« La transhumance est une tradition qui nous tient à cœur et qu’il ne faut pas perdre » – .

« La transhumance est une tradition qui nous tient à cœur et qu’il ne faut pas perdre » – .
« La transhumance est une tradition qui nous tient à cœur et qu’il ne faut pas perdre » – .

A la ferme Ametzalde, nichée dans les collines verdoyantes du Pays Basque intérieur, près de Lasse, Fabien Hourtane et Sébastien Gorostiague perpétuent une tradition ancestrale : les estives. Chaque année, leurs moutons montent en transhumance vers les alpages d’altitude, un voyage nécessaire pour préserver la qualité des prairies et assurer la pérennité de leur troupeau. Mais chaque année, les défis sont nombreux et les adaptations indispensables.

« Cette année, nous avons dû envoyer nos brebis à l’estive fin mai au lieu de fin juin », explique Fabien, le front plissé par l’inquiétude. Les animaux avaient épuisé leurs réserves de lait bien plus tôt que d’habitude, conséquence directe du coût élevé de l’alimentation. « Le prix de la tonne de maïs a explosé. Si on continue à nourrir nos brebis avec, pour continuer à traire, cela devient financièrement intenable », explique le berger.

Les estives, ces pâturages d’altitude loués aux communes locales, offrent une solution temporaire. En laissant paître les moutons en montagne, les prairies en contrebas peuvent se régénérer, produisant le foin qui sera nécessaire pour l’hiver, tout en éliminant les parasites qui, privés de leurs hôtes, ne survivent pas.


Les deux bergers peuvent compter sur l’aide de trois chiens pour gérer le troupeau.

Nicolas Mollo

Une organisation précise

Envoyer les moutons à l’estive n’est pas une mince affaire. « Nous sommes rattachés au syndicat Baigorri, qui gère nos estives. Chaque année, nous payons environ 2 500 euros pour six mois, un prix calculé en fonction du nombre d’animaux », explique Sébastien. Avant la montée, il faut effectuer de rigoureuses formalités administratives, dont l’obtention d’un permis sanitaire. « Le vétérinaire vient faire des prises de sang pour s’assurer qu’il n’y a pas de maladies contagieuses. C’est un processus strict mais indispensable, que nous appelons prophylaxie. »

« Les estives sont un peu « Koh-Lanta » pour les moutons »

« Les estives, c’est un peu “Koh-Lanta” pour les moutons », plaisante Fabien. Les animaux domestiques doivent s’adapter à un environnement moins confortable que la bergerie. « On perd en moyenne 15 brebis par an, dont les deux tiers en été. Mais elles deviennent plus résistantes. » Pour minimiser les pertes, les bergers surveillent en permanence les troupeaux, utilisant aujourd’hui des colliers GPS pour suivre leurs déplacements, notamment en cas de brouillard.

Pour suivre le troupeau, plusieurs fois par jour, Fabien manie son Partner 4×4 avec une habileté née de l’expérience, gravissant les routes sinueuses jusqu’au cayolar familial en seulement dix minutes. La cabane de berger en pierre, entourée de 30 hectares d’estives, est équipée de machines à traire et d’un enclos. Les moutons, habituellement dispersés dans ces pâturages sauvages, redescendaient ce jour-là seuls à la bergerie à cause du temps orageux. « C’est rare pour un 21 juin, premier jour de l’été », commente le berger en observant la brume environnante.

Les creux de l’été

La reconnaissance de la transhumance au patrimoine mondial de l’UNESCO fin 2023 n’a pas encore changé le quotidien des bergers. Mais cela favorise leur travail et souligne l’importance des pâturages d’été pour maintenir des montagnes dégagées et éviter les zones enclavées. « Il n’y a plus assez de densité d’animaux pour garder les prairies propres, certains ont recours au brûlage, mais nous essayons de privilégier les solutions mécaniques, qui semblent plus viables sur le long terme », explique Sébastien.

Ici, l’estive commence à 500 mètres et monte jusqu’à 1 200 mètres, c’est ce qu’on appelle une estive basse. Leur ferme étant située en hauteur, les deux éleveurs peuvent boucler la transhumance en une heure seulement, un avantage que beaucoup de collègues de la vallée leur envient. « En général, plus on monte, meilleure est la qualité de l’herbe. En bas, il y a beaucoup de fougères et d’ajoncs. Nous y élevons 300 moutons, nous ne gardons que les tout jeunes dans la bergerie, que nous appelons agneaux », raconte Fabien.

« Nous montons fin mai et y laissons les moutons jusqu’à fin octobre. Cela dépend des années, quand il y a sécheresse l’été, on les redescend en septembre et quand l’hiver est doux, on peut les y laisser jusqu’en novembre », précise Sébastien. “Mais nous le faisons chaque année, c’est une tradition qui nous tient à cœur et qui ne doit pas être perdue.”

En 2024, malgré un début de saison pluvieux qui provoque une prolifération de bactéries, les deux bergers restent optimistes. « Il y a une bonne pousse d’herbe, il faut juste espérer que la qualité suive. Chaque année a ses défis, mais on s’adapte, c’est notre métier », conclut Fabien avec un sourire confiant.

 
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