieu de travail, un bureau qualifié de « sobre et lumineux » dans « une ruche frénétique » de diplomates et de fonctionnaires.
Le saut de Berne à Strasbourg a été pour lui un passage dans « une autre dimension, d’abord géographique, dit-il, mais aussi culturelle, avec une diversité de langues et de régions, de contextes, de réalités politiques, démographiques, sociales. « . Il évoque alors « un sentiment très fort que nous sommes un seul et même continent, unis autour de nos valeurs. Quels sont-ils? Il s’agit de la démocratie, des droits de l’homme et de la force de l’État de droit. En Suisse, cela nous parle, mais ces valeurs sont parfois remises en cause sur le continent et au-delà.
Il précise plus loin : « Nous assistons à un déclin de la démocratie dans différents pays, pas toujours au même degré, ni au même point de départ ou d’arrivée. Mais le mouvement ne va pas dans la bonne direction. Polarisation, discours de haine dans le débat politique, menaces, etc.
Alain Berset voit dans le Conseil de l’Europe un instrument « indispensable » pour contrer les dérives antidémocratiques : « Ce n’est pas quand tout va bien qu’on a besoin d’institutions qui fonctionnent, c’est au contraire quand les - sont difficiles.
Dans cette situation délétère, la Suisse fait néanmoins preuve d’une certaine stabilité. « Notre tradition de démocratie directe impressionne les gens. Ils disent : « C’est super chez vous, mais ça ne marcherait pas nécessairement ailleurs. » D’autres sont plus critiques : « Vous, les Suisses, êtes des privilégiés. Vous ne savez pas ce qu’est une véritable crise, avoir faim ou froid, vivre une guerre. Comment pourriez-vous nous dire comment résoudre ces problèmes ?
A l’heure où la Suisse s’apprête à conclure, non sans difficultés, de nouveaux accords bilatéraux avec l’Union européenne, Alain Berset est convaincu qu’elle y a sa place : « Tout le monde sait que nous sommes Européens, culturellement, économiquement, socialement, géographiquement. La Suisse est une géographie. Et la géographie est très têtue.
Enfin, il a profité de cet entretien pour réaffirmer son soutien à l’Ukraine : « L’Ukraine est un pays qui lutte contre le déni du rôle de la démocratie, qui lutte contre la fin de l’État de droit, qui lutte contre les violations des droits de l’homme. et mène un combat décisif pour nos valeurs. Ils sont suisses et européens.