Des condos pour remplacer « un patrimoine industriel incontournable »

Le projet mené par Patrick et Yves Garrant a été présenté mardi lors de la réunion du Comité de démolition de la Ville de Lévis. Une trentaine d’opposants à la démolition étaient également sur place pour exiger la préservation de l’édifice.

Les demandeurs souhaitent construire un projet de six condos sur les ruines de l’usine Scies Mercier.

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Le projet de remplacement comprend six logements locatifs de différentes tailles. (Yves Garrant)

C’est la troisième fois que les propriétaires de Scies Merciers demandent à Lévis l’autorisation de raser le 220, rue Napoléon-Mercier. Le bâtiment est vacant depuis plus d’une décennie, depuis que l’entreprise qui fabrique des scies a déménagé ses opérations à Lauzon.

En 2010, puis à nouveau en 2020, les propriétaires ont demandé l’autorisation de détruire le complexe industriel du XXe siècle, sans succès. Leur dernière demande a été rejetée in extremis lors d’un appel, alors que des citoyens s’opposaient à un projet de copropriété qui porterait atteinte aux « percées visuelles » du quartier vers le Québec.

Le bâtiment visé par la demande de démolition n’est pas protégé par la loi sur le patrimoine culturel. Mais il a une « valeur patrimoniale supérieure », selon la Ville de Lévis. Il apparaît cependant dans l’Inventaire des sites et bâtiments essentiels du patrimoine industriel québécois préparé par le ministère de la Culture du Québec.

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L’usine Scies Mercier est située au bas de la Côte du Passage, juste avant la Côte des Bûches qui permet de rejoindre le passage à niveau. (Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

L’usine Scies Mercier a été construite au tournant du XXe siècle par Napoléon Mercier, fondateur de la Manufacture de Scies de Lévis et futur maire de Lévis.

Selon le comité à l’origine du Programme spécial d’urbanisme (PPU) du Vieux-Lévis, l’usine qui fait l’objet d’une demande de démolition est « l’un des derniers témoins de l’activité industrielle de Lévis au 19e siècle ».

En 2020, la Ville de Lévis a procédé à une numérisation complète de l’intérieur de l’usine patrimoniale. Il est possible de le « visiter » ici.

Un projet municipal demandé

L’architecte primée Anne Carrier faisait partie du comité mandaté en 2018 par l’administration Lehouillier. Au-delà du projet de remplacement, qu’elle préfère ne pas commenter, elle s’oppose à la démolition de l’usine Scies Mercier, tout court.

Comme la majorité des intervenants qui se sont exprimés lors des audiences du Comité de démolition, elle souhaite que Lévis sauve le bâtiment pour lui donner une utilité publique.

«La Ville doit se positionner et investir pour trouver un projet structurant», plaide Mme Carrier, qui habite le Vieux-Lévis. « Je comprends le candidat, il n’a pas à développer un projet de société. Mais il est impensable de démolir ce bâtiment.»

En plus d’être d’un grand intérêt patrimonial, l’usine Scies Mercier est située sur un site « hautement stratégique ».

Elle est au pied de la Côte du Passage et au sommet de la Côte des Bûches, qui donne accès à la traversée de Lévis. «Nous sommes à mi-chemin entre le quai Paquet et la terrasse de Lévis, au milieu d’un parcours touristique», note Anne Carrier.

“Même si nous n’avons pas de plan, nous devons faire une pause et réfléchir, mais sérieusement.”

— Anne Carrier, architecte et citoyenne opposée à la démolition

Elle rappelle que lors de la dernière demande de démolition, en 2020, le maire Gilles Lehouillier avait laissé entendre que Lévis pourrait acheter le terrain. Depuis, il n’a pas répété l’idée.

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L’édifice Scies Mercier est vacant depuis le déménagement de l’entreprise à Lauzon. (Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

Comme une vingtaine de citoyens, la Fédération histoire du Québec et le Groupe d’initiatives et de recherche appliquée en environnement (GIRAM) s’opposent à la demande de démolition.

