La soprano belge Jodie Devos est décédée

La soprano belge Jodie Devos est décédée
La soprano belge Jodie Devos est décédée


Un voyage riche

Née à Libramont le 10 octobre 1988, Jodie Devos a grandi dans le petit village de Lahérie (Neufchâteau), où son père est éleveur de canards et producteur de foie gras. Dès son plus jeune âge, elle se passionne pour la musique mais aussi la danse. « Mes parents ont toujours voulu que j’aie un parcours artistique varié, confie-t-elle à Soirée en 2019. « J’ai pris des cours de théâtre avec un vrai comédien. La scène est donc aujourd’hui un lieu où je me sens à l’aise. Et j’ai commencé à danser à 6 ans. L’école de danse m’a donné la souplesse du mouvement et m’a réappris à maintenir la respiration : c’est quelque chose sur lequel je continue de travailler en tant que chanteuse. »

En 1999, elle entame une formation musicale et étudie le piano puis, quatre ans plus tard, découvre le chant classique auprès de Françoise Viatour au Conservatoire de Ciney. Une révélation. Elle étudie ensuite à l’Institut de Musique et de Pédagogie de Namur auprès de Benoît Giaux et Élise Gäbele – où elle reçoit « une solide formation qui a forgé les bases de (son) chant » – puis obtient en 2013 une maîtrise d’Art à l’Académie Royale. of Music à Londres, dans la classe de Lillian Watson. La même année, elle se fait remarquer dans une production de La mélodie du bonheur (direction musicale Patrick Leterme, direction Xavier Elsen) à Charleroi.

Mais la véritable révélation arrive en 2014, année où elle fait une entrée fracassante sur la scène internationale en remportant le 2e et le prix du public lors du Concours Reine Elisabeth. Enflammer la salle et toucher le public jusqu’au cœur, comme elle savait si bien le faire. Un événement qui, a-t-elle reconnu, « l’a beaucoup aidée au début. Les médias vous offrent une visibilité inimaginable. Et très vite, j’ai pu trouver de très bons agents. »

Une ascension fulgurante

Pour Jodie Devos, travailleuse acharnée mais aussi et surtout artiste douée, les choses sont ensuite allées très vite. Toujours en 2014, elle rejoint l’Académie de l’Opéra-comique à Paris où elle participe à des représentations du Chauve souris et Mousquetaires au couvent. «C’est une expérience extraordinaire», avait-elle déclaré à l’époque. Soirée. « On y travaille beaucoup mais on rencontre des gens extraordinaires. Nous travaillons avec des coachs et des professeurs de haut niveau. Véritables spécialistes d’un genre méconnu : l’opéra-comique français. L’opérette qui recèle de véritables trésors au-delà des œuvres d’Offenbach. Je découvre chaque jour de véritables pépites. »

Mais l’opérette ne sera pas son seul répertoire. Loin de là puisqu’on le retrouvera dans le grand répertoire classique, dans le répertoire contemporain (notamment On purge bébé ! en 2022, le dernier opéra de Philippe Boesmans) mais aussi hors des sentiers battus avec des concerts de jazz. Son objectif : « Faire aimer la musique à ceux qui ne la connaissent pas. »

Son parcours fulgurant la mènera aux plus hauts niveaux de l’opéra alors qu’elle parcourt le monde (Allemagne, Hollande, Inde, Canada, Pologne, Brésil…) avec des concerts et des récitals. Elle a notamment chanté Mozart sous la direction de Leonardo Garciá Alarcón lors des débuts de l’ensemble Millenium. On la retrouvera à l’Opéra de Wallonie dans Rosine du Barbier de SévilleEurydice d’ORéphée en enferSuzanne Les Noces de Figaro et la comtesse Adèle de Comte Ory. Travaillera avec des chefs tels que Christian Arming, Paolo Arrivabeni, Laurence Equilbey, Christophe Rousset, Mikko Franck, Emmanuelle Haïm, Louis Langrée, Marc Minkowski, François-Xavier Roth, Guy van Waas… dans des productions de David Bobbée, Romeo Castellucci, Paul- Émile Fourny, Denis Podalydès, Claire Servais et Robert Wilson.



