L’incroyable parcours de cette féministe hospitalisée pendant 32 ans dans un asile du Lot

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Par Marc Louison
Publié le

6 avril 24 à 12h00

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Savez-vous Marie Denizard (1872-1959), cette militante féministe candidate à l’élection présidentielle de 1913 et enfermée à l’asile de Leyme pendant 32 ans ? L’Institut Camille Miret organise une conférence sur Marie Denizard le jeudi 11 avril 2024 à 19h à l’Espace Clément Marot à Cahors. Cette conférence sera animée par Prescillia Da Silva, historienne à l’Université Gustave Eiffel de Pariset le Docteur Bernard Kierzek, psychiatre en chef à l’Institut Camille Miret. La conférence est gratuite.

Elle est entrée en politique en 1910 pour faire entendre la voix des femmes.

Marie Denizard est née le 3 avril 1872 dans l’Aisne, d’un père dentiste et d’une mère couturière. Aînée de 4 enfants, elle fréquentera le Lycée d’Amiens et bénéficiera d’une bourse.

En cette fin du 19ème sièclee siècle, la société française est régie par le Code civil de 1804, plaçant les femmes au statut de mineures sous l’autorité de leur mari. Seuls ces derniers ont le droit de vote depuis 1848, à condition d’être imposables. Le mouvement féministe se développe notamment avec Hubertine Auclert, Maria Deraismes, Madeleine Pelletier (première femme psychiatre).

Non mariée, prenant soin de la famille depuis la mort de son père en 1906, Marie Denizard n’accepte pas, du fait de son statut de femme, de ne pas pouvoir voter*. Ainsi en 1910 elle décide (comme d’autres et notamment Madeleine Pelletier) de se présenter aux élections législatives et cantonales à Amiens (6 500 voix). Une candidature qui sera invalidée malgré sa campagne électorale.

Face à Raymond Poincaré à l’élection présidentielle de 1913

Entre-temps, elle devient rédactrice en chef du journal « Le Cri des Femmes ». Acquérant, au fil du temps, une certaine notoriété dans la Somme, Marie Denizard décide de se présenter contre Raymond Poincaré à l’élection présidentielle de 1913ce qu’aucune femme n’avait osé faire auparavant.

En 1914, elle est évacuée vers Bordeaux où elle manifeste un fort ressentiment envers la société qui l’exclut, les politiques et Raymond Poincaré en particulier. Elle fut donc placée sous la surveillance de la Direction de la Sûreté Générale, surveillance qui se poursuivit après la guerre et le retour de Marie Denizard à Paris.

Hospitalisation automatique et transfert à l’Asile de Leyme

Le 28 avril 1926, devant l’ampleur de ses idées de persécution et de ses revendications, le commissaire de police du quartier de l’Odéon demande son hospitalisation obligatoire. Admise à l’infirmerie générale, elle est examinée par le psychiatre Docteur De Clérambault qui diagnostique une psychose complexe.

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Transféré àHôpital Sainte-Anneelle fut ensuite admise le 21 janvier 1927 auHôpital Vaucluse Le Perey. Le 23 mars 1928, elle est transférée à l’asile de Leyme dans le Lot, avec un diagnostic de délire chronique de revendications politico-sociales, où elle décède en 1959, le 21 mai, à l’âge de 87 ans.

Ainsi, Marie Denizard, peu soutenue par les militantes féministes des années 1910/1913, se sent peu à peu exclue suite à sa candidature aux élections, avant de développer, dans son isolement social, une expérience de persécution des hommes puis de politiques, centrée sur l’image de Raymond Poincaré.

A-t-elle été internée suite à son combat pour le droit de vote des femmes ? Quand est-elle passée de l’activisme à des propos délirants organisés autour de l’existence d’un complot ? Comment ses propos ont-ils menacé la sécurité de la Nation ? Mais alors, comment expliquer 32 ans de bannissement du droit d’asile ?

* Il faudra attendre le 21 avril 1944 pour que les femmes obtiennent le droit de vote et d’éligibilité en .

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