Loi d’orientation agricole : cette artisane de Seine-Maritime interpelle les députés

Loi d’orientation agricole : cette artisane de Seine-Maritime interpelle les députés
Loi d’orientation agricole : cette artisane de Seine-Maritime interpelle les députés

Par

Antoine Trefcon

Publié le

6 juin 2024 à 12h01

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« Il nous faut des fermes viables, habitables et surtout réutilisables ! » C’est ce pour quoi milite Julia Ouallet, artisane boulangère, à la tête de la micro-boulangerie « Du pain sur labranche » à Saumont-la-Poterie (Seine-Maritime). Une activité qu’elle a lancée suite à un reconversion.

Si aujourd’hui elle pétrit sa pâte pour confectionner des miches, des brioches et du pain de mie, afin de pouvoir subvenir à ses besoins, l’ambition de la boulangère est de devenir agriculteur et producteur. Mais après avoir acquis un Terrain de 4 hectareselle entre en collision Pour 3 ans la difficulté de trouver des terres supplémentaires pour pouvoir cultiver ses propres céréales afin de produire sa propre farine.

Une lettre pour interpeller les députés

Suite à la crise agricole qu’a connue le pays en début d’année, l’entrepreneur a placé de nombreux espoirs dans le projet de loi « d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations dans l’agriculture » qui a été voté et adopté. le 28 mai par l’Assemblée nationale.

Mais Julia Ouallet a vite déchanté.

On s’attendait à une loi structurante et on s’est retrouvé avec une loi de pansement, une loi de réaction.

Julia Ouallet, artisane boulangère et agricultrice

« Le problème, c’est qu’il n’y a qu’une loi agricole tous les 10 ans. Dans ce projet, il y avait vraiment une notion de renouvellement des générations d’agriculteurs et on rate complètement le coche», déplore-t-elle.

C’est ce constat qui l’a poussé à prendre son stylo et à envoyer une lettre, avec son collectif de surveillance des terres agricoles citoyennesaux 3 députés des circonscriptions du pays de Bray, Sébastien Jumel, Annie Vidal et Xavier Batut en amont du vote du 28 mai.

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« Vous êtes élu dans ma circonscription et vous me représenterez donc à l’Assemblée nationale. […] il est urgent de réorienter notre agriculture, notamment pour garantir l’accès à la terre à tous ceux qui feront notre agriculture de demain », écrit-elle.

Malheureusement, le projet de loi ne comporte aucune mesure digne de ce nom pour garantir la relève des milliers d’agriculteurs qui prendront leur retraite dans les 6 prochaines années.

Julia Ouallet

N’étant pas naïve, Julia Ouallet ne s’attendait pas à ce que sa lettre change le résultat du vote, mais son objectif était « de voir si les députés du pays de Bray se sentent concernés par la question et s’ils ont bien compris les enjeux de leur territoire ». car il faut rappeler qu’en les élisant, les électeurs mènent une démarche territoriale.»

Des fermes trop grandes ?

Voté par Annie Vidal et Xavier Batut, mais marqué par l’abstention de Sébastien Jumelcette loi prévoit néanmoins de nombreux objectifs afin deenrayer le déclin du nombre d’agriculteurs et favoriser l’installation de nouvelles en créant notamment le réseau « France services agriculture » et un « système de réalisation de diagnostics » des exploitations « en coordination avec les régions ». Des dispositions qui ne sont pas à la hauteur pour l’agriculteur.

Selon elle, les fermes ont continué à développer ces dernières années, empêchant toute reprise pour des raisons financières, malgré lesaugmentation progressive des fonds publics mis au service des agriculteurs pour l’acquisition d’un terrain agricole prévu par cette nouvelle loi.

Désolé, mais si une exploitation vaut un million d’euros, celui qui n’en a pas les moyens n’empruntera pas même s’il y a des garanties. Nos fermes ne peuvent plus être reprises, elles sont trop grandes !

Julia Ouallet

C’est pourquoi elle insiste dans sa lettre sur la nécessité d’une « réforme de la réglementation foncière avant la fin du quinquennat ». Seule solution selon elle pour pouvoir agrandir son exploitation de 4 hectares à Saumont-la-Poterie et mener à bien son projet.

Deux enjeux marquants au pays de Bray

Les problématiques foncières et de renouvellement des générations d’agriculteurs sont endémiques au Pays de Bray. Ils étaient également au cœur de la visite de Thibaut Guilluy, directeur général de France Travail, à l’agence de Forges-les-Eaux en février dernier. Sylvie Halleur, directrice de l’agence, nous informe que « plus de 56 % des agriculteurs de la région ont plus de 50 ans et 19 % plus de 60 ans ».
Si la loi prévoit de nombreuses actions autour de la formation aux métiers agricoles dans le but de créer des vocations afin d’atteindre l’objectif fixé par cette loi de doter le pays de 400 000 exploitations agricoles en 2035, si « rien n’est fait au niveau foncier », Comme le dénonce également le député socialiste Dominique Potier, considérant la régulation des terres agricoles comme l’un des angles morts du texte, cela ne résoudra en rien le problème de l’installation des jeunes acquéreurs selon Julia Ouallet.

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