pour Macron, « le match des cris des Français » tourne au vinaigre

pour Macron, « le match des cris des Français » tourne au vinaigre
pour Macron, « le match des cris des Français » tourne au vinaigre

« C’est très humain ce qu’on vit, c’est un moment de dispute. Mais est-ce une raison pour se séparer ? Non. » En début de semaine, devant une poignée de journalistes, c’est ainsi qu’Emmanuel Macron résumait la percée du RN aux élections européennes. C’est pour répondre à cela qu’il choisit de dissoudre l’Assemblée nationale. Pourtant, si le chef de l’État aime souligner que l’opinion publique approuve sa décision, cette « dispute française » tourne au vinaigre.

Dans la majorité, en effet, à une semaine du premier tour de ces élections législatives qu’il a provoquées, la parole est libérée à tous les niveaux. Du gouvernement aux députés. Ainsi, Florent Boudié, candidat à sa réélection en Gironde, n’a pas hésité à prendre ses distances avec Emmanuel Macron. Réélu en 2022 sous les couleurs de la Renaissance, cet ex-socialiste n’a pas apprécié que le chef de l’Etat accuse le Nouveau Front populaire d’avoir un programme « totalement immigrationniste ».


Florent Boudié est candidat à sa réélection dans la dixième circonscription de Gironde.

TV7

Alors qu’au soir des élections européennes, le RN arrive premier dans sa circonscription, il accepte une divergence majeure avec le Président : « On ne combat pas l’extrême droite en répétant ses termes », a-t-il expliqué samedi 22 juin. Dans l’idéologie de droite, ce terme signifie qu’une partie de la classe politique organise sciemment des flux migratoires pour déstabiliser la société et remettre en question son identité. Ce terme était dans la bouche de Jean-Marie Le Pen. Le reprendre, c’est le valider. C’est une erreur. » Ces propos sont d’autant plus forts qu’ils viennent de celui qui fut rapporteur du projet de loi sur l’immigration. Ils résonnent surtout avec les propos d’Édouard Philippe, qui viendra d’ailleurs le soutenir lundi à Libourne.

« Cela nous rend service »


L’ancien Premier ministre s’est dit “prêt” jeudi à “créer une nouvelle majorité parlementaire”.

LUDOVIC MARIN / AFP

“Nous avons toujours dit que nous étions loyaux et libres, aujourd’hui nous sommes responsables et libres”

Jeudi au micro de TF1, en effet, l’ancien Premier ministre a fait plus que s’éloigner d’Emmanuel Macron. Il décolle : « C’est le président de la République qui a tué la majorité présidentielle. Il l’a dissous. Ce n’est pas moi qui suis parti, ce ne sont pas les rebelles qui l’auraient contrarié. » Pour la majorité, le sens de cette sortie est clair : « Philippe a tourné la page Macron. » Chez Horizons, l’analyse est à peine plus nuancée : « On insiste sur cette phrase pour mettre de la distance entre Philippe et Macron, mais c’est le pouvoir qui a pris ses distances. Et pour être honnête, cela nous rend service. Il n’a échappé à personne qu’à Horizons, nous aurons un candidat en 2027.» Ce proche du maire du Havre ajoute : « Édouard disait aussi qu’il fallait construire une nouvelle majorité parlementaire. Nous y travaillons. Nous avons toujours dit que nous étions loyaux et libres, aujourd’hui nous sommes responsables et libres. »

Au rayon des tirs à distance, celui de Gérald Darmanin est tout aussi clair. Comme il l’a indiqué vendredi, quel que soit le résultat du 7 juillet, il démissionnera de l’Intérieur : « Le Président décidera de ce qu’il fera, mais je ne serai pas ministre un jour de plus. » Gabriel Attal s’émancipe également d’Emmanuel Macron : « Le 9 janvier, le président de la République m’a nommé. Le 30 juin, j’aimerais que les Français me choisissent. » Traduction : le cordon est coupé.

Les « cloportes »

La palme de la colère est revenue à Bruno Le Maire qui, jeudi au micro de TV5 Monde, a sorti le sulfate contre les conseillers du chef de l’Etat, accusés d’avoir construit le scénario de cette dissolution à haut risque : « Les étages de les ministères et palais de la République regorgent de cloportes, a estimé le ministre de l’Economie. Il y a toujours eu des cloportes, ça fait partie de la vie politique française… C’est très difficile de s’en débarrasser. Le mieux est de ne pas les écouter, de rester à sa place, que l’on soit Président de la République, Premier Ministre, Ministre, et de prendre ses décisions en connaissance de cause. »


Bruno Le Maire n’a pas épargné les conseillers du Président, qu’il qualifie de « cloportes ».

JULIEN DE ROSA/AFP

Malgré ces vives critiques, Emmanuel Macron a nié avoir pris cette décision « à la légère ». Un député de la majorité nous l’a assuré : l’idée était dans les tuyaux en mai, trois semaines avant le vote européen. L’un des célèbres conseillers du président a évoqué cette perspective avec lui. « C’était alors une option pour redonner la parole aux Français, explique cet élu, mais aussi pour devancer l’adversaire. » A l’Élysée, poursuit-il, cet autre élément flottait dans l’ambiance : « Mieux vaut Bardella en 2024 que Le Pen en 2027. » Le ressentiment exprimé au sein de la majorité vient de là, de ce choix « fait en quelques mains ». « C’est une décision in vitro, en éprouvette… », déplore-t-il.

Dans la majorité, où l’on garde les yeux rivés sur les sondages et cette troisième place qui ne décolle pas, c’est bien la prochaine journée qui a déjà commencé. « Le plus comique et le plus tragique à la fois, constate cet ex-député, c’est que c’est Macron qui a mis fin à son quinquennat et à sa propre influence. »

 
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