la chasse aux pauvres

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Lenox Avenue, juste à côté de la 125e rue, à Harlem, en 2013. JACQUES BEAUCHAMP/PHOTONONSTOP

“Harlem. Une histoire de gentrification », de Charlotte Recoquillon, Editions de la Maison des sciences de l’homme, « Amérique(s) », 250 p., 24 €.

Non, Harlem n’est plus le ghetto de l’Amérique noire. C’est même devenu un quartier cher et branché, où affluent également les Blancs. C’est cette histoire sociologiquement contrastée que retrace Charlotte Recoquillon dans son ouvrage stimulant Harlem. Une histoire de gentrification, résultat d’une enquête menée à New York pendant deux ans. Le géopoliticien montre avec une rigueur implacable les mécanismes politiques et financiers qui ont permis de transformer l’un des quartiers les plus pauvres et les plus dangereux de Manhattan en un secteur attirant touristes et investisseurs.

Le village de Harlem est, au 19èmee siècle, une banlieue résidentielle « majoritairement occupée par les blancs, la nouvelle aristocratie commerciale ». Cependant, l’abolition de l’esclavage en 1865, puis la ségrégation raciale dans le Sud, entraînent une importante migration afro-américaine vers un New York progressiste et, en particulier, vers Harlem, où réside déjà une communauté noire. Les années 1920 sont celles de la Harlem Renaissance, ce mouvement effervescent d’émancipation culturelle, avec ses jazzmen, ses clubs, ses poètes et ses boxeurs. Ce seront aussi ceux où les Blancs déserteront les lieux, laissant la place aux seigneurs des taudis. S’ensuivent soixante années de déclin, marquées par la pauvreté, la surmortalité, la violence, les gangs et la drogue dans un cadre désolé, aux bâtiments surpeuplés, abandonnés, voire incendiés.

À la fin des années 1980, la situation à Harlem semblait irréparable. Or, ce ghetto, où Malcolm Pour les élus municipaux, notamment le milliardaire Michael Bloomberg, maire de 2002 à 2013, la gentrification est synonyme de fonds supplémentaires pour la ville, les impôts étant indexés sur la valeur foncière.

Harcèlement ou menace

Ils prendront donc des mesures favorables aux propriétaires, afin de les inciter à réaliser des travaux leur permettant d’augmenter les loyers et, accessoirement, de pousser leurs locataires pauvres vers la sortie. Pour forcer les récalcitrants, certains n’hésitent pas à recourir au harcèlement ou à la menace de dénonciation auprès des services de l’immigration. Ces pratiques, note l’auteur, sont si répandues que “le bureau du procureur de la ville de New York (…) publie même régulièrement une liste des pires propriétaires de la ville ».

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