Au Niger, la France chassée des mines d’uranium

Au Niger, la France chassée des mines d’uranium
Au Niger, la France chassée des mines d’uranium

EEn rupture avec la France depuis sa prise de pouvoir par la force le 26 juillet 2023, la junte militaire du Niger vient de décider de retirer au groupe français Orano son permis d’exploitation de l’uranium de la mine d’Imouraren. Situé à l’ouest du massif de l’Aïr, au nord du Niger, il est considéré comme l’un des plus grands gisements au monde, avec 200 000 tonnes de réserves. Cette décision intervient dans un contexte complexe de tensions entre Paris et Niamey, alors que le Niger fournit 15 % de l’uranium nucléaire français. Mais la nouvelle de ce retrait ne doit pas peser sur la souveraineté énergétique et industrielle de la France.

“Orano prend acte de la décision des autorités nigériennes de retirer à sa filiale Imouraren SA son permis d’exploitation du gisement, malgré la reprise des activités sur le site conformément aux attentes qu’elles avaient exprimées”, a répondu la société française dans un communiqué. libérer. Elle détient une participation majoritaire dans la mine d’Imouraren, la société nigérienne Sopamin SA contrôlant les 33,35 % restants.

L’ultimatum du conseil d’administration

La multinationale française avait pourtant annoncé avoir engagé des travaux pour relancer l’exploitation prochaine du site, selon plusieurs sources. La décision de jeudi de la junte nigérienne intervient « malgré la reprise des activités sur place, conforme aux attentes qu’elle avait exprimées », a indiqué l’entreprise dans un communiqué. ” Les conditions actuelles du marché, avec une hausse favorable du prix de l’uranium, permettent d’envisager à nouveau la mise en service d’Imouraren”, a-t-elle indiqué jeudi soir. Le site a rouvert ses portes au début du mois, ajoute-t-il.

Le 11 juin, Niamey a fait part au groupe de sa volonté de retirer son permis s’il ne commençait pas ses opérations avant le 19 juin. Orano continue d’exploiter une seule grande mine d’uranium au Niger, à Arlit, mais son projet de développement du gisement d’Imouraren « ne ne répond pas aux attentes des autorités », a prévenu le ministère nigérien des Mines. “La deuxième et dernière notification prendra fin le 19 juin, date après laquelle la licence d’exploitation de l’entreprise sera révoquée”, indique la lettre. Il faut savoir que ce site minier a été mis entre parenthèses suite à la catastrophe de Fukushima en 2011, dans un contexte de baisse des prix mondiaux de l’uranium, et qu’il devait reprendre en 2015.

Orano exploite actuellement Somaïr, une mine à ciel ouvert située au nord de la région d’Arlit, après la fermeture de Cominak en 2021. Les activités minières de Somaïr ont repris en février après un arrêt de production de plusieurs mois suite au coup d’État. ‘État.

La Russie en embuscade ?

Le Niger, pays enclavé de 26 millions d’habitants, est le septième fournisseur mondial d’uranium, utilisé pour la production d’armes et d’énergie nucléaire. En 2022, le pays a fourni plus d’un quart de l’uranium utilisé dans l’Union européenne, selon l’Agence pour l’énergie nucléaire du bloc, ce qui en fait sa deuxième source d’uranium, après le Kazakhstan. Avant le coup d’État militaire de l’année dernière, le Niger était le principal partenaire économique et sécuritaire de l’Occident au Sahel, une vaste région devenue un foyer d’extrémisme violent. Mais la junte militaire qui a pris le pouvoir en s’engageant à rompre les liens avec l’Occident s’est engagée à revoir les concessions minières du pays et a ordonné le retrait des troupes françaises et plus récemment américaines.

Ressource naturelle essentielle au fonctionnement des centrales nucléaires françaises, l’uranium extrait au Niger est exploité depuis plus de quatre décennies par le groupe français du cycle du combustible nucléaire Orano (ex-Areva). Il constitue le principal produit d’exportation du Niger. Mais le pays est confronté à un dilemme similaire à celui de nombreux producteurs de matières premières riches en ressources mais économiquement pauvres. Elle ne dispose pas d’industrie nationale et doit s’appuyer sur des capitaux étrangers pour exploiter ces matières premières tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

Orano, présent au Niger depuis plus de 50 ans, a déclaré avoir toujours suivi « une approche responsable de partenariat et de transparence, agissant en concertation continue avec l’État du Niger et les acteurs locaux ». L’entreprise s’est déclarée « disposée à maintenir ouverts tous les canaux de communication » avec la junte nigérienne, mais elle se réserve le droit de contester la décision de retrait du permis devant une juridiction nationale ou internationale.

Au-delà de la réaction française, la décision de la junte intervient aussi au moment où la Russie cherche à prendre le contrôle de certains actifs miniers dans ce pays du Sahel.

 
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