Benoît Clairoux et Pierre-Yves Dumont s’étaient donné la mission de raconter l’histoire des Nordiques en donnant la parole à ceux qui portaient l’uniforme Fleurdelisés. Un peu plus de trois ans plus tard, ils recueillent les témoignages de 100 anciens et les publient dans leur ouvrage : Il était une fois… les Nordiques : 100 joueurs racontent leur histoire.
Des coulisses du départ du gardien Michel Dion en plein match en 1980-1981 jusqu’au retour émouvant de Clint Malarchuk au Québec, 11 jours après s’être fait couper la veine jugulaire par un patin, en passant par le dur à cuire Kim Clackson qui était assis au bout du banc, malgré les deux mains cassées, pour intimider l’adversaire : les auteurs n’ont rien laissé au hasard.
Dans cet ouvrage de 528 pages, et 190 000 mots !, ils racontent l’histoire des Nordiques depuis leurs débuts dans l’Association mondiale de hockey (WHA) en 1972, jusqu’à leur départ pour le Colorado à la fin de la saison 1994-1995, en passant par yeux de ceux qui l’ont vécu.
Certes, ils reviennent sur des événements marquants de l’histoire des Fleurdelisés avec des figures marquantes de leur histoire, Peter et Anton Stastny, Marc Tardif ou Michel Goulet, mais donnent aussi la parole à des acteurs plus marginaux, dont certains n’ont joué que de quoi dépenser en Québec.
« Les joueurs ont tous été très généreux », mentionne Pierre-Yves Dumont, partisan des Nordiques qui a organisé un événement en 2017 pour commémorer le 40e anniversaire de la conquête de la Coupe Avco par les Nordiques en 1977. « Michel Goulet m’a traité de « patron » lors notre entretien. Que le plus grand buteur de l’histoire nordique m’appelle « patron », j’ai trouvé ça très gentil de sa part ! ajoute-t-il en riant.
Des histoires touchantes
Cette générosité des anciens Nordiques permettait aux auteurs de mettre sur papier des récits parfois très personnels et touchants.
Celle de Dion a particulièrement marqué Benoît Clairoux. Rappelons que lors d’un match contre les Bruins de Boston, lors de la saison 1980-1981, Dion est parti brusquement, en pleine partie, et n’est jamais revenu.
Dans le livre, il raconte son combat contre la maladie mentale et son long parcours de croix qui lui a finalement permis, deux ans plus tard, d’être invité au match des étoiles de la Ligue nationale de hockey (LNH) sous l’uniforme des Pittsburgh. Pingouins.
« C’est toute une histoire et ça n’a pas été facile pour lui car il a reculé après sa carrière. Il enseigne désormais le golf aux États-Unis et est très heureux de ce qu’il fait. C’est un homme extraordinaire qui se confiait comme un livre ouvert.
Et l’AMH
Benoît Clairoux et Pierre-Yves Dumont détaillent chacun les moments forts, et moins forts, des Nordiques. Leur passage dans l’AMH, bien que crucial à leur arrivée dans la LNH, n’a pas toujours été des plus prestigieux.
« La patinoire de l’État du New Jersey n’était même pas de niveau et il n’y avait pas de vestiaires pour l’équipe adverse. Comme l’écrivait déjà Claude Larochelle : c’était comme accrocher un Rembrandt dans une grange ! dit Clairoux.
«On se rend compte que c’est difficile de récupérer les Nordiques mais, sans l’AMH en 1972, sept ans plus tard, il n’y aurait pas eu de Nordiques dans la LNH, ni cette grande rivalité qui a suivi», ajoute quant à Dumont.
D’ailleurs, Guy Lafleur est décédé avant de pouvoir collaborer au projet. Toutefois, une rubrique et des témoignages d’anciens coéquipiers lui sont réservés, dans le livre, publié aux Éditions Sylvain Harvey.