Drôme – Valence – Les gardiens des vitraux – .

Avec l’entreprise de vitraux Atelier Thomas, trois frères perpétuent un savoir-faire familial remontant au XIXème siècle. Fondé par leur arrière-grand-père en 1878, l’atelier spécialisé poursuit son travail de restauration et de création de vitraux.

Ils ne sont pas implantés dans la rue mais leur travail est visible dans des centaines d’édifices religieux en et à l’étranger. Pour n’en citer que quelques-uns : Notre-Dame de Paris, l’abbaye royale du Val de Grâce, la collégiale Saint-Barnard de Romans-sur-Isère, l’église Saint-Marcel-lès-Valence, l’abbaye de Génissieux et bien d’autres. . Depuis plus d’un siècle, l’Atelier Thomas vitrail œuvre à la préservation d’un patrimoine unique : le vitrail. Un savoir-faire ancestral transmis de père en fils depuis la création de l’entreprise en… 1878 !

Une entreprise familiale vieille de 140 ans

Aujourd’hui, trois frères, Emmanuel, Jean-Bernard et Laurent Thomas, perpétuent cette tradition familiale. Ce qui n’est pas une mince affaire. Outre la nécessité de perpétuer un héritage familial unique, les successeurs doivent relever le défi d’entretenir la réputation de l’atelier de vitrail Thomas dans une société où tout s’accélère. « Notre métier demande beaucoup de temps. Nous sommes l’un des rares métiers où la pression de l’achèvement n’existe pas. Nous prenons le temps de bien faire les choses car la restauration et la création de vitraux demandent de la patience et du souci du détail », présente Jean-Bernard Thomas. Si l’entreprise Valentin, vieille de 140 ans, survit encore, c’est parce qu’elle ne recherche pas la rentabilité. « Ce n’est pas notre priorité car cela aurait un impact certain sur notre qualité. Notre présence sur le marché depuis plus d’un siècle n’est pas le fruit du hasard”il assure.

Si à l’origine l’entreprise familiale ne comptait qu’une seule personne, le donateur Jean-Pierre Thomas, aujourd’hui, une trentaine de salariés sont à pied d’œuvre.

Un travail passionnant et minutieux

Véritable fourmilière qui chaque jour restaure ou réalise des vitraux dans un vaste atelier. Un quotidien riche où les commandes apportent leur lot de défis mais aussi de magie. « Le maître verrier est un métier enrichissant car nous intervenons en amont et en aval. Notre travail, visible de tous, vise à apprivoiser la lumière », acquiesce Jean-Pierre Thomas. Chez l’Atelier Thomas vitrail, le hasard n’existe pas. « Chaque création nécessite une attention particulière. Il faut prendre en compte une multitude de contraintes techniques. L’essentiel du travail réside aussi dans les échanges que nous avons avec l’artiste qui imagine le design du vitrail”souligne le co-réalisateur.

D’un point de vue extérieur, on peut imaginer que les représentations sont très courantes. « C’est tout le contraire (c’est justement un travail artistique qui n’est pas très évident). Parce que son œuvre sera figée pour l’éternité”, souligne Jean-Bernard Thomas avec poésie. Bien entendu, pour guider l’artiste, il doit s’appuyer sur un cahier des charges établi par l’architecte du patrimoine en charge du projet de restauration ou de création de vitrail.

Mais avant d’être installé, un vitrail passe par plusieurs étapes « Cela dépend de la nature du projet, s’il s’agit d’une création ou d’une restauration. Par exemple, pour une verrière de 10 m2, l’installation prend environ un mois. Mais avant cela, il faut tenir compte du temps de gestation, de la prise de dimensions, du choix des couleurs, du temps de peinture ou encore de la cuisson et du décor.”, résume-t-il. Un travail de longue haleine, de plusieurs mois, qui se déroule au sein du vaste atelier de l’entreprise. Sur place, des maîtres ouvriers chouchoutent les vitraux vieillis pour leur redonner leur éclat. « C’est un métier passionnant et varié où le temps s’écoule »» confie avec le sourire un employé en plein travail.

Si le métier n’a pas évolué au sens large, le monde du vitrail risque certainement de se réinventer dans les années à venir. Notamment par la potentielle disparition progressive du plomb. « Cela pourrait disparaître. Ce qui pourrait nous poser problème puisque nous l’utilisons pour maintenir ensemble les feuilles de verre qui forment le vitrail”dit Jean-Pierre Thomas.

Pour développer l’entreprise familiale, les trois frères développent deux autres activités annexes : la serrurerie ancienne et la création de petite signalétique et d’impression sur verre. Une belle évolution pour une entreprise locale qui parvient à mettre son savoir-faire au profit du patrimoine.



De nouveaux vitraux sont créés pour l'abbaye de Génissieux. ©Photo : Marlène Honorat
 
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