Dans la Manche, ils l’ont laissé mourir dans d’atroces souffrances

Dans la Manche, ils l’ont laissé mourir dans d’atroces souffrances
Dans la Manche, ils l’ont laissé mourir dans d’atroces souffrances

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Editorial La Presse de la Manche

Publié le

4 décembre 2024 à 8h51

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Philippe L. a appris que les femmes qu’il accueillait étaient toxiques. Les pompiers étaient intervenus à son domicile quelques - avant faits du 25 juin 2020parce qu’il souffrait de convulsions. Ils avaient retrouvé Nina et sa compagne Céline dans son appartement. Un des pompiers a eu l’impression que Philippe n’était pas libre à la maisonqu’il ne pouvait pas y trouver la paix. Impression confirmée par Mario, le frère de Philippe, qui l’ayant appelé au téléphone peu avant les faits, à 19h20, avait entendu un femme criant derrière luipuis un autre ayant décroché le téléphone mettant ainsi fin à la conversation.

Philippe, comme attrapé par le destin

Présent hier à l’audience, Mario a reconnu avoir conseillé à son frère de ne plus être avec la femme que nous appelions Nina (celle qui criait lors de l’appel). Sandrine, sa cousine, mais qui avait été élevée par la mère de Philippe qu’elle aimait comme un frère, lui avait conseillé de rompre les liens avec ces femmes qui l’entraînaient au monde.

alheur et pour se rapprocher d’elle : un jour, chez lui, ils avaient été témoins de la folie destructrice de Nina, sous l’emprise de l’alcool, cassant tout dans l’appartement, les obligeant à se réfugier pour se protéger. L’infirmière qui se rendait deux fois par jour chez Philippe pour le soigner de son addiction à l’alcool (il était suivi par le centre de Pontorson), a déclaré lors de l’enquête que les deux femmes étaient systématiquement présentes. Elle avait essayé de lui faire comprendre que « ces gens étaient mauvais pour lui. »

Mais Philippe était incapable de rester seul.

Nicolas, qui n’était pas son fils, mais celui de sa femme, a témoigné les larmes aux yeux qu’il avait été aimé par Philippe comme un père. « Il a toujours dit qu’il avait trois enfants. Et il était content quand on lui disait que je lui ressemblais » (ce qu’un portrait de Philippe sur les écrans du tribunal a permis à chacun de confirmer). C’était un père aimant, généreux et drôle, souligne sa fille Marie. Mais le bon père, trop gentil peut-être, a été rattrapé par « son démon intérieur », sa famille, comme le disait son ex-femme, mère de Nicolas et des deux enfants qu’elle a eu avec lui. Elle savait qu’il avait eu une enfance difficile, au milieu de la violence que l’alcool créait dans le quotidien de ses parents. Ce climat avait créé chez lui des problèmes psychologiques qu’il n’avait jamais réussi à surmonter. Il travaillait dans la restauration, c’était un chef cuisinier, un travailleur acharné. Il était loin de son monde familial, dans le Sud, à Menton. Rachat? Mais sa profonde maladie avait peu à peu refait surface. Il faisait la fête, il buvait.

L’épouse déménage en 2005. Philippe revient à Saint-Hilaire-du-Harcouët (Manche), comme aspiré par son destin, c’est-à-dire le pire.

« Je suis sûr qu’il est parti en Normandie pour nous protéger. Il s’est retiré pour que nous puissions vivre nos vies. »

Nicolas, gendre Philippe L.

Reconnaissant, car ce père lui a transmis, comme à son frère et sa sœur, des valeurs fortes, « le respect des autres, l’amour du travail. Grâce à lui, nous avons tous les trois un travail, une vie équilibrée et stable. » Et réplique lancée en direction des trois accusés : « Aucun de nous n’a de casier judiciaire. »

Mots et images d’horreur

Cette deuxième journée de procès avait programmé le - des experts. L’expert en incendie a placé les débats dans leur dimension tragique, et il a pulvérisé les déclarations incomplètes et contradictoires des trois complices du drame du 25 juin 2020 aussi brutalement qu’une explosion déclenchée par une flamme de briquet.

Debout, face à Nina, Philippe reçut, autant que le canapé du coin sur lequel il se tenait, la moitié du contenu du bidon d’essence que la jeune femme projetait dans sa direction, une matière très volatile qui enveloppa aussitôt l’homme. d’un nuage toxique. Il suffisait d’une étincelle. Nina l’a provoqué : tout s’est enflammé dans une explosion, 500°C au bout du briquet, 250° dans le nuage y compris la chair de l’homme debout, torse nu ou habillé, on ne sait pas. L’un des accusés l’a vu en flammes avant de prendre la fuite. Quelque - plus tard, le voisin est venu vérifier et a découvert Philippe non pas debout, mais à terre. L’expert a expliqué que, intoxiqué par les fumées, il était tombé en tentant de s’enfuir. En rampant vers lui sous la fumée pour le faire sortir, le voisin s’est rendu compte qu’il était conscient. Sa sortie de la zone toxique, lui donnant de l’oxygène, pourrait expliquer ce retour à la conscience. Mais le corps de Philippe était brûlé, gravement, au 3e degré, sur 65 à 70 % de la surface de la peau. Le secouriste, tirant Philippe vers lui, sentit ses mains glisser sur son corps. Détail horrible : c’était la peau qui subissait la pression qu’il exerçait.

Le médecin légiste a à son tour détaillé les dégâts causés au corps et à l’intérieur de l’homme brûlé, description exhaustive soulignée par une série de photos difficilement supportables des dégâts provoqués par l’incendie.

«Cela dépassait toute ressource médicale thérapeutique. Il n’y avait aucun moyen pour lui de survivre. »

Le médecin légiste

Quant à la douleur, elle aurait été autour de 8 ou 9 sur l’échelle des sensations. Philippe a été immédiatement plongé dans un coma artificiel. Il est décédé un mois et demi plus tard. « Sans sédatifs puissants, les souffrances auraient été insupportables. »

Aujourd’hui, il appartiendra à chacun de tirer les leçons de ce drame et d’exiger que justice soit faite : les proches de Philippe, par la voix de leur avocat, la société dont les intérêts seront rappelés par l’avocat général qui proposera aux jurés de prononcer les sanctions appropriées, et les trois accusés défendus par leurs avocats. Rappelons que Nina, accusée de meurtre et d’incendie involontaire de biens mais déclenché par un acte délibéré, risque 30 ans de prison. Sa compagne et sa mère, accusées de non-assistance à personne en danger, risquent 5 ans de prison.

Verdict aujourd’hui, mercredi 4 décembre 2024, dans l’après-midi.

Le film évoqué hier dans le compte rendu de la première journée de ce procès a été Ma belle damede George Cukor, sorti en 1964.

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