entourent la ville sur les traces de Jean-Louis Johannides

Parcourez la ville sur les traces de Jean-Louis Johannides

Publié aujourd’hui à 16h43

La saison de randonnée est définitivement ouverte. “Tu viens te promener, chérie?” « Tu n’as rien de mieux à m’offrir ? On irait là où, tout d’abord, on les a fait encore et encore, les randonnées locales ! Passer mon dimanche au milieu des chiens et des bâtons de marche, le nez collé à mon GPS, très peu pour moi ! Le protagoniste récalcitrant de ce sketch improvisé se trompe. Et vous disposez d’un nouvel argument pour l’en convaincre.

Après publication en 2022 le premier opus tripartite de son projet « De traverse » (Peney, Drize, Bâtie)Jean-Louis Johannides publie ce printemps une nouvelle trilogie de cartes d’itinéraires de randonnée, verni la semaine prochaine à la Villa Bernasconi. Mais voilà, notre vadrouille dramaturge a décidé de bousculer les consignes. Cette fois, ses promenades, mises bout à bout, encerclent la ville comme un collisionneur d’impressions à la surface de la terre ou de l’asphalte : “Cercle 1, 2 et 3”, d’une durée respective de trois heures bien remplies, temps de lecture compris, forment chacun un tiers de la convolution. « J’ai aimé l’idée que chaque trajet se termine là où commence le suivant. Ceux qui souhaiteraient boucler la boucle périphérique devront prévoir environ neuf heures au total», évalue le sherpa cantonal.

Autre changement d’orientation, les trois plans illustrés ne sont plus accompagnés d’un livre photo, mais d’un récit narratif d’une quinzaine de pages, inspiré de la topologie rencontrée. Ainsi, le concepteur Yannis La Macchia travaillé en étroite collaboration avec l’auteur Julie Gilbertl’illustrateur Anaëlle Clot avec l’écrivain Jérémie Gindreet l’artiste plasticien Joëlle Isoz avec l’écrivain Aude Seigne. « Par définition, une carte géographique rassemble de nombreux éléments sur un seul plan bidimensionnel », précise Jean-Louis Johannides. Mais son objectif consiste justement à exagérer la saturation : aussi bien sur le recto (pris en charge par l’illustrateur) que sur le verso (qu’il conçoit lui-même avec le graphiste). Nicolas Robel), ses brochures sensibles regorgent d’instructions, de références, de références, de notations et de « récoltes » tour à tour botaniques ou urbaines. « Autant de portes d’entrée dans une forme d’imaginaire. »

Un véritable travail d’ingénierie de poche donc, qui demande en retour l’attention de l’utilisateur. « Il faut constamment interpréter une carte papier », souligne notre guide. Adaptez les allées et venues de votre regard, ou même votre œil devient relationnel. Avec ce nouveau dispositif, « qui définit une sorte de psychogéographie » en introduisant la fiction, il s’agit de s’appuyer sur les artistes sommés de se demander : que me fait le dehors, dans ses aventures successives ?

Un aperçu des cartes illustrées fraîchement publiées par Jean-Louis Johannides.

Pensez-vous que Genève manque de cartes d’itinéraires pédestres ?

Non, la Ville ainsi que les communes proposent de nombreuses cartes à télécharger sur votre téléphone. En revanche, nous disposons de très peu de cartes grand format dessinées par des illustrateurs. Revenir au papier, c’est ce qui m’intéressait avant tout.

À l’ère de Google Maps, faites-vous campagne pour la boussole de grand-père ?

Je ne suis pas opposé aux nouveaux moyens technologiques, très pratiques dans de nombreuses situations. Mais je pense que la carte papier est plus stimulante pour entrer dans la dynamique d’une promenade. Contrairement aux applications, elle ne fait pas tout le travail à notre place, nous devons collaborer avec elle, trouver notre position, nous orienter sur sa surface. Il éveille nos sens cognitifs d’une manière qui nous rend plus alertes. Elle interroge ce que nous mettons en mouvement, en nous-mêmes, lorsque nous nous engageons physiquement sur le chemin. Ce que nous regarderons, ce qui, dans la nature ou dans les zones urbaines abandonnées, suscitera l’intérêt.

