Racisme incompatible | La presse – .

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Qu’il parle du conflit israélo-palestinien ou de tout autre sujet litigieux, chaque élu a droit à son opinion. Mais a-t-il le droit de tenir des propos racistes ?


Publié à 1h37

Mis à jour à 5h00

Je me suis posé cette question en lisant la déclaration inquiétante du maire de Hampstead, Jeremy Levi, qui a appelé le Canada à fermer ses portes aux réfugiés palestiniens de la bande de Gaza qui tentent de survivre à l’horreur.

« Compte tenu du comportement récent du groupe pro-palestinien, le Canada devrait reconsidérer son plan d’immigration pour les Gazaouis. Leurs valeurs semblent incompatibles avec les nôtres et je ne souhaite pas accueillir davantage de haine dans notre pays”, a-t-il écrit mercredi sur X.

Je ne veux pas non plus plus de haine dans notre société, quelle que soit la forme qu’elle prend. Qu’il s’agisse de haine des Juifs ou de haine des Palestiniens, nous parlons de la même haine qu’il faut combattre.

Mais lutte-t-on vraiment contre la haine en tenant des propos qui sèment la haine et déshumanisent tout un peuple qui meurt à Gaza ?

De tels propos sont-ils vraiment compatibles avec la fonction d’élu, tenu de représenter avec équité et respect tous les citoyens de sa commune ?

« Je suis scandalisé qu’un élu fasse un discours aussi irresponsable !!! Nous devons combattre fermement l’antisémitisme et le racisme”, a réagi la députée solidaire Ruba Ghazal sur X, demandant au maire de Hampstead de faire un “sérieux examen de conscience”.

Loin de se lancer dans un tel examen, Jeremy Levi, visiblement heureux de l’attention suscitée par sa déclaration, en a plutôt rajouté une couche.

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PHOTO PRISE SUR LA PAGE FACEBOOK DE JEREMY LEVI

Jeremy Levi, maire de Hampstead

En entretien avec Le devoir, le maire a nié avoir tenu des propos racistes à l’encontre des Palestiniens. La ville de Hampstead compte une importante communauté juive et de nombreux citoyens y vivent dans la peur depuis les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre, a-t-il expliqué. En demandant de fermer la porte aux Palestiniens de Gaza, il n’est pas motivé par la haine, mais par le désir de « protéger sa communauté », a-t-il déclaré.1.

S’il est indéniable que l’antisémitisme existe dans notre société et que nous devrions tous nous en préoccuper, un racisme n’en excuse pas un autre, souligne Ruba Ghazal. « Vous ne protégez pas vos citoyens en faisant des commentaires incendiaires sur les Palestiniens. »

Le premier ministre François Legault a simplement réagi en disant qu’il « n’était pas d’accord » avec les propos de l’élu montréalais, comme si le racisme était une opinion comme une autre. Lui qui est toujours prompt à défendre les « valeurs québécoises », il n’a pas jugé bon de souligner ici que le racisme ou l’hostilité envers un groupe de la société n’en font pas partie.

« Qu’est-ce qui est raciste ? » », a demandé le maire de Hampstead en Le devoir.

Qu’est-ce qui est raciste ? Remplacez le mot « Gazaouis » par « Juifs » dans le discours du maire et vous verrez immédiatement ce qu’il y a de raciste dans de tels propos qui font écho aux heures les plus sombres de l’histoire.

Comme l’a souligné à juste titre le porte-parole d’Independent Jewish Voices, Niall Clapham Ricardo, il est navrant de voir un juif répéter sur les Palestiniens des discours similaires à ceux qu’on pouvait lire dans les années 1920, 1930 ou 1940 sur les immigrés en général, et les juifs en particulier. , également perçue comme « incompatible » avec la société d’accueil.

” [Nous] il ne faut pas ouvrir le pays aux étrangers, citoyens canadiens de demain, dont les idées sociales, la morale et les instincts saperaient encore davantage les fondements de la nationalité canadienne, déjà si profondément ébranlée », peut-on lire dans un éditorial du Devoir à partir de 1922.

En 1943, un autre éditorial du Devoir met en garde les lecteurs contre « l’invasion massive » d’immigrés européens, en particulier juifs, considérée comme une « gigantesque agression pacifique, plus redoutable peut-être qu’une attaque armée car plus sourde ». On s’inquiète du fait qu’un plan des Nations Unies demande au Canada « d’accorder l’asile à ces masses d’Hébreux, au nom de l’humanité ». […] « . Des juifs qui, craint l’éditorialiste, constituent une menace pour la nation « avec leur fécondité proverbiale et leur solidarité séculaire ».2 « .

On se souviendra aussi, il y a quatre ans, de l’histoire tragique du MS Saint Louis, ce bateau transportant des passagers juifs fuyant l’Allemagne nazie qui, après s’être vu refuser l’entrée au Canada, ont été renvoyés en Europe. Abandonnés par des politiques migratoires ancrées dans l’antisémitisme, plus de 250 personnes ont péri pendant l’Holocauste3.

Quatre-vingt-cinq ans plus tard, les Gazaouis fuyant un génocide annoncé se heurtent également à une porte fermée d’Ottawa, même si elle est prétendument ouverte, au péril de leur vie. Quatre mois après le lancement d’un programme offrant 1 000 visas de résidence temporaire aux Palestiniens de Gaza ayant de la famille au Canada, aucun n’a réussi à mettre les pieds dans le pays. De l’aveu même du ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, le programme est un échec. Combien, comme la fille de Samar Alkhdour, mourront encore en attendant un feu vert d’Ottawa qui ne viendra pas4 ?

Dans un tel contexte, qu’un élu attise les pires fantômes du passé pour demander à Ottawa de fermer une porte faussement ouverte aux hommes, aux femmes et aux enfants en quête de paix, d’espoir et de dignité, dépasse l’entendement.

1. Lisez l’article de Devoir

2. Toutes les citations sont tirées du livre À chacun ses Juifs : 60 éditoriaux pour comprendre la position du Devoir envers les Juifs (1910-1947), Pierre Anctil, Septentrion, 2014.

3. Consultez l’historique MS Saint Louis

4. Lisez « Regarder les Gazaouis mourir »

 
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