ENTRETIEN. Crise agricole, avenir… Le patron de la première coopérative laitière de France s’exprime

ENTRETIEN. Crise agricole, avenir… Le patron de la première coopérative laitière de France s’exprime
ENTRETIEN. Crise agricole, avenir… Le patron de la première coopérative laitière de France s’exprime

Depuis dix ans, Damien Lacombe est le président de Sodiaal. Avec plus de 15 000 éleveurs et plus de 8 500 exploitations réparties dans 72 départements, elle est aujourd’hui la première coopérative laitière de France, et la troisième d’Europe. Avec des marques comme Candia, Yoplait ou Entremont.

Avant de passer la main à la tête de Sodiaal le 19 juin, Damien Lacombe s’est entretenu avec Ouest de la France.

Quel est votre état d’esprit au moment de quitter la présidence de la coopérative Sodiaal ?

J’ai le sentiment d’un travail accompli, grâce à notre collectif. Nous avons vécu des périodes complexes : la fin des quotas laitiers, les problèmes sanitaires autour du lait infantile avec des revendications qui ont été soulevées partout et pour lesquelles il a fallu investir massivement, les conséquences de la crise du Covid et de la guerre en Ukraine. Mais après dix années extrêmement difficiles pour les producteurs, avec une déflation permanente, on libère enfin de la valeur qui revient aux exploitations.

Qu’est-ce qui a rendu ce changement possible ?

Les états généraux de l’alimentation et la loi Egalim de 2018 nous ont permis de placer le curseur au bon endroit, il faut le reconnaître. Et ce, grâce à un travail engagé en matière de coopération laitière dans le cadre du plan sectoriel. Auparavant, les secteurs agricoles et les éleveurs payaient cash pour d’énormes tactiques de pression en matière de distribution. Le nouvel équilibre établi dans les relations commerciales a permis un juste retour aux choses, à quelque chose de plus raisonnable.

Le rapport de force est clairement en faveur de la distribution massive.

—Damien Lacombe

Comment se déroulent aujourd’hui les relations avec la grande distribution ?

Nous restons très vigilants, car il y a une forte pression des distributeurs sur les pouvoirs publics. Les relations sont toujours complexes. Il est quand même surprenant de voir la concentration qui existe aujourd’hui dans la distribution, qu’elle soit autorisée si facilement par l’autorité de la concurrence. En France, il n’y a que quatre acteurs qui s’approvisionnent auprès de milliers de fournisseurs. Le rapport de force est clairement en leur faveur. Les distributeurs ne doivent pas remettre en cause ce qui a été acquis au fil des années, c’est d’une importance capitale pour nos éleveurs.

Dans ces relations avec la grande distribution, Emmanuel Macron a évoqué la mise en place de prix planchers. Qu’en penses-tu ?

Nous disposons déjà, dans la loi Egalim, d’indicateurs de prix sur lesquels nous basons nos négociations commerciales. On craint que les prix planchers ne finissent par se transformer en prix plafonds. Si c’est un sujet européen, pourquoi pas. Mais ça ne peut pas être franco-français.

Lire aussi : Prix ​​planchers des produits agricoles : que peut-on attendre de l’annonce d’Emmanuel Macron ?

Aujourd’hui, Sodiaal rémunère ses producteurs à un niveau que vous qualifiez d’historique. Mais les éleveurs reprochent depuis des années à la coopérative des prix trop bas. Comment avez-vous vécu ces critiques ?

Je les ai parfois vécus avec un sentiment d’injustice. Parce que je connaissais le travail qui s’accomplissait au sein de la coopérative, je…

 
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