Chaque carte est illustrée par un artiste local, et entre en dialogue avec la narration d'un auteur local.

Comment tracez-vous vos itinéraires ?

C’est un peu empirique. Même si j’ai beaucoup « parcouru » le canton, je n’en connais pas toutes les coutures. En traçant mon cercle autour de Genève avec une boussole, j’ai déjà une première circonférence. Ensuite, en zoomant sur le terrain, je me base sur ce que je sais déjà pour partir d’un point et avancer de manière assez hasardeuse. Bien des allers-retours, des tentatives, des abandons plus tard, j’ai mon parcours, qui obéit à l’exigence de combiner différentes qualités d’espaces.

Nous utilisons des cartes pour nous repérer dans l’espace. Mais vous conseillez plutôt de vous y perdre…

Ce n’est pas évident de lire une carte papier : les gens risquent de s’y perdre un peu. Mais c’est en se perdant qu’on fera des découvertes. C’est l’essence même de la flânerie : le voyage prime sur la destination. L’essentiel, pour moi, c’est de se lancer. On suit une invitation, un prétexte pour se lancer.

Genève, le 8 avril 2024. Rencontre avec Jean-Louis Johannides à la gare CEVA de Lancy-Bachet pour un entretien sur les nouvelles cartes illustrées d'itinéraires de promenade qu'il publie.

Votre compagnie de théâtre, fondée en 2006, s’appelle En désordre en hommage à un Nicolas Bouvier ou à un Elisée Reclus. Comment expliquez-vous votre goût pour le drift ?

Peut-être à cause de ma passion pour l’alpinisme lorsque j’étais adolescente ? En montagne, en tout cas, pas question de se passer de carte ! Ce qui est sûr, c’est que, bien avant que tout le monde s’en inquiète, j’étais obsédé par la question du rapport de l’homme à son environnement – ​​cette « taille de l’homme » qui inquiétait Ramuz. La première création de ma société, « Building a Fire », d’après Jack London, puisait déjà sa Source dans cette préoccupation.

L’été prochain, vous reprendrez les rênes de Théâtre du Loup avec Julie Gilbert (partie de la collection « De traverse ») et Jérôme Richer. Comment votre gestion des lieux reflétera-t-elle votre orientation géographique ?

Notre projet est étroitement lié à la question du territoire. Le théâtre est situé dans le nouveau quartier du PAV, qui accueillera 10 000 résidents supplémentaires d’ici vingt ans. Nous avons l’intention de travailler avec des architectes et des urbanistes pour suivre de près le processus de sa mise en œuvre. Nous aimerions encourager les gens à documenter ce processus, en notant ce qui se passe autour d’eux, ce qui change, ce qui disparaît, ce qui émerge. Idéalement, cette récolte urbaine serait ensuite mise en scène. Nous envisageons également d’investir dans le secteur avec de petites formes théâtrales qui seront jouées entre artisans ou dans de grandes compagnies impliquées dans le développement du quartier. Bref, nous aimerions être témoins de nouvelles épopées, inventer de nouvelles mythologies. Et assurez-vous que nous venions au théâtre comme nous allons à la Source.

« De Traverse – Opus 2 »vernissage le 19 à 18h, ateliers les 20 et 21 avril à la Villa Bernasconi, www.villabernasconi.ch

Katia Berger est journaliste à la section culturelle depuis 2012. Elle couvre l’actualité des arts du spectacle, notamment à travers des critiques de théâtre ou de danse, mais traite aussi parfois de la photographie, des arts visuels ou de la littérature.Plus d’informations

Avez-vous trouvé une erreur ? Merci de nous le signaler.

0 commentaire

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV comment des escrocs ont transformé un bijou en ruine
NEXT Inauguration de sentiers de randonnée dans la forêt de Crécy-en-Ponthieu