L’extension de la zone IGP Cévennes au sud de la Lozère offre l’opportunité de valoriser les pratiques culturales, de ressusciter les cépages patrimoniaux et de valoriser le terroir cévenol. Le texte prévoit également une extension de la zone de vinification et de production dans le département de l’Ardèche.
Au nord, c’était la Lozère… Mais, depuis le 30 juillet, elle fait également partie du nouveau territoire de l’appellation Indication Géographique Protégée (IGP) Cévennes.
Inscrites au Journal Officiel depuis le 30 juillet, 45 communes du sud de la Lozère sont désormais autorisées à vinifier et produire un vin sous l’appellation IGP. Un résultat obtenu après cinq années de travail mené l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) dont bénéficieront ces vignerons, dès ce millésime 2024.
Soutenu par la fondation Carasso, observatoire des cépages patrimoniaux
Ouvrant ainsi un large spectre de coévolution au monde viticole cévenol. Pour Jean-François Goulabert, Domaine du Chamounet, à Altier, « c’est une prise de conscience que ces terres ne sont pas seulement bonnes pour les vaches et qu’on peut aussi y faire des vins de qualité. J’espère que cela pourra aussi libérer des terres… Et l’effet collectif, au sein du syndicat, nous permettra d’être plus forts dans la lutte. “
Il est incontestable d’élever les vignes en altitude
Pour Christian Vigne, ancien président de l’appellation, infatigable promoteur de cette évolution, « La demande vient des vignerons lozériens depuis longtemps. Cela permettra d’œuvrer à la reconnaissance de leurs pratiques culturales, mais aussi à l’IGP d’étudier et de mettre en valeur les cépages patrimoniaux et interdits, qui nécessitent moins de traitements. Avec le changement climatique et les difficultés rencontrées dans le Piémont, chacun sent que l’avenir est aux cépages patrimoniaux et qu’il est incontestable de les accroître. le vignoble en altitude.
Alors que dans la plaine du Languedoc, le déracinement est inévitable pour des dizaines de vignerons, soit environ 15 000 hectares pour le Gard, l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées-Orientales, les Cévenols du Piémont connaissent une situation contrastée.
Après une canicule en 2023 et des excès d’eau cette année, entraînant des foyers de mildiou, les cépages patrimoniaux ou interdits, du fait de leur qualité de résistance aux maladies et au gel ainsi que leur économie d’eau, retrouvent un regain d’intérêt.
Soutenu par la Fondation Daniel et Nina Carasso, un observatoire des cépages patrimoniaux, animé par Jérôme Villaret, chef de projet, se constitue et œuvre à la promotion de ces champions. » Les travaux d’extension qui ont été menés sur l’aire géographique historique que l’on retrouve sur les cartes, du Mont Lozère au nord jusqu’aux Gorges du Tarn, à l’ouest, ont permis de découvrir de nombreux cépages oubliés par l’époque moderne. viticulture »explique Jérôme Villaret. Dont certains cépages que l’État avait interdits en 1934
parce qu’ils étaient trop productifs, mais que les Cévenols, conscients de la dureté du travail après les avoir adaptés au terroir en les travaillant sous forme de palissades, ne les ont pas déracinés.
Proposer ce portefeuille de cépages aux vignerons afin de s’adapter au terroir et au climat.«Ils ont défié la loi»
poursuit Jérôme Villaret. Une insubordination salutaire alors qu’aujourd’hui, face au changement climatique, ces cépages révèlent des dispositions surprenantes. Si des études scientifiques conforteront leur résistance au phylloxéra, ainsi qu’au mildiou ou à l’oïdium, leur reconnaissance sur le plan gustatif constitue le deuxième mouvement de reconnaissance. Avec des profils organoleptiques, déroutants pour certains palais, les attentes de nouveaux consommateurs, amateurs de légèreté et d’aromatiques, ouvrent cependant des perspectives. « Nous avons été tellement conditionnés par le Grenache, la Syrah et les autres cépages que cela demande de l’adaptation,précise Gilbert Bischeri, vigneron de cépages interdits et non autorisés, basé à Aujac.
Mais il y a une attente chez les jeunes comme chez les moins jeunes qui redécouvrent les saveurs. Ensuite, le point fort, c’est qu’ils n’ont pas besoin de traitement et que cela permet à l’agriculture de montagne de se développer.» « Dans l’esprit des œnologues, ce sont des vins qui ne sont pas bons,continues Jérôme Villaret.
Mais en vérité, ils sont parfois mal vinifiés ou manquent de maturité, mais on peut faire de très belles choses. L’objectif du conservatoire est de proposer ce portefeuille de cépages aux vignerons afin de s’adapter au terroir et au climat.
: L’interdiction concerne six cépages importés des Etats-Unis au XIXe siècle – jacquez, isabelle, noah, othello, herbemont et le célèbre clinton. Le 3e salon des cépages du patrimoine, à Sainte-Croix-Vallée-Française (48) se déroulera se tiendra le 1er juin 2025.
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