Le plus grand squat de France, abritant depuis plusieurs mois près de 400 occupants à Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne, a été évacué mercredi matin, indique la préfecture. Selon l’association Migrants Unis, qui leur apporte régulièrement une aide, 80 % d’entre eux se trouvent légalement en France.
A 100 jours des Jeux olympiques, le plus grand squat de France – qui abritait jusqu’à 450 migrants, pour la plupart en situation régulière selon les associations – a été évacué mercredi matin en banlieue sud de Paris. Dès 8 heures, quelque 250 policiers, selon la préfecture du Val-de-Marne, ont été déployés sur place pour évacuer ce squat occupé depuis mai 2021. L’opération, qui s’est déroulée dans le calme, s’est terminée vers 14 heures.
Certains sans-abri avaient quitté la zone avant l’expulsion.
Prévenus de l’imminence de leur expulsion, certains des sans-abri qui avaient trouvé refuge dans ce commerce désaffecté de Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne avaient quitté les lieux les jours précédents. Ils étaient encore 300 mercredi matin rassemblés dans la cour, une valise à la main pour transporter les affaires de toute leur vie en France.
Parmi eux, une majorité d’hommes célibataires, mais aussi des femmes accompagnées d’enfants. Ils ont expliqué que certains d’entre eux vivent depuis plusieurs années dans ces locaux insalubres, faute de trouver un logement dans un logement privé ou parce qu’ils sont en attente d’un logement social.
Mercredi, ils se sont vu proposer un relogement temporaire par les autorités franciliennes ou régionales, comme à Bordeaux ou Orléans, suite à un diagnostic rapide de leur situation familiale et administrative. La députée LFI Mathilde Panot était sur place.
Un bâtiment qui abritait autrefois le siège d’une compagnie de bus
A Vitry-sur-Seine, derrière les fenêtres à miroir de l’immeuble à plusieurs étages, les occupants avaient installé des lits et des matelas au sol, voire sous les escaliers et dans les couloirs, faute de place. Des fils électriques pendent le long des murs décrépits, tandis que des douches rudimentaires fonctionnent à l’eau froide. « Ce n’est pas que je suis heureux d’être ici, mais où vais-je aller ? demande Mohammed Sayed, qui y vit depuis trois ans. Cet Erythréen, bénéficiant du statut de réfugié et travaillant en CDI dans la maintenance électrique chez Eiffage, ne trouve pas de logement.
Selon Paul Alauzy, qui travaille à Médecins du monde, cette nouvelle évacuation est liée aux Jeux olympiques (26 juillet – 11 août). “Cela fait un an que nous assistons à des expulsions et les squats évacués restent toujours vides”, a-t-il déclaré à l’AFP.
A cent jours des JO, « nous expulsons (squats : ndlr) des Tchadiens, des Soudanais, des Érythréens, des Ivoiriens, des Guinéens qui ont des papiers : des gens en CDI mais à qui on ne veut pas louer d’appartements. La seule solution reste le squattage » puisque ces personnes travaillent en Ile-de-France, ajoute-t-il. Ancien siège d’une compagnie de bus, le bâtiment de Vitry-sur Seine a été peu à peu investi par des personnes expulsées d’autres squats d’Ile-de-France.
Une autre évacuation effectuée il y a un an
Il y a un an, les autorités ont évacué l’ancien siège désaffecté d’Unibéton, à l’Ile-Saint-Denis en Seine-Saint-Denis, à proximité du futur village des athlètes olympiques de Paris où vivaient 500 migrants. En juillet, 150 autres personnes qui avaient trouvé refuge dans une maison de retraite abandonnée à Thiais dans le Val-de-Marne ont également été évacuées.
Ali, agent de ménage à Disneyland, a raconté, lors de son expulsion d’un précédent squat de Seine-Saint-Denis, avoir été envoyé par erreur par les autorités en bus près de Toulouse. Ce réfugié soudanais est revenu quelques jours plus tard en région parisienne, pour s’installer au squat de Vitry-sur-Seine, faute de mieux, afin de pouvoir continuer son travail.
