La Maison Drouin distille l’histoire du Calvados pendant la Seconde Guerre mondiale

La Maison Drouin distille l’histoire du Calvados pendant la Seconde Guerre mondiale
La Maison Drouin distille l’histoire du Calvados pendant la Seconde Guerre mondiale

Par

Marie-Madeleine Remoleur

Publié le

14 juin 2024 à 7h00

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Sonder le allées de la distillerie, Guillaume Drouin ne me lasse jamais de raconter l’histoire de famille et de partager avec le plus grand nombre cette passion dont il a hérité de son père et de son grand-pèrequi a commencé à distiller dans les années 1960. Une histoire qui continue de s’écrire entre Gonneville-sur-Honfleur et Pont-l’Évêque (Calvados).

En cette année de commémoration des 80 ans du Débarquement, cette passionnée de partage a souhaité raconter l’histoire du calvados pendant la Seconde Guerre mondiale, pour découvrir comment cet esprit historique de Normandie traversé cette période de l’Occupation, puis la Libération.

Pour cela, la Maison propose un exposition à travers une série de diapositives projetées, mais aussi deux visites durant l’été, dirigé par son père, Christian Drouin.

C’est un passionné d’histoire, il a écrit le premier livre sur le calvados dans les années 1980, il en a réédité une nouvelle édition en 2020. Il n’a jamais cessé de se documenter, il possède une incroyable bibliothèque sur le sujet. Nous nous sommes inspirés de tout son travail pour célébrer ce 80ème anniversaire du Débarquement.

Guillaume Drouin

Un alambic conçu à partir d’un canon

Sur la ferme, certains éléments, matériaux ou bâtiments sont directement liés à cette période. Comme l’alambic préféré de la distillerieappartenir à Pierre Pivet, distillateur ambulant avec qui son grand-père réalisait ses premières distillations. « Il allait de ferme en ferme pour distiller le cidre des fermiers », se souvient Guillaume. C’était un homme ingénieuxet comme il était difficile de trouver du matériel en 1946, il fit le cadre de l’alambic d’une pièce d’artillerie américaine « .

Transformer des canons en alambics est un beau message d’espoir.

Guillaume Drouin
L’alambic appartenant à Pierre Pivet, distillateur ambulant. ©Le Pays d’Auge / M.-M. Broyeur

Autre anecdote, celle d’une histoire qui aurait eu lieu dans la presse, un bâtiment construit au XVIIIe siècle pour presser les pommes. « On nous a dit qu’un parachutiste anglais dont l’avion avait été abattu au-dessus de la Normandie avait été caché dans le grenier à pommes du domaine », poursuit Guillaume.

Un esprit à protéger

Si la Maison Drouin conserve soigneusement une bouteille de calvados distillé en 1939, c’est un trésor très rare. « Quand les troupes d’occupation sont arrivées, les distillateurs avait caché les alambics et les stocks de calvados », raconte le propriétaire des lieux.

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En effet, à ce moment-là, l’occupant recherchait cuivre Pour fabriquer des armeset l’État français a réquisitionné tout l’alcool disponible pour la fabrication de munitions et de carburant. « On s’en servait aussi pour désinfecter les blessures des soldats et des civilsmais aussi consommé pour donne du courage aux soldats », ajoute Guillaume Drouin. Pour toutes ces raisons, certains fûts, fûts et alambics de calvados ont été enterré. « Chacun a commencé à cacher ce qu’il pouvait », raconte le guide en désignant un alambic acquis à Englesqueville-en-Auge qui avait été enterré pendant la guerre.

Cet alambic fut démonté en 1939 par son propriétaire, distillateur à Englesqueville-en-Auge, et caché sous des cosses de haricots dans un grenier. « Nos visiteurs pourront admirer cet alambic en cuivre martelé fabriqué à Villedieu-les-Poêles. » ©Le Pays d’Auge / M.-M. Broyeur

Pour protéger le Calvados, une autre voie fut également choisie lors de la Seconde Guerre mondiale. « Les seuls alcools qui ont échappé aux réquisitions de l’État étaient ceux qui étaient protégés par une appellation d’origine contrôlée, ce qui n’était pas encore le cas pour le calvados ». C’est pour cette raison que les Normands, en pleine guerre, se sont empressés de créer une première appellation en 1942 pour tenter de protéger ce qu’il leur restait de stock (lire l’encadré).

Un acte fondateur, garant de sa pérennité et de sa qualité. « Après, à l’époque, ce n’était pas utile à 100 %, parce qu’avec l’Occupation, les Allemands se sont servis d’eux-mêmes. Mais pour le calvados, c’était encore la première étape vers une reconnaissance officielle et un signe de qualité « .

Et quelques années plus tard, juste après la guerre, le marché du calvados se développe particulièrement en Allemagne. « A l’inverse, lorsque les Américains débarquèrent, tout le stock de vieux calvados avait disparu, et il ne restait plus qu’une eau-de-vie blanche à 70 proof qui n’avait pas vieilli en fût. Cela leur a laissé un souvenir moins inoubliable.

Création de l’appellation contrôlée

Dans son exposition, la Maison Drouin raconte en détail cette création de l’appellation d’origine contrôlée du Calvados du Pays d’Auge : « Lorsque la guerre éclata, le calvados, qui n’était pas protégé par une appellation d’origine contrôlée, devait être livré à la Maison des Alcools. Service réquisitionnant tous les alcools à l’exception des eaux-de-vie d’appellation contrôlée. L’Appellation Contrôlée implique de respecter un cahier des charges et de se soumettre à des contrôles, ce dont une majorité de distillateurs, traditionnellement frauduleux, ne souhaitaient pas. Ils se sont soudainement réveillés et se sont tournés vers l’INAO pour la protection de leurs stocks. Le ministre de l’Agriculture, Jacques Le Roy Ladurie, sera très coopératif. Une étude menée de février à septembre 1942 aboutit à deux décrets promulgués en 1942 qui accordent un statut au calvados et aux eaux-de-vie de cidre. Jamais une demande de reconnaissance en appellation d’origine ne sera traitée aussi rapidement. La zone protégée est immense et les contraintes sont légères. L’avenir montrera la nécessité de les renforcer. »

Exposition à découvrir jusqu’en octobre, visite et accès gratuits à l’exposition, du lundi au samedi de 9h à 12h et de 14h à 18h au Calvados Christian Drouin, 1895 route de Trouville, Pont-l’Évêque. Deux visites avec Christian Drouin : vendredi 14 juin et 2 août, à 14 h 30. Visite gratuite.

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