Bukowski, Gainsbourg, Duras… cinq moments qui ont fait la légende des « Apostrophes »

Bukowski, Gainsbourg, Duras… cinq moments qui ont fait la légende des « Apostrophes »
Bukowski, Gainsbourg, Duras… cinq moments qui ont fait la légende des « Apostrophes »

Il y a des émissions de télévision qu’on n’oublie jamais, des décennies après leur fin. C’est le cas des « Apostrophes ». Cette émission, réalisée et animée par Bernard Pivot, décédé ce lundi 6 mai, a été diffusée sur Antenne 2, entre janvier 1975 et juin 1990.

Chaque vendredi soir, quatre ou cinq auteurs se réunissaient pour débattre d’un sujet. Cette émission culturelle a rassemblé en moyenne trois à cinq millions de téléspectateurs. Une autre époque, où l’on fumait et buvait sans retenue à la télévision, et où les relations de Gabriel Matzneff avec les mineurs faisaient rire.

Mais « Apostrophes », c’est aussi et surtout des séquences cultes et des rencontres légendaires. Face à Bernard Pivot, certains géants du XXe siècle se sont assis pour discuter de l’ouvrage qu’ils viennent de publier, comme Marguerite Duras, le boxeur Mohamed Ali ou le dissident soviétique Alexandre Soljenitsyne. Retour sur dix moments devenus légendes de la télévision.

  • 1975 : Alexandre Soljenitsyne pour la première fois à la télévision française

Il y a près de 50 ans, le 11 avril 1975, Bernard Pivot recevait l’écrivain russe dissident pour son premier discours depuis son expulsion d’Union soviétique. Un moment pour l’histoire. L’auteur raconte, en russe et en traduction simultanée, qu’il a appris « par cœur » ses livres écrits en détention et parle de l’influence de la prison sur son écriture.

A une question posée par Jean Daniel, directeur du Nouvel Observateur, sur l’impact de la production industrielle sur l’état d’esprit du peuple russe, Alexandre Soljenitsyne évoque sa « tristesse ». Il lui explique qu’à travers son œuvre, il a tenté de montrer que même privés de biens matériels et d’espoir de vivre, les hommes peuvent éprouver un immense élan spirituel.

  • 1978 : Charles Bukowski mort ivre

Trois ans après le Russe Nabokov, qui demandait qu’on verse du whisky dans sa théière, Bernard Pivot reçut un autre amateur d’alcool notoire, l’auteur américain Charles Bukowski. Ce dernier quittera le plateau complètement ivre, emmené par ses collaborateurs, avant la fin du show. François Cavanna tentera même de faire taire l’auteur : “Bukowski, je vais te frapper au visage !” », ce à quoi Bernard Pivot ajoutera : « Tais-toi… ». La séquence est devenue culte.

  • 1984 : les secrets de Marguerite Duras

A l’occasion de la sortie de son dernier roman « L’amant », Marguerite Duras répond aux questions de Bernard Pivot sur le succès populaire inattendu de « L’amant » : 100 000 exemplaires vendus en quatre semaines. Elle raconte sa rencontre à 15 ans avec un amant milliardaire chinois, son enfance et son alcoolisme qui l’a conduite à l’hôpital et en cure de désintoxication.

  • 1990 : les vérités de Denise Bombardier face à Gabriel Matzneff

Gabriel Matzneff est invité à venir parler de son livre « Mes amours décomposées », où il raconte ses relations amoureuses avec des adolescentes. L’écrivain est présenté par l’animateur comme un véritable professeur d’éducation sexuelle. Sur le plateau, il ne cache pas son attirance pour les mineurs, ce qui provoque une réaction de la part de l’auteure canadienne Denise Bombardier.

« S’il y a un vrai professeur d’éducation sexuelle, c’est Gabriel Matzneff, il donne volontiers des cours », lance avec espièglerie Bernard Pivot, en présentant l’auteur qu’il qualifie aussi de « collectionneur de minous ». “M. Matzneff me paraît pitoyable», répond Denise Bombardier, la seule sur le plateau à s’inquiéter des petites conquêtes de l’écrivain et jugeant qu’il aurait dû « répondre devant la justice » s’il n’avait pas eu « une aura littéraire ». « Il y a même des limites à la littérature », déclare-t-elle encore.

Cette séquence est devenue virale avec la sortie, fin 2019, du livre « Le Consentement » de Vanessa Springora.

  • 1986 : le choc Gainsbourg-Béart

Serge Gainsbourg, affalé devant un piano, peut-être ivre, peut-être pas, dit : « Du champ’, du brut’, du vamp’, du put’ » et explique que « ce sont les mots qui véhiculent l’idée et non l’idée ». idée qui véhicule les mots.

Guy Béart n’est pas d’accord. Gainsbourg, sans même tourner la tête, a lâché : « Qu’est-ce que le blaireau a dit là ? « . Béart tente de parler, l’auteur de « Melody Nelson » dit : « Tais-toi ». “Je sens qu’il y a une petite discorde entre vous”, a déclaré Pivot. ” Mais non ! », souffle Gainsbourg. ” Absolument pas ! Je ne le connais pas “. Ce qui est entièrement faux.

Bernard Pivot gardera un mauvais souvenir de cet épisode : « Guy Béart avait été agressé, il a dû réagir et l’émission ne l’a pas mis à son avantage. » « Qu’est-ce qui était blessant dans blaireau, c’était la façon de le dire. Une méchanceté est apparue», a pour sa part constaté Béart.

 
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