Des buffles bretons arrivent en Gironde pour sauver un marais

Des buffles bretons arrivent en Gironde pour sauver un marais
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A peine sortis du camion à bestiaux, des buffles d’eau broutent paisiblement les bruyères et les molinies du marais, aidés par un allié précieux : le bousier, un coléoptère indispensable au bon fonctionnement de ce riche écosystème.

Dans le cadre d’un projet de réensauvagement de la réserve naturelle de l’étang de Cousseau (Gironde), porté par l’association néerlandaise Rewilding Europe, ces huit animaux issus de deux fermes du Morbihan ont pour mission de poursuivre l’entretien de la zone humide.

Elles complètent l’action des vaches de race Landes Marine, sauvées in extremis de l’extinction par la réserve et le Conservatoire de race d’Aquitaine, il y a 35 ans. Ils sont une trentaine à brouter le marais, de juin à décembre, lorsque la nappe phréatique baisse, avant de regagner en hiver la partie dunaire et boisée de la réserve.

Habitat et nourriture du bousier

“Nous ne pouvons pas augmenter notre cheptel de vaches marines car nous n’avons pas suffisamment de pâturages d’hiver”, explique François Sargos, conservateur de la réserve. Or, « il en faudrait dix fois plus pour avoir un impact et ne pas écraser la végétation avec des moyens mécaniques suffisants », poursuit le naturaliste.

C’est là qu’interviennent les buffles d’eau, véritables « ingénieurs naturels » qui « influencent la composition de la végétation en piétinant le sol et en se nourrissant », explique-t-il.

Deux précédentes installations de buffles d’eau, « plus adaptées » pour occuper des zones très humides sur une période plus longue, ont fait leurs preuves dans le Marais de Sacy (Oise) et dans la Réserve naturelle des Courtils de Bouquelon (Eure).

Grâce à leur efficacité broutante, ils créent dans leur sillage des espaces de vie pour d’autres animaux et leurs déchets organiques fournissent un habitat et de la nourriture à de nombreuses espèces coprophages, dont le bousier, autre nouveau locataire de l’écosystème girondin regroupant 3 000 espèces de faune et de flore.

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(Photo AFP)

Un rôle primordial

L’année dernière, 60 Scarabaeus laticollis ont été réintroduits dans la réserve qui s’étend sur 600 hectares à Lacanau, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Bordeaux, et seront rejoints par autant de congénères lors d’un second lâcher le 7 mai.

« Il s’agit de la première réintroduction d’un insecte en France », souligne Cyril Forchelet, chargé de mission scientifique.

Ce coléoptère noir et trapu, observé pour la dernière fois à Cousseau en 1965, avait également disparu de la côte atlantique, conséquence de l’utilisation de traitements antiparasitaires préventifs en élevage : leurs molécules agressives et persistantes stérilisent les bouses, rendant ainsi toutes les formes de vie inexistante.

Pourtant, le rôle des bousiers est essentiel : en décomposant les matières fécales par leur digestion, ils accélèrent la formation de fertilisant naturel, enrichissant le sol en matière organique et en sels minéraux et lui permettant ainsi de se régénérer. Sans ce “recycleur”, “on aurait des crottes qui s’accumuleraient par milliers dans les prairies et des écosystèmes qui finiraient par mourir”, ajoute l’écologiste, prenant l’exemple de l’Australie qui a dû importer la petite bête sur son territoire un demi-siècle. il y a.

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Pour les gardiens des lieux, l’alliance du buffle et du bousier donne « un petit coup de pouce à la nature ». (AFP)

Une réintroduction qui porte ses fruits

Sa réintroduction en Gironde semble porter ses fruits, selon le suivi quotidien des spécialistes qui ont délicatement déposé leurs coquilles pour les identifier. Signe encourageant : les bousiers ont « passé l’hiver » et ont été repérés en permanence « roulant » avec leurs pattes postérieures, comme Sisyphe, « leurs pilules » (boules de fumier façonnées pour enterrer leurs œufs).

Sur la réserve, nous avons tout un cortège de faune et de flore qui ont réapparu

Prédité par d’autres animaux, reptiles, chauves-souris et autres mustélidés, l’insecte participe également à la chaîne alimentaire. « Sur la réserve, nous avons tout un cortège de faune et de flore qui ont réapparu. Nous avons un écosystème de fumier qui est un micro-habitat avec une quantité d’insectes, de champignons, de mouches et de prédateurs qui viennent chercher des larves. » Pour les gardiens des lieux, l’alliance du buffle et du bousier donne « un petit coup de pouce à la nature ».

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