un impératif oublié pour le Canada

un impératif oublié pour le Canada
un impératif oublié pour le Canada

Un texte de Younès Dadoun, diplômé de la maîtrise en études politiques appliquées de l’Université de Sherbrooke, spécialisée dans le domaine de l’intelligence économique

COURRIER DES LECTEURS. Nous sommes actuellement dans un contexte d’hypercompétition, où les États s’engagent dans une forme de conflit que les observateurs politiques et économiques qualifient de « guerre économique », qui s’est intensifiée et a pris de nouvelles formes au cours des dernières décennies. On peut citer par exemple la concurrence entre les Etats-Unis et la Chine, Boeing contre Airbus, et les tensions entre certains Etats et les GAFAM, considérés comme des géants économiques. Ces derniers sont capables de concurrencer les États, tout comme de les mettre en difficulté.

De plus, avec le phénomène de mondialisation, aucune entreprise ni aucun État ne peut prétendre ou présumer détenir un monopole, car celui-ci n’est pas viable à long terme. Une simple photo instantanée ne reflète pas cette dynamique globale, d’autant que le développement rapide du numérique et la présence des nouvelles technologies de l’information et de la communication ont marqué ces dernières années par l’accélération de leur rythme et leur généralisation. Compte tenu de l’ampleur des enjeux de cet affrontement économique, notamment en matière d’énergie et de ressources, aucun État ni aucune entreprise, même de dimension mondiale, n’a les moyens d’agir seul. En conséquence, les entreprises et les États cherchent à comprendre cet environnement complexe et incertain, à éviter les erreurs du passé et à s’adapter à leur réalité, c’est-à-dire un monde à l’interdépendance généralisée et à l’hypercompétition commerciale, industrielle et technologique.

Dans ce contexte d’intense rivalité économique, le Canada n’est pas à l’abri. C’est un pays moderne et industrialisé doté de ressources abondantes, ce qui fait du commerce international une partie importante de son économie. De plus, certains États cherchent à atteindre leurs objectifs stratégiques politiques, économiques et militaires par des investissements et des transactions commerciales au Canada.

Selon le rapport public de 2022 du Service canadien du renseignement de sécurité, il est indiqué que le Canada continue d’être la cible d’activités d’États hostiles comme la République populaire de Chine et la Russie. Ces États hostiles se livrent à l’espionnage pour recueillir des informations politiques, militaires et économiques sur le Canada et pour atteindre leurs objectifs stratégiques. Ils tentent de s’approprier ou de contrôler les technologies et les infrastructures essentielles sensibles pour renforcer les moyens dont disposent leurs forces militaires et leurs services de renseignement, mais aussi pour ralentir la croissance économique du Canada. Ainsi, à long terme, de telles activités représentent une menace pour la sécurité nationale et la prospérité économique du Canada.

Dans de telles circonstances, la pratique du concept d’intelligence économique (IE) a connu un essor considérable pour de nombreuses entités confrontées à une situation de concurrence économique, qu’il s’agisse d’une entreprise, d’un territoire ou d’un État. Ainsi, le concept d’IE devient, pour l’État, une politique publique de premier ordre et, pour les entreprises, une activité plus importante que le marketing ou la recherche et développement.

Le concept d’IE est pratiqué dans plusieurs pays comme l’Allemagne, la Chine, la France, le Japon, la Russie, la Suède et les États-Unis. Ces pays ont su tirer parti de cette pratique au niveau de leurs entreprises et de leur économie.

Mais qu’entendons-nous par le concept d’IE ?

Pour donner une vue d’ensemble aux lecteurs, l’IE pourrait être définie comme une fonction stratégique dont la finalité est le contrôle de l’information dans un objectif de compétitivité et de sécurité de l’économie et des entreprises. Le tout se fait dans le cadre d’une politique publique de compétitivité internationale, émanant de l’État, qui assure le développement industriel tout en préservant les intérêts stratégiques nationaux.

Pour y parvenir, l’entreprise ou l’État s’appuie sur un ensemble d’actions juridiques et éthiques sous la forme de trois piliers, qui sont les suivants :

• Le premier pilier est le veille stratégique, qui est un processus informationnel par lequel une organisation écoute son environnement interne et externe pour établir des décisions et des actions menant à la poursuite de ses objectifs. Cependant, ce premier pilier est souvent confondu avec le concept d’assurance-emploi. Le suivi stratégique est une composante de l’IE, car il est considéré dans une approche de l’IE comme un premier maillon qui alimente la réflexion pour l’action. Par ailleurs, la veille se décompose en un ensemble coordonné de veilles thématiques, à savoir : technologique, de marché, sectorielle, concurrentielle, stratégique et territoriale.

• Concernant le deuxième pilier, c’est celui de sécurité Economique, a considéré l’aspect défensif du concept d’assurance-emploi. Elle consiste à intégrer des actions préventives pour assurer la sécurité physique et informatique ainsi que celle des actifs corporels et incorporels, touchant aussi bien les entreprises que les institutions publiques.

• Enfin, le concept d’IE intègre un troisième et dernier pilier, celui de l’influence, qui tente de changer, au profit de l’entreprise ou de l’État, les règles du jeu, permettant ainsi de mieux se positionner sur le marché, de bénéficier d’une meilleure image ou de bénéficier de standards favorables. En fait, cela peut inclure le lobbying, la publicité et les communications institutionnelles.

Figure 1.1.a – Concept de l’IE et ses trois piliers

De ce fait, l’IE est à la fois un mode de gouvernance, une politique publique et enfin un domaine de recherche. Mise en œuvre par une organisation, l’IE est une approche managériale, ainsi qu’une méthode d’aide à la décision et de définition de stratégies d’accompagnement des entreprises. Lorsqu’elle est définie et gérée par l’État, elle devient une politique publique qui contribue à la compétitivité des entreprises, des territoires et de l’économie nationale.

Finalement, qu’en est-il du Canada ? Ce pays, souvent perçu comme paisible et stable, adopte-t-il le concept de l’IE ? A-t-il des politiques publiques en matière d’assurance-emploi ou ses entreprises et organismes gouvernementaux sont-ils à la traîne dans cette concurrence mondiale féroce ? Les réponses à ces questions pourraient bien surprendre et redéfinir notre compréhension de la position économique du Canada sur la scène internationale. Restez à l’écoute pour découvrir comment le Canada se positionne sur la scène mondiale.

 
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