Capesterre-Belle-Eau est la commune de Guadeloupe la plus touchée par l’érosion. “Quand il pleut, la terre s’effondre, et ça provoque des glissements de terrain, l’eau va avec la terre, et comme il y a des maisons, elles vont aussi”, explique Lucien YemCama. Aujourd’hui à la retraite, l’homme de 62 ans a vu son quartier se faire ronger par la mer. En 10 ans, il a déjà vu quatre maisons tomber dans le vide. Il a grandi dans le quartier voisin de Doyon à Capesterre-Belle-eau avec ses 13 frères et sœurs. Si sa maison tient toujours debout, face à la mer, celle de sa mère n’a pas résisté à l’érosion.
« Ma mère a 97 ans. Elle a été obligée d’abandonner sa maison parce qu’elle avait peur. Elle voulait se suicider parce que sa maison allait s’effondrer. »
Junot Mistoco a 78 ans. Il habite à Poirier depuis qu’il est petit et a repris la maison de son père, au bord de la falaise. Il n’a jamais quitté son quartier, mais risque d’y être contraint. Petit à petit, il voit le vide s’approcher de sa maison. Il a déjà perdu une partie de sa terrasse. Il dit avec colère :
« On a des visites de la municipalité mais c’est toujours les mêmes promesses : « On va te mettre là, on va te mettre ici… » Mais pour l’instant on attend. »
Sur la commune, 95 bâtiments sont touchés par l’érosion et 25 par les inondations. La municipalité a contacté quelques familles volontaires pour les reloger, mais les autres restent toujours sans solutions et vivre avec la peur de tomber dans le vide. Junot déclare :
« Je n’ai pas peur, j’attache mon lit et j’y reste. Je n’ai pas peur, mais c’est risqué. »
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