les enquêteurs n’ont pas pu arrêter le président déchu Yoon – 03/01/2025 à 12h03

Des agents du Bureau supérieur d’enquête sur la corruption de Corée du Sud quittent la résidence du président déchu Yoon Suk Yeol à Séoul après avoir tenté sans succès de l’arrêter, le 3 janvier 2025 (AFP / JUNG Yeon-je)

Les enquêteurs sud-coréens ont tenté en vain vendredi d’arrêter le président déchu Yoon Suk Yeol, protégé par ses gardes du corps dans sa résidence de Séoul, nouveau rebondissement rocambolesque dans la grave crise provoquée par sa tentative ratée d’imposer la loi martiale.

Un mois jour pour jour après son coup d’État, les procureurs et les agents du Corruption Investigation Office (CIO), qui centralise l’enquête pour « rébellion » ouverte contre M. Yoon, sont restés près de six heures à l’intérieur de la résidence présidentielle, sur les hauteurs du quartier chic de Hannam.

Les forces de sécurité du président ont d’abord bloqué la voie d’accès à l’aide d’une dizaine de minibus et autres véhicules.

Les 20 enquêteurs du CIO, assistés de 80 policiers, ont quand même réussi à pénétrer dans la propriété « en empruntant un chemin détourné à flanc de colline », a expliqué un responsable du CIO lors d’une conférence de presse.

Ils se sont ensuite heurtés à quelque 200 militaires et agents de la sécurité présidentielle, qui formaient un mur humain en se tenant par les bras.

Les enquêteurs ont fini par repartir vers 13h30 (04h30 GMT), les mains vides, sous les objectifs des caméras et des centaines de manifestants pro-Yoon rassemblés à l’extérieur.

– «Altercations» –


La résidence du président sud-coréen déchu Yoon Suk Yeon dans le quartier Hannam de Séoul, le 3 janvier 2025 (AFP / Philip FONG)

“Il y a eu des altercations physiques mineures et majeures” entre les deux camps, a-t-il poursuivi, précisant qu’aucun membre de son équipe n’avait vu Yoon Suk Yeol lors du raid.

“Forcer le passage n’était pas réaliste”, a-t-il ajouté, citant de “sérieuses craintes en matière de sécurité”.

Les services de sécurité présidentielle avaient déjà empêché ces derniers jours plusieurs perquisitions des enquêteurs au domicile du président déchu, qui avait refusé de répondre à plusieurs convocations des enquêteurs.

Le CIO a jusqu’au 6 janvier pour exécuter le mandat d’arrêt contre Yoon Suk Yeol, émis mardi par un tribunal de Séoul pour interrogatoire.

Après son échec, il a fait appel au président par intérim Choi Sang-mok, exigeant son soutien au mandat d’arrêt.

Une arrestation de Yoon Suk Yeol, qui reste officiellement chef de l’Etat et n’est suspendu que dans l’attente de confirmation par la Cour constitutionnelle de sa destitution votée par les députés, serait sans précédent dans l’histoire de la Corée du Sud.

– Évangélistes et YouTubeurs –


Des partisans du président sud-coréen déchu Yoon Suk Yeol se rassemblent près de sa résidence à Séoul, le 3 janvier 2025 (AFP / Philip FONG)

Les avocats de M. Yoon ont fait valoir que la police n’avait pas le droit d’intervenir dans la résidence présidentielle, classée « installation secrète de défense ».

“Nous exprimons nos profonds regrets face à l’exécution illégale et invalide des mandats d’arrêt et de perquisition”, a déclaré l’un des avocats, Yoon Kab-keun.

Des centaines de partisans de M. Yoon, dont des YouTubeurs d’extrême droite bien connus et des prédicateurs chrétiens évangéliques, se sont rassemblés près de la résidence présidentielle depuis jeudi soir.

« Yoon Suk Yeol ! Yoon Suk Yeol ! », ont-ils scandé en agitant des bâtons lumineux rouges, sous la surveillance de la police.

“Nous sommes réunis ici aujourd’hui, prêts à risquer nos vies”, a déclaré à l’AFP Lee Hye-sook, 57 ans, accusant l’opposition de vouloir “transformer notre pays en un Etat socialiste semblable à la Corée du Nord”. .

– “Lamentable” –

Des policiers contrôlent les manifestants en faveur du président sud-coréen déchu Yoon Suk Yeol, le 3 janvier 2025 à Séoul (AFP / Philip FONG)

Des policiers contrôlent les manifestants en faveur du président sud-coréen déchu Yoon Suk Yeol, le 3 janvier 2025 à Séoul (AFP / Philip FONG)

Yoon Suk Yeol a stupéfié la Corée du Sud dans la nuit du 3 au 4 décembre en imposant la loi martiale et en envoyant l’armée au Parlement pour tenter de le museler, un épisode qui a rappelé au pays les heures sombres de la dictature militaire.

Il a été contraint de faire marche arrière quelques heures plus tard après que des députés ont réussi à entrer au Parlement et à adopter une motion exigeant la levée de la loi martiale alors que des milliers de manifestants se rassemblaient à l’extérieur.

L’ancien procureur vedette de 64 ans n’a montré aucun regret depuis sa destitution par le Parlement le 14 décembre, promettant même dans une lettre à ses partisans de « se battre jusqu’au bout ».

La quatrième économie d’Asie a depuis eu son troisième dirigeant, les fonctions présidentielles incombant désormais au ministre des Finances Choi Sang-mok, et est désormais confrontée au risque de violences entre forces de sécurité.

C’est dans ce contexte que le secrétaire d’État américain Antony Blinken devrait rendre visite lundi à cet allié crucial de Washington dans la région.

Il s’agira notamment, selon Séoul, de la Corée du Nord, jusqu’ici avare de commentaires sur la crise politique chez son ennemi du Sud mais qui a décrit vendredi à travers ses médias officiels une situation de « crise sociale et politique ». chaos » à Séoul.

« Le président est égal à tous devant la loi. Le fait qu’il n’ait pas respecté un mandat légalement émis par un tribunal est vraiment lamentable”, a déclaré Lee Jong-soo, professeur de droit à l’université Yonsei.

 
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