A Limoges, Samuel Hartman sculpte son corps et son esprit

A 24 ans, Samuel Hartman est déjà un bodybuilder accompli. Professionnel de la fédération WNBF qui prône une pratique naturelle sans dopage, Limougeaud a une conception très personnelle de sa discipline. Il a une vision précise de ce qu’il veut et jusqu’où il veut aller.

Fin novembre, à Boston aux États-Unis, Samuel Hartman participera au championnat du monde de musculation WNBF*. Derrière ce sigle, une fédération qui prône une pratique sans dopage.

Impossible, diront beaucoup. Sans doute, mais le fait est que pour participer à ces compétitions, les conditions imposées sont draconiennes.

Détecteur de mensonges

Chaque concurrent doit être exempt de toute consommation de substances anabolisantes et diurétiques pharmaceutiques pendant au moins 10 ans. Un polygraphe (détecteur de mensonge) est réalisé avant chaque compétition, mais aussi une analyse d’urine. Samuel Hartman y est désormais habitué.

« Dans certaines compétitions, c’est un ancien type de la CIA qui nous passe au détecteur de mensonge. Il nous demande également de mentir volontairement à certaines questions pour identifier des tics du visage ou du langage. »

Samuel Hartman (Culturiste)

Lorsqu’il montera sur le podium de Boston, Samuel aura atteint le terme d’une préparation longue, intense, voire infernale.

C’est le prix à payer pour espérer remporter le titre. Samuel le sait. Il est prêt.
Il s’est lancé très jeune dans la musculation. Son père, Bernard, haltérophile dès l’âge de 12 ans, s’est tourné vers la musculation pour devenir l’un des tout meilleurs français, voire le meilleur de sa catégorie.

L’exemple était là, sous ses yeux. La génétique a fait le reste. « J’ai commencé en 2017 parce que je voulais renforcer mes muscles pour ma pratique du parkour. »

Samuel Hartman veut aller chez Mister Olympia

Samuel développe rapidement un goût pour la musculation. Par atavisme et parce que cela correspond à son idée du sport : « C’est une discipline qui demande beaucoup d’investissement, avoue Samuel. Dans tous les sports (handball, gymnastique, capoeira) que j’ai pratiqués, je me suis amélioré assez rapidement et, dans un sens, il n’y avait aucune résistance. J’ai trouvé cela en musculation avec cette idée de challenge qui allait bien avec mon esprit de compétition. »

“Je vais à l’échec musculaire”

A peine trois ans après ses débuts, Samuel se lance dans un concours au Grau-du-Roi (Gard). Son physique et ses performances ne passent pas inaperçus. La machine est lancée vers une pratique naturelle.

« C’est un choix de vie, je ne trouvais pas ça noble de me diriger vers l’utilisation de produits, mon esprit suivait mon corps, tout est en ligne. » Pour Samuel, l’esprit est un élément fondamental de sa pratique. La musculation renforce son mental et son mental lui permet d’être très fort en musculation. Et dans la vie aussi. Cela fonctionne dans les deux sens.

Pour s’infliger des séances exigeantes, difficiles, Samuel sait qu’il va utiliser son cerveau autant que ses muscles : « Je vais à l’échec musculaire, c’est-à-dire que j’enchaîne les répétitions jusqu’à atteindre l’échec musculaire. que je ne peux plus bouger. Le but est justement de pousser plus loin pour surmonter cette défaillance musculaire. C’est le mental qui fait tout et je sais que c’est justement là que je ferai la différence. »

Le miroir, un instrument de travail

La visualisation, l’auto-persuasion, l’envie de réussir accompagnent l’entraînement quotidien de Samuel. Mais il ne faut rien faire non plus, juste pour aller plus loin. « Si nous ne contrôlons pas les coûts, cela ne sert à rien. Se dépasser, c’est pouvoir aller plus loin que la fois précédente, faire quelques répétitions supplémentaires, progresser à chaque fois. »

Pour arriver prêt pour son échéance à Boston, Samuel entamera le plus dur de sa préparation à partir du 20 mai. Près de six mois avant son rendez-vous mondial !

« L’objectif sera d’abord de commencer à perdre de la masse grasse, explique Samuel. Puis, dans un deuxième temps, on commencera à réduire les glucides et à jouer sur les lipides et les protéines. »

A ce niveau-là, la musculation est une question de détails, de grammes, de millimètres. Samuel sait aussi que la dernière phase, celle du « sec » est la plus difficile et la plus exigeante. Il boira 5 à 6 litres d’eau par jour, il surveillera son alimentation, il sera affamé dans le seul but de faire apparaître, définis et visibles tous ses muscles.

« Le but, c’est d’avoir des fesses striées, sourit Samuel, même si c’est le dernier lieu de stockage des graisses. » Pour obtenir des résultats optimaux, Samuel n’est pas seul. Il dispose d’un entraîneur, Vincent Dutilly, qui le conseille et le guide dans sa préparation. « C’est bien d’avoir quelqu’un qui a du recul et qui sait poser les bons diagnostics. »

Pour s’évaluer, Samuel aura aussi le miroir. « On a une fausse idée du bodybuilder qui se regarde dans le miroir alors que ce n’est qu’un outil de travail. On regarde ce qui peut être amélioré, nos points faibles aussi, on ne s’admire pas beaucoup, car on passe beaucoup plus de temps à se critiquer. » Le prix d’excellence.

Journée de compétition pour Samuel Hartman : faim, pesée, podium, délivrance

Jean-Christophe Bourdin

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