Elle se spécialisera également dans les opéras français du XIXe siècle.e siècle où nous le trouvons dans Le timbre d’argent par Saint-Saëns, La nonne sanglante de Gounod, Lakmé de Delibes. La Reine de la Nuit, Flûte enchantéedevient l’un de ses rôles favoris : elle le chante dans la production de David Lescot à Dijon, Limoges, Caen et à la Philharmonie de Paris, à la Monnaie mais aussi à l’Opéra-Bastille dans la production de Robert Carsen.

Des racines belges toujours présentes

Pourtant, malgré cet irrésistible succès international, où elle a trouvé un véritable épanouissement et qui a fait d’elle l’une des chanteuses les plus populaires de sa génération, Jodie Devos, qui vivait à Paris, n’a jamais oublié ses racines. Belges. Elle revient régulièrement à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, et est programmée cet été aux Festivals de Wallonie et de Gaume Jazz. “L’ORW est le théâtre où j’ai joué mes meilleurs rôles”, nous confiait-elle en 2021. “J’ai eu la chance d’avoir la confiance de M. Mazzonis (le directeur de l’ORW, disparu subitement en février 2021, NDLR) , qui m’a fait confiance en 2015 et qui m’a programmé jusqu’en 2023. Revenir chaque année, pour des rôles importants, pour de très belles productions, crée un lien très fort avec un théâtre. C’est un événement que je ne veux absolument pas manquer et j’espère qu’il continuera encore longtemps ! Le public liégeois est très chaleureux et c’est l’occasion pour ma famille et mes amis de venir m’écouter, même s’ils n’ont pas toujours l’occasion de me suivre à travers la France. Je dis souvent qu’être ici, c’est un peu comme être à la maison (sourire). »

Elle s’épanouit également sur les disques (avec Alpha), défendant avec panache le registre soprano colorature dans un disque d’Offenbach (Coloration d’Offenbachunanimement acclamé), explorant la mélodie anglaise (Et l’amour a dit…) ou le répertoire opéra-comique français du XIXèmee Dans Bijoux perdus, son dernier disque solo qui retrace le parcours d’une jeune Liégeoise partie pour Paris dans les années 1850 et qui y fit une incroyable carrière. Comme celui de Jodie Devos elle-même…

« Le disque est vraiment l’endroit où j’ai carte blanche », nous confiait-elle en 2021. « Je ne veux pas faire un énième disque de Mozart. Je pense que cela a déjà été fait à merveille par d’autres. J’ai un réel intérêt pour l’enregistrement des raretés. J’approfondis encore davantage ce répertoire car il y a tout à découvrir. Ensuite j’ai cette curiosité d’aller chercher des partitions, de chercher… Et de découvrir dans les bibliothèques des partitions qui n’ont pas été jouées depuis des décennies, voire des siècles. »

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Un travail de recherche qu’elle a redécouvert pendant la pandémie, une période complexe qui lui offre une certaine perspective. « Cette période m’a fait voir les choses différemment, m’a poussé à me poser et à réaliser que ne pas travailler 10 voire 12 mois non-stop par an, c’est assez agréable aussi. Cela m’a donné envie de repenser mes projets, de prendre plus de temps. En fait, je me suis rendu compte que depuis six ans (soit depuis 2014 et sa deuxième place au Concours Reine Elisabeth, NDLR), je ne m’étais pas arrêté une seule seconde et que je commençais à être un peu dépassée. La pause covid a été bénéfique à cet égard pour moi. Cela m’a permis de faire une pause et de me dire que cinq productions sur l’année, c’est déjà très bien ! J’avais presque sept ans l’année dernière… Je vais aussi essayer de faire moins de rôles dans une saison. Pour le moment, chaque saison, je n’ai que des rôles pris. C’est épuisant et ça demande beaucoup de travail. J’aimerais pouvoir à nouveau chanter quelques rôles et avoir deux ou trois rôles par an. »

 
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