Il est venu demander à un artisan d’éteindre un feu illégal allumé sur un chantier le 14 novembre. « C’est parti très vite », rembobine Yoan Morlot, le maire d’Heuland, dans le Pays d’Auge. L’intervention de l’élu, qualifiée de « pondérée » par l’un de ses collègues calvadosiens, avait déclenché un flot d’insultes et de menaces d’agression et de mort. « Il aurait pu y avoir des attentats si la gendarmerie n’était pas intervenue rapidement », ajoute le maire. Son agresseur a été condamné ce mardi à quatre mois de résidence surveillée – sous surveillance électronique – par le tribunal judiciaire de Lisieux.
«J’ai été attentif au jugement. Je voulais une vraie condamnation, a déclaré l’édile. La justice devait envoyer un message : que les gens sachent que nous ne pouvons pas attaquer ceux qui sont engagés dans la communauté. Nous ne méritons pas ces réactions disproportionnées. » Et de rappeler le drame d’août 2019 à Signes, dans le Var, où un artisan avait mortellement renversé le maire qui l’avait surpris en train de déposer des gravats dans une zone non autorisée.
A l’audience, le 16 avril, Yoan Morlot a rencontré un prévenu qui “ne s’est pas excusé”. Je n’ai ressenti aucun regret. C’était une banalisation de l’agression dans le contexte de son travail. » Le tribunal a également condamné cet artisan de 37 ans à payer des dommages et intérêts. Un jugement salué par l’Union des maires du Calvados, qui s’était portée partie civile. En traitement à Caen, le premier magistrat du village du Calvados de 150 habitants a eu trois jours de repos, le temps de traiter de cette histoire, la première de sa vie sur le plan judiciaire. L’incident du 14 novembre reste gravé dans sa mémoire : « Je serai encore plus vigilant dans les situations sensibles. » Yoan Morlot affirme avoir tourné la page, grâce également aux nombreuses marques de soutien de ses collègues et administrateurs.