>>>Celui de l'usine>>>

La « section E » de l’usine s’est effondrée, puis démolie en 2017. (Présentation au Comité de démolition de la Ville de Lévis)

Dans ses mémoires, ce dernier accuse les propriétaires d’avoir quitté l’usine “dans un état de décrépitude comme semble le faire le propriétaire actuel, notamment au niveau des ouvertures qui ont des vitres brisées qui n’ont pas été remplacées”.

Il propose que le lieu soit rénové, puis dédié à l’interprétation des cours à bois et des industries connexes, puisque « Lévis ne dispose pas encore de centre d’interprétation de cette activité passée qui a marqué la vie sociale et économique de la communauté ».

Des condos faute de projet

En entretien à SoleilYves Garrant, coprésident de l’entreprise qu’est devenue Scies Mercier, explique qu’il est plus que temps que Lévis autorise la démolition de l’usine désaffectée.

Il affirme avoir fait ses devoirs depuis le refus de la dernière demande de démolition, en 2020. L’administration Lehouillier avait finalement renoncé à un projet trop gros qui gênait les « percées visuelles » dans le quartier. « Le bâtiment sera plus bas, et cette fois, il ne nécessite aucun écart par rapport aux normes du quartier », note M. Garrant.

>>>La nouvelle version du projet de remplacement devrait mieux s'intégrer au quartier et ne nuira pas aux vues visuelles, assure Yves Garrant.>>>

La nouvelle version du projet de remplacement devrait mieux s’intégrer au quartier et ne nuira pas aux vues visuelles, assure Yves Garrant.

De nombreux détails du projet de location présenté mardi restent à finaliser, notamment son prix et son mode de fonctionnement.

Mais le projet de remplacement présenté est avant tout un prétexte, reconnaît le requérant. L’entreprise souhaite principalement démolir l’ancienne usine pour vendre le terrain.

« De cette façon, nous pouvons dire aux acheteurs potentiels qu’il existe déjà un projet accepté », résume le propriétaire.

Yves Garrant nie ne pas avoir tenté de préserver la vocation de l’usine où son entreprise fabriquait des scies depuis des générations. Même s’il était à vendre depuis des années, le site n’a jamais trouvé preneur, constate-t-il.

La Ville de Lévis a également lancé un appel de projets en 2010, sans retenir de proposition répondant à ses critères.

«On n’attend que ça, un projet intéressant, financé et accompagné», assure M. Garant. Mais alors que personne ne propose de l’utiliser à d’autres fins, le bâtiment se détériore.»

« Si on nous avait proposé un projet crédible au cours des 14 dernières années, nous aurions dit oui. »

— Yves Garrant, co-président de Scies Mercier et Garant Machinerie

Le propriétaire est également préoccupé par l’état général du bâtiment. “Chaque année, la restauration coûte plus cher.”

>>>Le Comité de démolition devra approuver ou non la démolition du bâtiment.>>>

Le Comité de démolition devra approuver ou non la démolition du bâtiment. (Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

Le sort de la Scies Mercier est maintenant entre les mains du Comité de démolition de la Ville de Lévis.

Les trois membres du comité, présidé par l’élu de Repensons Lévis, Serge Bonin, peuvent accepter ou refuser la demande de démolition. Ils peuvent également faire appel à leur propre expertise ou exiger certaines actions avant de prendre leur décision.

Le Comité peut, par exemple, autoriser la démolition, à condition que le propriétaire s’engage à conserver certains éléments pour les intégrer lors de la construction du nouveau bâtiment.

La décision peut alors faire l’objet d’un appel. Elle se retrouvera ensuite devant le conseil municipal, où les élus municipaux voteront pour ou contre la démolition.

Le Comité de démolition n’a pas de délai maximum avant de rendre sa décision.

 
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