Que se passe-t-il dans la tête d’un parent qui tue son enfant ? « Les démarches sont très différentes lorsqu’il s’agit d’une mère ou d’un père »

Que se passe-t-il dans la tête d’un parent qui tue son enfant ? « Les démarches sont très différentes lorsqu’il s’agit d’une mère ou d’un père »
Que se passe-t-il dans la tête d’un parent qui tue son enfant ? « Les démarches sont très différentes lorsqu’il s’agit d’une mère ou d’un père »
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Le couple s’est disputé verbalement samedi soir. La mère a disparu dans le véhicule familial dimanche matin. Elle a été retrouvée quelques heures plus tard, à Visé, à une cinquantaine de kilomètres de son domicile. Selon ses premières déclarations, rapportées par le parquet, le principal suspect aurait constaté le décès de son enfant vers 6 heures du matin. Il a expliqué qu’il avait «J’ai l’impression de vivre un cauchemar.” et puis elle est partie“avec des pensées sombres.” Il a répété qu’il ne se souvenait de rien.

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Le Parquet de Liège ne fournira plus d’informations sur ce dossier

L’enquête en est à ses débuts. Le Parquet de Liège, en accord avec le juge d’instruction, a décidé de ne pas fournir davantage d’informations sur cette affaire, nous a-t-il informé mercredi. Il faut donc se garder de tirer des conclusions hâtives. Si ce drame absolu nous touche tant, c’est aussi parce qu’il s’est produit dans une famille en apparence paisible, qui ressemble à bien d’autres, et à laquelle on peut s’identifier : des parents inconnus de la justice, qui travaillent tous les deux, un enfant, deux chiens, un luxueux maison avec panneaux photovoltaïques, un jardin…

Samuël Leistedt, médecin spécialisé en psychiatrie légale, exerce comme juriste. ©DR

Et soudain, tout s’effondre dans l’horreur absolue. Comment comprendre l’inconcevable ? Médecin spécialisé en psychiatrie légale, Samuël Leistedt donne quelques clés de compréhension.

Qu’est-ce qui passe par l’esprit d’un parent pour finir par tuer son enfant ?

Ce type d’événement n’est malheureusement pas si rare. En tout cas c’est mon expérience, ce que je vois dans mes archives. Lorsque les mères commettent ce type d’actes, il existe évidemment différentes hypothèses. Dans sa forme la plus classique, c’est un geste – parfois un geste d’amour – qui vise simplement à ôter la vie à ses enfants car dans leur analyse des choses, dans leur grille de lecture, le monde tel qu’il est est tellement laid, tellement difficile, qu’ils veulent épargner cela à leurs enfants. C’est quelque chose que nous voyons assez souvent.

Quelles sont les autres raisons qui poussent une mère à commettre l’irréparable ?

Il existe un certain nombre d’autres scénarios. De tels gestes se produisent par exemple dans les conflits de couple, même si dans ces cas, ce sont plus souvent les hommes qui, entre guillemets, se vengent de leur partenaire en blessant ou en tuant les enfants qu’ils ont ensemble.

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Serait-ce un geste fou de la part d’une mère ?

En fait, tout le domaine de la pathologie mentale existe. Ces gestes peuvent être commis par des mères qui présentent des pathologies réelles qui n’ont pas été mises en évidence jusqu’à présent. La maladie qui couve depuis quelques temps va malheureusement se manifester de manière très aiguë, très brutale, à travers ce type d’action.

Dans ce cas, qu’est-ce qui déclenche le geste ?

Le passage à l’acte se produit lorsqu’il y a du stress, de la frustration, une perte de sens, quelque chose qui est parfois extrêmement mineur. On ne trouve pas toujours ce qu’on appelle un « déclencheur ». Parce que pour nous, cela n’a pas d’importance, mais pour cette personne, c’est le cas.

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Arrive-t-il que la mère ne se souvienne plus de rien par la suite ?

Oui, c’est quelque chose que nous rencontrons régulièrement. La situation est si effrayante que le contenu de l’acte est réprimé. Nous préférons oublier plutôt que vivre avec. C’est une mesure de sécurité, un mécanisme de défense pour maintenir un semblant d’intégrité psychologique.

Existe-t-il d’autres hypothèses pour cet oubli ?

Oui, il peut y avoir d’autres mécanismes. Parfois, nous nous retrouvons confrontés à des profils de personnalité extrêmement problématiques où il peut aussi y avoir de la malveillance. C’est-à-dire que nous disons que nous ne nous en souvenons pas lorsque nous nous en souvenons.

Le même mécanisme est-il également en place pour les pères qui tuent leurs enfants ?

Les caractéristiques sont encore très différentes. Dans la plupart des cas, lorsque des hommes commettent ce type d’actes, deux éléments sont présents. Tout d’abord, un trouble de la personnalité : ce sont des personnalités très narcissiques ou très antisociales. Le deuxième élément, qui va souvent de pair, est la présence de conflits de couple. Sans caricature, l’homme, par exemple, lors d’une séparation qu’il juge insupportable, ne s’en prendra pas directement à la femme mais aux enfants pour lui faire du mal. Nous ne sommes pas du tout dans la même démarche.

 
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