C« C’est une sorte d’hôtel pour animaux. Ce bâtiment de 70 m² est situé dans l’enceinte de La Belle Isle, un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) à Libourne. Inaugurée ce mardi 3 décembre, cette structure baptisée Ehpanimal peut accueillir jusqu’à huit chiens et dix chats. Mais tout le monde à la maison évidemment. L’espace canin et l’espace félin sont séparés par des portes coulissantes vitrées et une pièce dédiée à la médiation animale pouvant faire office de sas.
Sous réserve de disponibilité, les résidents pourront passer la journée, principalement dans leur chambre, avec l’animal qui partageait leur quotidien avant leur arrivée dans cet Ehpad de 114 lits géré par le Centre Hospitalier de Libourne.
Un espace de promenade de 400 m² a également été aménagé pour les chiens. Pour faire leurs affaires et gambader, ils seront accompagnés par leurs propriétaires respectifs ou par l’un des vingt bénévoles enthousiasmés par ce projet pilote, voire par les deux ensemble. De leur côté, les chats ont la possibilité d’aller et venir à leur guise, leur chambre, à la fois cosy et ludique, étant reliée à un espace de jeu extérieur mais grillagé par une chatière dont l’ouverture est déclenchée par la puce. des appareils électroniques qu’ils porteront tous.
Période d’essai
« L’idée est que les animaux passent la majorité de leur - avec les résidents de l’Ehpad », explique Yves Mori, bénévole, qui a coordonné l’opération. A 19h30, ces fidèles compagnons rentreront dormir à l’Ehpanimal, les chiens dans des boxes confortables, les chats sur les coussins de leur choix.
« L’idée est que les animaux passent la majorité de leur - avec les résidents de la maison de retraite »
Les modalités d’accueil sont détaillées dans un protocole. « Il y a des animaux qui ne se prêtent pas à la vie en communauté », constate Yves Mori. Une période d’essai d’un mois est prévue. Si l’animal ne s’adapte pas, la famille du résident concerné s’engage à le reprendre. Il n’y a actuellement que deux pensionnaires, côté chat, des femelles, Grisette, 5 ans, et Kalanak, 15 ans. « Cela signifie nez noir en hindi », explique Marie-Claude, 78 ans. Voulant la garder près d’elle, cette nouvelle résidente a choisi La Belle Isle justement pour cela. « Kalanak a un bon tempérament, elle ne fait pas de bêtises, ne gratte pas, ne mord pas. »
Nourriture et dépenses couvertes
Trois personnes à « handicap réduit » ont été recrutées pour l’occasion. Ces salariés seront présents pour s’occuper des animaux, les nourrir, sortir les chiens également et nettoyer ces locaux de 7h30 à 10h40, puis de 16h30 à 20h, relayés entre--. par des bénévoles. Côté chien, il y a une baignoire adaptée. L’alimentation, le toilettage, les frais vétérinaires de base, comme les vaccinations ou les traitements antiparasitaires, sont pris en charge. La participation aux frais est de 60 euros par mois, sauf pour les résidents qui n’en ont pas les moyens.
A l’origine de cette innovation, il y a un homme, Marc Prikazksy, PDG de Ceva Santé Animale, une entreprise internationale dont le siège est à Libourne. Son idée a pris forme au fil d’échanges avec une association qui milite pour cette cause, Terpta, acronyme d’une citation d’Antoine de Saint-Exupéry : « Vous êtes à jamais responsable de ce que vous avez apprivoisé. » Ce vétérinaire de formation a associé à ce mécénat engagé sur trois ans deux autres sociétés, Purina et Cheops Technology, basées à Canéjan.
Effets positifs sur la santé
« Venir en Ehpad, c’est un crève-cœur pour la personne qui va quitter son domicile », souligne Nicolas Leroy-Fleuriot, PDG de Cheops Technology. Si en plus vous êtes obligé de vous séparer de votre animal, c’est insupportable. » Tous les acteurs de cette première nationale soulignent à quel point préserver ce lien affectif avec un animal de compagnie en maison de retraite peut avoir des effets positifs sur « la santé physique et mentale et le bien-être des personnes âgées ». Ce droit est désormais inscrit dans la loi « Bien vieillir » du 8 avril 2024. Le personnel de La Belle Isle avait été préalablement consulté.
Marc Prikazksy espère que cet exemple, qui fera l’objet d’études, inspirera d’autres établissements en France : « L’important est de montrer que c’est réalisable. Ici, il y a un parc, c’est plus facile. Que faire en ville ? Mais si la moitié des Ehpad accueillent déjà des animaux, les gens pourront choisir. »
Œuvre du cabinet d’architectes Hobo et Falco Construction Bois, le bâtiment a représenté un investissement d’environ 300 000 euros. Le fonds de dotation créé par le Centre Hospitalier de Libourne a servi de cadre à ce partenariat. « C’est une très belle expérience », estime Christian Soubie, le directeur général des hôpitaux du Nord-Gironde. Nous aimerions pouvoir le développer sur nos huit autres sites. »