La lame de fond de la délinquance lyonnaise

La lame de fond de la délinquance lyonnaise
La lame de fond de la délinquance lyonnaise

On n’est pas égal face à la criminalité. Ce dont nous devons vraiment tenir compte, c’est la violence qui gangrène la vie quotidienne.

“A Lyon, la délinquance est en constante diminution.” « Baisse encourageante des vols à Lyon. » D’accord, une fois n’est pas coutume, le maire de Lyon, Grégory Doucet, et la préfète du Rhône, Fabienne Buccio, se sont félicités via des tweets sur le bilan de délinquance 2023.

Il faut reconnaître que le nombre de vols (tous types confondus) est en diminution par rapport à l’année dernière. Mais la douloureuse réalité est que la violence explose.

Cette ultraviolence affecte grandement les délinquants entre eux, dans l’exercice de leurs « activités professionnelles », notamment en matière de trafic de drogue, en constante augmentation. Lorsque ces règlements de compte ont éclaté, il y a une vingtaine d’années, c’était (à Marseille et) à Tassin-la-Demi-Lune en 2005 : deux types à moto tiraient à la mitrailleuse sur deux autres qui sortaient du quartier du Lyon. Casino Vert; l’une des victimes était l’un des chefs d’une équipe de braqueurs dans la région lyonnaise dans les années 1990 et faisait partie du cercle très restreint des criminels les plus recherchés d’Europe.

Puis la méthode est devenue monnaie courante, passant des têtes de pont aux lieutenants et aux petits bras. Les services de police spécialisés parlaient de « fantasia », nom d’une tradition équestre d’origine militaire pratiquée principalement au Maghreb, durant laquelle des cavaliers chargent en tirant au fusil : des équipes pénètrent dans les villes et font irruption à coups de kalachnikov pour intimider.

Depuis l’année dernière, ces équipes tournent à plein régime sans hésitation. « Si la première génération connaît deux décès, elle grandit avec deux décès. S’il y en a quatre dans la génération suivante, ils grandissent avec quatre morts. Et ainsi de suite…, explique à Lyon Capitale Jérôme Pierrat, spécialiste du crime organisé. Depuis 2005, nous avons eu une génération complète. Ceux qui se suicident aujourd’hui ont entre 17 et 18 ans. Ils sont nés en 2005 avec les règlements de comptes par les armes de guerre. Donc ça change les mentalités. Pour eux, c’est normal.

En retour, les dommages collatéraux de cette guerre contre la drogue sont inévitablement de plus en plus fréquents.

Mais le bruit de fond de ces violences est plus global et plus puissant qu’auparavant. Il suffit de regarder, à l’échelle nationale, les chiffres des homicides et tentatives d’homicides, qui ne sont finalement que des homicides bâclés : pour les premiers, on est passé de 803 à 1 010 entre 2014 et 2023, pour les secondes, de 2 259 à 4 055 entre 2016 et 2023… +79,5%. Selon le nouvel outil du service statistique du ministère de l’Intérieur (SSMSI) qui permet de visualiser le niveau de délinquance par commune, les coups et blessures volontaires à Lyon intra-muros ont augmenté de 32,9% depuis 2016.

On n’est pas égal face à la criminalité. Ce dont nous devons vraiment tenir compte, c’est la violence qui gangrène la vie quotidienne. Un cambriolage n’est pas comparable à un viol, le vol d’un accessoire dans un véhicule n’a rien à voir avec le passage à tabac d’un passant. C’est cette violence physique, souvent gratuite, qui pose un problème de taille à la société. La résolution d’un différend nécessite aujourd’hui un acte de violence. En 2018, une enquête de l’Insee faisait état de violences gratuites toutes les 44 secondes en France. «Pour la grande majorité des jeunes délinquants que je rencontre, explique à Lyon Capitale le pédopsychiatre et psychanalyste Maurice Berger, les règles communes du vivre ensemble sont vécues comme une insupportable soumission.»

“Il n’y a pas d’insécurité, il y a un climat d’insécurité”, analyse le criminologue Alain Bauer. Au sage.

 
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