Deux directeurs d’école ont été mis en examen pour non-dénonciation de maltraitances, dans le cadre de l’enquête sur le décès d’une fillette de 3 ans, à Conches-en-Ouche (Eure) en septembre dernier, a-t-on appris lundi 15 janvier auprès du parquet.
Cet acte d’accusation vise « le directeur de l’école maternelle où a été scolarisée la petite fille ainsi que le directeur de l’école primaire où a été scolarisé son grand frère [âgé de 6 ans]également victime d’abus »a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) le procureur de la République d’Evreux, Rémi Coutin.
Les deux suspects ont été placés en garde à vue le 7 décembre, avant d’être mis en examen et placés sous contrôle judiciaire. « avec interdiction d’entrer en contact avec les autres mis en examen dans cette affaire ». Fin septembre, la mère et le beau-père de la petite fille avaient déjà été mis en examen pour meurtre sur mineur et écroués pour ces faits.
« Des violences difficiles à supporter » subies par la petite fille
La petite fille est décédée après son arrivée au CHU de Rouen en pleine nuit, le 24 septembre, malgré l’intervention des secours au domicile familial de Conches-en-Ouche. Elle avait plusieurs hématomes d’âges différents sur elle « la face, les quatre membres, le thorax, le dos, le pubis »M. Coutin avait alors précisé. « Ni la gendarmerie, ni la justice, ni les services de protection de l’enfance n’avaient été informés » de la « une violence difficile à soutenir » subie par la petite fille, a indiqué le magistrat.
“Nous avons considéré, avec le juge d’instruction, qu’il y avait suffisamment d’éléments pour inculper” les deux directeurs d’école concernés, a souligné lundi le procureur d’Evreux.
« La directrice de l’école a reconnu en garde à vue qu’elle s’était dit qu’il fallait faire un signalement mais qu’elle ne l’a pas fait, notamment parce qu’elle n’en avait pas le temps. Le réalisateur conteste sa responsabilité », il ajouta. Ils encourent chacun une peine de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.
Sollicité par l’AFP, le rectorat de Normandie confirme « que les deux fonctionnaires sont suspendus. Une enquête administrative sera diligentée par le rectorat lorsque l’enquête judiciaire sera suffisamment avancée ».
« Un mécanisme assez abject mais classique pour ce type de violences »
L’objectif de l’information judiciaire est non seulement de clarifier les responsabilités respectives de la mère et du beau-père de la victime, mais également des tiers, qui auraient pu avoir connaissance des violences subies par les enfants et n’ont pas dénoncé celles-ci.
Un ami du couple avait notamment “a vu l’enfant plusieurs jours avant l’incident et a voulu le signaler au 119” mais “cet appel n’aurait pas abouti” manque d’opérateurs, a déclaré M. Coutin lors d’une conférence de presse quelques jours après les événements.
Le procureur a raconté comment “dans un mécanisme assez abject mais classique de ce type de violence, le couple” justifié ces violences, débutées à l’hiver 2022-2023, en expliquant “que la petite fille s’est blessée lors de crises de colère et de chutes”. Le beau-père de 29 ans, sans profession, a reconnu par la suite avoir déjà exercé « bousculades, étranglements jusqu’à convulsions et plusieurs pertes de conscience de l’enfant ». La mère, 27 ans, également au chômage, a reconnu avoir donné « des gifles » à sa fille.
Parents connus de la justice
Le couple était connu de la justice : la mère a été condamnée en 2020 pour une affaire de drogue, son compagnon n’était connu que pour des délits routiers. « Nous sommes dans un drame d’isolement, de mal-logement, d’addiction. Ils vivaient dans un dénuement total.Jérôme Pasco, maire de cette commune normande de 5 000 habitants, l’a déclaré en septembre.
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Interrogé lundi par l’AFP sur la mise en examen des deux directeurs d’école de sa ville, il a refusé, cette fois, de faire tout commentaire.
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