16 familles sans papiers de Haute-Garonne ont reçu un « baptême civil » aussi appelé « parrainage républicain »

Ils sont d’origine pakistanaise, kurde, algérienne et albanaise. 16 familles de Haute-Garonne ont reçu un baptême civil, aussi appelé parrainage républicain. Qu’est-ce qu’ils ont en commun? Tous sont sans papiers. Trois cérémonies ont eu lieu les 23, 25 et 26 mai 2024 à l’initiative du Réseau Éducation Sans Frontière (*LDH, CIMADE, FCPE, FSU, Solidaires, CDG Education). Le geste est symbolique et ne nécessite aucune obligation légale. Cela permet cependant de souligner l’intégration de ces familles et de leur apporter une protection supplémentaire. Ce fut notamment le cas des parrainages d’élus de la République (élus municipaux et députés), ce samedi 25 mai 2024 à la mairie de Ramonville.

“Quand vous êtes arrivé ici, sur le fronton de la mairie, c’était écrit liberté, égalité, fraternité. Le triptyque de notre majorité est : humain, ouvert et responsable » explique Christophe Lubac, maire de Ramonville-Saint-Agne où se déroule la cérémonie. « Ces femmes, ces hommes, ces enfants que nous parrainons aujourd’hui cherchent simplement à vivre dignement, à s’intégrer dans notre société, à contribuer aussi à la quête des richesses de notre pays et de notre République » poursuit l’édile. .

Huit familles s’apprêtent à recevoir ce baptême républicain, dont la famille Kaddour Mokhtari arrivée d’Algérie en 2022. Le rite laïc n’implique aucune obligation légale, il est destiné aux mineurs et leur permet d’entrer dans la communauté républicaine.

Le père de Ritadj-Karima, Inès et Ahmed est ingénieur dans le secteur pétrolier de formation. Sur les trois enfants du couple, deux sont handicapés, et c’est entre autres pour leur offrir un avenir que Samir et Kheira, les parents, ont choisi de quitter leur pays.

Après avoir signé les registres, Pablo Arce, adjoint au maire de Ramonville accroche une cocarde tricolore à chaque membre de la famille. Ce n’est pas son premier parrainage républicain, mais celui-ci a une résonance particulière. « J’ai parcouru ce chemin. Je connais très bien ce voyage. Je l’ai vécu sur ma propre chaise et je me suis toujours juré de ne jamais l’oublier. » explique Pablo Arce, qui, bien avant d’être élu, était lui-même sans papiers, après avoir fui la dictature du Guatemala dans les années 1980.

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Pour le père de famille, Samir, ce moment est aussi plein d’émotions, avec un rêve en tête : « Voir le drapeau français accroché comme ça à mes enfants, c’est beau ! C’est comme s’ils avaient la nationalité française, si je vivais bien, comme tout le monde, c’est ce que je ressentais.» Ce geste, même symbolique, est en fait un petit pas vers une éventuelle régularisation.

Le geste est symbolique, mais pas seulement.“Un sponsor à l’écharpe tricolore, ce n’est pas rien, c’est aussi quelqu’un qui peut être particulièrement efficace, c’est-à-dire interpeller le préfet, suivre les dossiers de manière visible”, explique Jean-François Mignard, de la Ligue des droits de l’Homme, qui rappelle que les sans-papiers sont contraints de vivre dans la clandestinité. Un rôle que compte jouer la marraine du Kaddour Mokhtari Sylvia Rennes, élue de la commune d’Auzeville-Tolosane où réside la famille. Cet engagement est un « devoir » pour l’élu municipal, et c’est aussi un acte politique : “Quand on est élu, c’est un devoir de s’exprimer haut et fort, d’être entendu, de ne pas laisser de place à l’extrémisme.”

Les premiers baptêmes civils destinés aux familles sans-papiers en Haute-Garonne ont eu lieu en 2006, depuis plus d’une centaine de familles en ont bénéficié, dont 16 cette année.