« Le 21 septembre c’était le 11e anniversaire de son fils. Il fallait qu’on aille le voir. Son seul cadeau fut d’apprendre le décès de sa mère. » La gorge d’Aurélien se serre. Sa voix se brise. Ce n’est pas facile de parler du décès d’un partenaire. Encore moins quand on l’a vue mourir sous ses yeux.
Jeudi 19 septembre, au soir, Cécilia Hubert a été abattue. Son compagnon et l’homme qui a reconnu lui avoir tiré dessus – il a depuis été mis en examen pour meurtre – ont tenté de l’emmener à l’hôpital de Fontenay-le-Comte (Vendée). En vain. « Chaque nuit, je m’endors et je vois les images. Je vois le moment où il lui a tiré dessus. Je vois le trou dans son corps. »
“Les investigations ont permis de déterminer que, suite à une dispute dans le véhicule, le deuxième homme, le conducteur, s’est arrêté, a sorti une arme et l’a utilisée au détriment de la victime”, a expliqué la procureure de la République, Sarah Huet, dans un communiqué. Des faits qui s’étaient produits, une nouvelle fois, sur fond d’alcool.
Un couple aux parcours de vie difficiles
Mais Cécilia Hubert ne fait pas qu’un fait divers. Aurélien a donc accepté de témoigner pour lui rendre un dernier hommage. Le quadragénaire décrit une femme « lumineuxe » , « empathique » et “Ouiconcernant “ . « Elle a vu un gars mendier dans la rue, elle lui a donné 2€. Voilà qui était Cécilia. il résume.
Il a rencontré cette femme pour la première fois alors qu’elle avait 19 ans. Il avait 21 ans. « Nous nous sommes aimés tout de suite. J’ai emménagé avec elle pendant quatre mois. Nous vivions avec ses parents. Puis la vie nous a séparés. » Cécilia a rencontré le père de ses enfants. Aurélien, la mère de sa famille. Et leurs vies ont commencé à se dégrader.
« Le gars de Cécilia buvait. Il l’a frappé au visage. Elle emmenait les enfants à l’école avec des coquins. Ils ont fini par les lui enlever. » il murmure. De son côté, Aurélien a passé plusieurs années dans la rue. A chaque fois suite à une séparation. « Je dormais dehors près de la gare, avec mon chien. J’ai vécu deux années d’enfer. »
“C’est comme si on s’était réparé”
En 2024, la mère est séparée de son partenaire violent. Le quadragénaire a retrouvé une certaine stabilité auprès d’un nouveau partenaire. Quand la vie décide de les réunir à nouveau. «J’allais à une fête avec des amis. Je ne savais pas qu’elle était invitée. Quand nous nous sommes vus, nous nous sommes disputés. Nous sommes devenus rouges. C’était évident. »
Quelques jours plus tard, il reçoit un message de Cécilia Hubert : «C’était drôle de te revoir. » « Je pensais à elle tous les jours, mais je n’osais pas l’appeler. La peur d’un mec amoureux. J’ai décidé d’aller la voir le 15 juin et, depuis, je ne suis plus partie. Comme la première fois, il y a vingt ans. Jusqu’au jour où ce salaud est arrivé. »
Pendant quatre mois, Aurélien et Cécilia ont vécu le parfait amour. « Elle était moi, j’étais elle. Elle a dit quelque chose, j’ai fini sa phrase. On s’est regardé, on savait ce que l’autre pensait. C’était comme si deux parties qui n’en faisaient qu’une étaient cassées et que nous nous étions réparées. »
Aurélien compte se constituer partie civile au procès
Les deux quadragénaires avaient trouvé du travail et devaient s’installer à Coëx en octobre. « Elle espérait retrouver ses enfants bientôt, les éducateurs étaient vraiment optimistes. Nous avions tout pour être heureux. » La chute est d’autant plus dure pour le père de famille.
« Nous avons eu tellement de merdes dans nos vies. Je me suis dit qu’on le méritait, cet amour. » Détruit par la mort de sa compagne, Aurélien avoue avoir une envie de vengeance. « Je ne pouvais rien faire pour la protéger, ça me hante. »
Il a donc décidé de prendre un avocat et de se constituer partie civile en vue d’un procès qui aura lieu dans plusieurs mois. « Je ne veux pas que ça sorte après dix ans. Cela doit prendre quinze ou vingt ans. »
En attendant, il tente d’avancer, seul, sans psychologue, avec le souvenir de Cécilia comme moteur. « Nous étions très concentrés sur la spiritualité. Le soir, je lui parle. J’espère qu’elle m’entend. »