l’essentiel
Cela fait douze ans que Baptiste Lamare créait 180° à Prayssac. Dans un petit atelier familial, ce Lotois fabrique des supports d’escalade vendus dans le monde entier. Retour sur une success story.
Cette impasse rurale de Prayssac cache bien son jeu. Là, Baptiste Lamare conçoit et fabrique des volumes d’escalade vendus dans le monde entier.
Une entreprise née en 2012
180°, l’entreprise fondée par ce Lotois en 2012, fait partie des pionnières en la matière. On connaît les prises d’escalade, en résine colorée. Il existe également des volumes – ou supports – qui imitent le relief. Ils servent à attacher des prises ou à grimper. « Quand j’ai commencé, nous étions une quinzaine à réaliser des supports dans le monde. Maintenant, ils sont partout », s’exclame-t-il. Ce qui n’empêche pas son carnet de commandes d’être rempli jusqu’à la fin de l’année. Ces derniers mois, Baptiste Lamare a également remporté une grosse commande en Corée du Sud. Et début novembre, il travaille dur pour préparer le spectacle à Friedrichshafen, en Allemagne. Les 22 et 23 novembre, sur un stand partagé avec un confrère ariégeois, il exposera ses produits dont de nouveaux revêtements. Autant dire que la fin d’année 2024 s’annonce chargée pour cet artisan qui « se revendique du made in France ».
«J’ai grandi dans l’atelier»
Pourtant, Baptiste Lamare n’était pas destiné à l’artisanat. Ses études ? L’école hôtelière de Souillac. Pas de connexion « mais ça m’a aidé : j’aime les horaires de travail et j’aime le contact avec le client », souligne-t-il. Autodidacte, le jeune homme confie néanmoins avoir « grandi dans l’atelier ». Celui de son père qui était ébéniste. Et il découvre l’escalade à 14 ans. C’est aussi ainsi qu’il se lance dans la fabrication de supports. « Il manquait des formes, alors j’ai fait des stalactites, des formes basiques… » se souvient-il. Il en a parlé à un conseiller technique. Une visite chez un fabricant de douilles à Lyon ne l’a pas convaincu. « C’est un métier à part entière. Je préfère le bois, c’est ce qu’il y a dans la famille », dit-il.
Du Portugal à la Scandinavie, de la France au Japon
Il se lance alors dans l’atelier familial, avec le soutien de son père. Et assez vite, il se fait connaître. «Je n’ai jamais eu besoin de démarcher, souligne-t-il, c’est un petit milieu, tout le monde se connaît.» En 2016, elle était le partenaire exclusif de l’épreuve de bloc des championnats du monde de Bercy. Il rénove également les volumes de la salle fédérale de Fontainebleau. “C’est un sport qui est en plein essor”, dit-il, “et je le sens.” Et pas seulement en France : l’international représente un tiers de son activité, une proportion qu’elle souhaite augmenter. Ses distributeurs le soumettent à des appels d’offres en Suisse, en Espagne, en Scandinavie, au Portugal… et maintenant en Corée du Sud. Il a également vendu au Japon « certains produits présents sur le mur national d’entraînement en Chine ».
“On imagine des mouvements”
Si son activité fonctionne à pleine capacité, il met en avant les difficultés : les charges et les prix. Celui du bois a par exemple plus que doublé. A lui seul, Baptiste Lamare génère un chiffre d’affaires de 100 000 € mais au prix de combien d’heures ? Le trentenaire est attristé : il a à peine eu le temps de grimper, mais vient de repasser le permis. Car, pour concevoir les supports, « il faut être un connaisseur et un grimpeur. Vous imaginez des mouvements, des formes plus proches de la nature. Cela apporte quelque chose à l’escalade. C’est le cas des volumes à double texture, c’est-à-dire avec une partie granuleuse et une partie lisse. « J’aime réfléchir à l’endroit où mettre le grain. Il y a un côté graphique”, précise-t-il avant d’ajouter avec un petit sourire : “Et toujours cette envie d’embêter le grimpeur.”
Avoir plus d’espace
« Tout le monde me demande combien de temps il me faut pour une pièce : je ne sais pas », s’exclame Baptiste Lamare. Il estime qu’une trentaine de pièces lui demande, en moyenne, une semaine de travail. La fabrication d’un volume comporte de nombreuses étapes : découpe de la forme brute dans du contreplaqué avec une machine à commande numérique à trois axes, passage dans la défonceuse pour réaliser les angles, assemblage, perçage, peinture, vernissage. Travail absolument artisanal. Même les rondelles qu’il doit modifier.
Pour gagner du temps, il aimerait investir dans une machine à commande numérique à cinq axes, mais pour cela il lui faudrait convaincre les banques et disposer de plus d’espace. Cependant, l’expansion s’annonce compliquée. S’il cherchait autrefois de nouveaux locaux, Baptiste Lamare souhaitait néanmoins y rester, dans l’atelier où son père, décédé il y a trois ans, tenait la main.