les quatre défis de la nouvelle péréquation

les quatre défis de la nouvelle péréquation
les quatre défis de la nouvelle péréquation

Le grand oral de la péréquation en quatre questions

Aussi compliqué que rouillé, le mécanisme de Tinguely régulant à la fois la répartition des factures sociales et policières entre le Canton et les communes, ainsi que la redistribution des richesses entre ces dernières, est propice à la destruction. Place à la « nouvelle péréquation intercommunale », NPIV pour son surnom. Cet accord qualifié d'”historique” a été présenté il y a un an par le Conseil d’État et les organisations faîtières des communes, l’UCV et l’ADCV.

Fruits de négociations longues et houleuses, le nouveau système se veut plus simple et plus transparent. Et plus avantageux pour les communes, l’Etat ayant accepté de mettre plus d’argent sur la table, de leur exiger moins (lire l’encadré). Ce montage a valeur de contre-projet pour l’initiative « SOS Commun », venant des plus révoltés contre le modèle actuel. Lesquels exigent que la totalité de la facture sociale soit à l’avenir payée par le Canton, en vertu de l’adage « qui commande paie ».

Il appartient désormais au Grand Conseil d’approuver le NPIV ; il a récupéré ce paquet mardi. Aperçu des enjeux.

Le NPIV sera-t-il démêlé ?

La probabilité est quasiment nulle car les principales formations politiques sont engagées pour la cause. La nouvelle péréquation a réconcilié le canton et les deux organisations faîtières communales. Leurs assemblées générales respectives ont largement soutenu le NPIV l’année dernière. Cette paix institutionnelle est considérée comme précieuse.

Le Grand Conseil pourrait, tout au plus, déplacer un curseur du NPIV. La majorité de la commission qui a étudié le dossier suggère de modifier le calcul en tenant compte de l’altitude des habitants. Objectif : améliorer légèrement le sort des communes qui, comme Bex, doivent composer avec des hameaux d’altitude et une forte pente. Parce que si 75% des communes seront gagnantes avec les nouvelles règles du pot commun, l’autre quart fait la grimace. Ces « perdants » bénéficieront toutefois de mesures transitoires, c’est-à-dire d’une injection d’argent du Canton, qui diminuera progressivement jusqu’au sevrage en 2030.

La gauche radicale obtiendra-t-elle « plus de solidarité » ?

Compte tenu du rapport de force, cela semble peu probable. Mais les modifications demandées par Ensemble à Gauche-POP (EP) vont donner lieu au véritable débat de fond sur la péréquation. Entre l’ancien et le nouveau système, une chose ne change pas : l’écart entre les ressources fiscales des communes ne restera compensé qu’à hauteur de 80 %. Elle se mesure en calculant le montant que chacun perçoit par habitant et pour un point d’impôt : 19 francs à Moudon, 165 francs à Jouxtens-Mézery par exemple. Atténuer seulement partiellement ces disparités est «insuffisant pour les communes à faible capacité financière comme Bex ou Renens», a déclaré le député popiste Vincent Keller: «Une compensation à 100% est pleinement justifiée».

Si le NPIV est une occasion manquée de renforcer la solidarité entre communes, selon la gauche radicale, c’est parce que le gouvernement a été impulsé par l’initiative « SOS communes », « lancée par un consortium de communes à très forte capacité financière », avance-t-elle. .

Le NPIV peut-il être adapté ultérieurement ?

Trop heureuse d’avoir accouché d’un beau bébé après une grossesse à risque, le Conseil d’Etat aimerait désormais passer à autre chose. Bref : mettre la péréquation au tiroir et y laisser jusqu’en 2031, pour une première « évaluation » du système. Avant cette date, la présidente du gouvernement, Christelle Luisier, avait promis que sa Direction des Institutions « agirait si des effets néfastes étaient constatés ».

La commission tient à suivre de près. Son souhait : que les parties prenantes restent « en discussion permanente concernant l’éventuelle amélioration du système, dès son entrée en vigueur ».

L’initiative « SOS commun » sera-t-elle retirée ?

Députée PLR ​​et vice-présidente du comité d’initiative, Joséphine Byrne Garelli ne s’est pas cachée dans le plénum qu’elle avait préparé pour « vivre de grands moments de solitude » lors des débats. Elle a certes autour d’elle quelques collègues députés qui ont investi dans « SOS communes », mais la majorité des libéraux-radicaux devrait rester alignée derrière le Conseil d’État. Si le NPIV est accepté, l’initiative sera-t-elle retirée au nom de la paix ? « Notre commission se réunira une fois que nous saurons ce que le Grand Conseil a voté », tergiverse prudemment Joséphine Byrne Garelli.

Si «SOS communes» est maintenu, alors les Vaudois devront choisir s’ils préfèrent ce texte au NPIV, son contre-projet. Le vote aurait lieu en septembre prochain. Si l’initiative est retirée, alors la nouvelle péréquation entrera en vigueur, à moins bien sûr qu’un référendum ne soit lancé.

Vincent Maendly est journaliste à la section vaudoise depuis 2006, comme local à Yverdon-les-Bains et Nyon, avant de se spécialiser en politique cantonale en 2017. Il est licencié en droit de l’Université de Lausanne.Plus d’informations @VincentMaendly

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