Sur les murs de la Bibliothèque nationale de France (BNF), la France montre un visage pour le moins éclectique : une exposition fluviale et labyrinthique, intitulée « La France sous leurs yeux », présente près de 500 des images, signées par 200 photographes qui ont sillonné la France jusqu’aux confins de l’Outre-mer. Les auteurs, célèbres ou méconnus, sont les lauréats d’une importante commande nationale lancée à la suite de la pandémie de Covid-19 pour venir en aide aux photojournalistes frappés par l’arrêt brutal de leur activité.
Dotée d’un budget record de 5,46 millions d’euros, et d’un nombre impressionnant de boursiers, la société intitulée « Radioscopie de France : perspectives sur un pays frappé par la crise sanitaire », Et géré par la Bibliothèque nationale, a été « à une échelle totalement inédite », souligne Héloïse Conesa, conservatrice à la BNF. Avec sa collègue Emmanuelle Hascoët, elle a consacré ces quatre dernières années intenses au suivi des photographes et des projets, sélectionnés par deux jurys successifs. Les chiffres sont vertigineux : près de 1 500 photographes avaient postulé, moyennant une bourse, un reportage de sept mois, et la perspective de voir dix tirages, présentés sur un site spécifique, intégrés durablement dans les collections nationales.
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Le montant exceptionnel de la subvention – 22 000 euros pour chaque photographe, à dépenser librement – a été vécu par les concernés comme une bouffée d’air financier. « Le problème était d’abord de les faire manger, résume Marion Hislen, ancienne déléguée à la photographie au sein de la direction générale de la création artistique du ministère de la Culture, à l’initiative du projet. Par rapport aux grandes commandes historiques du passé, nous avons préféré avoir beaucoup plus de lauréats, et moins de temps pour les projets. Car, après le Covid, c’est la panique chez les photojournalistes. »
« Une dotation exceptionnelle »
La photographe documentaire Lizzie Sadin, spécialisée dans les travaux de longue durée sur les violations des droits humains, confirme que pendant la pandémie, pour elle, “professionnellement, tout s’est arrêté : plus de travail, plus de revenus.” Grâce à la bourse, elle forme un duo avec la documentariste Juliette Subra pour approfondir le sujet difficile des violences conjugales – un phénomène qui a explosé pendant le confinement. “Cette subvention m’a permis d’acheter un appareil plus silencieux”» salue la photographe, qui regrette juste que la somme soit imposable – contrairement aux autres prix qu’elle a reçus pour son travail.
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