Aux racines des sentiments – .

« Rhizosphère », une plume qui va à la racine des sentiments

Publié aujourd’hui à 16h32

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La vie se nourrit d’amour, d’amitiés, de désirs et de trahisons. Autant d’ingrédients qui se conjuguent avec intransigeance, compromissions, bêtises et rebondissements selon des scénarios qui s’enchaînent naturellement ou que la réalité dévie dans des directions surprenantes, voire absurdes. C’est un peu de cette imprévisibilité que la littérature cherche à capter.

C’est sans doute ce tournant inattendu, aussi soudain et déconcertant que l’émergence de la liberté d’expression en thérapie, que le psychologue et romancier Daniel Cordonier a voulu comprendre dans « Rhizosphère ».

Ce mot désigne la partie du sol pénétrée par les racines des plantes et les micro-organismes associés. Les nutriments y sont transformés pour être absorbés par la plante. C’est donc un substrat qui, tout comme la vie, nourrit et alimente ici l’imaginaire de l’écrivain.

Un résultat très surprenant

C’est dans cette couche fertile où tout germe et prend racine que l’auteur a soulevé cette histoire au décor très genevois. Il y a un peu de roman d’apprentissage, un peu d’histoire d’amour, un soupçon d’écriture épistolaire et pas mal de complicité autour de l’attraction des contraires. Et surprise aussi.

Enfant, Denis vit l’absence et l’absence de sa mère. Jérôme vit avec l’omniprésence de son père. Sur cette base de la figure maternelle, tous deux érigent l’élection de leur fraternité d’élection.

Qu’importe leurs directions opposées ? Chacun reste la boussole de l’autre à travers leurs drames personnels. Denis est devenu un chef renommé bénéficiant d’une excellente réputation. Mais il n’a pas trouvé la recette d’une vie privée qui papillonne de séductions en conquêtes éphémères, qui ne peut combler le vide de ce qui manquait à la base.

Quant à Jérôme, après de brillantes études, il devient professeur de philosophie et s’installe, s’ancre, aussi sereinement qu’il était bourgeois, dans le mariage et la paternité.

Et un jour, Denis rencontre Claire, une agente immobilière dont il tombe amoureux et éprouve pour elle un sentiment jamais ressenti auparavant. Et à quoi ça sert d’avoir des amis sinon aussi de partager des tourments. Autour de Claire, sorte de métafigure maternelle, l’histoire change de dimension pour un dénouement très surprenant.

Avec ce troisième roman bien mené, Daniel Cordonier a conçu une de ces histoires que pourrait être la vie avec ses deuils, ses imprévus même si l’écriture laisse entendre que tout fonctionne de manière plausible. La « rhizosphère » n’est pas la vie mais lui ressemble diablement, et c’est aussi la littérature car tout s’invente mais tout est vrai.

« Rhizosphère », Daniel Cordonier, Éditions Favre, 240 pages, janvier 2024, 25 fr. 20 à 28 francs.

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Olivier Bot est rédacteur en chef adjoint depuis 2017, responsable de la rubrique Monde entre 2011 et 2017. Prix de - Alexandre de Varennes. Auteur de « Rechercher et enquêter avec Internet » aux Presses universitaires de Grenoble.Plus d’informations

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