Antonio Costa. Un destin européen après une démission retentissante

Antonio Costa. Un destin européen après une démission retentissante
Antonio Costa. Un destin européen après une démission retentissante

Sept mois après sa démission pour une affaire de corruption qui semble finalement mal étayée, l’ancien Premier ministre socialiste portugais Antonio Costa pourrait rebondir à Bruxelles où il est pressenti pour le poste de président du Conseil européen.

Persévérant, ce supporter du club de football de Benfica, marié à un professeur et père de deux enfants, a construit sa carrière avec la même patience dont il fait preuve face aux énigmes, son passe-temps favori.

Ce tacticien pragmatique et habile a prouvé qu’il était capable de mener des négociations difficiles ou de transformer des échecs en opportunités.
“En démocratie, la politique doit être basée sur le compromis”, disait il y a quelques mois cet avocat de 62 ans d’origine indienne.

Un esprit de conciliation qui constitue un atout pour le rôle de président du Conseil européen, premier cercle des chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept, l’un des « postes les plus élevés » de l’UE qui devrait être pourvu jeudi à le sommet européen des Vingt-Sept à Bruxelles.
Actuellement occupé par le libéral belge Charles Michel, ce poste est revendiqué par la famille socialiste, et Antonio Costa est en bonne position pour être désigné.

Arrivé au pouvoir dans son pays en 2015 à l’issue d’élections qu’il avait pourtant perdues, M. Costa, visage rond, cheveux blancs et lunettes fines, a démissionné en novembre après avoir été cité dans une affaire de trafic de drogue.

L’enquête met fin à huit années de gouvernement socialiste au Portugal et ouvre la voie à un nouvel exécutif de droite modéré.
Il a depuis été vivement critiqué par plusieurs autorités judiciaires pour son manque de solidité.

Entendu par la justice fin mai, à sa demande, M. Costa n’a pas été inculpé et, au soir des élections européennes, le nouveau Premier ministre portugais Luis Montenegro a déclaré son soutien à une éventuelle candidature européenne de M. Costa.

Né le 17 juillet 1961 à Lisbonne, Antonio Costa grandit dans le milieu intellectuel de ses parents : un journaliste socialiste et un écrivain communiste issus d’une grande famille de Goa, ancien comptoir colonial portugais en Inde.
Dès l’âge de 14 ans, « Babush » (« enfant » en Konkani, la langue de Goa), qui affirme avoir davantage souffert du divorce de ses parents que du racisme, s’engage dans la jeunesse socialiste.

Formé en droit et en sciences politiques, il devient avocat puis, à 34 ans, secrétaire d’État aux Affaires parlementaires, poste clé dans le gouvernement minoritaire d’Antonio Guterres, l’actuel secrétaire général de l’ONU, avant de devenir son ministre. de la justice.

Après un bref passage au Parlement européen, il revient aux affaires en tant que ministre de l’Intérieur de José Socrates, mais quitte le gouvernement au bout de deux ans pour être élu maire de Lisbonne.
Huit ans plus tard, il devient chef du Parti socialiste.

Persévérant, ce supporter du club de football de Benfica, marié à un professeur et père de deux enfants, a construit sa carrière avec la même patience dont il fait preuve avec les énigmes, son passe-temps favori.
Après avoir perdu les élections législatives de 2015, il prend le pouvoir en nouant un pacte inédit avec la gauche radicale pour « tourner la page de l’austérité ».

Profitant d’une conjoncture économique favorable, M. Costa a détricoté les mesures d’austérité budgétaire adoptées par la droite en échange d’un plan d’aide internationale, tout en continuant d’assainir les comptes publics pour afficher le premier excédent budgétaire de l’histoire récente du Portugal.

Plus forte que prévu, cette alliance de circonstance a permis à cet amoureux de cuisine, de cinéma et de fado de boucler un premier mandat de quatre ans.
Vainqueur des législatives de 2019 sans majorité absolue, il a ensuite pris le pari de recentrer sa politique et n’a pas renouvelé son accord avec les communistes, qui ont fini par l’abandonner en provoquant les élections de 2022. Il l’a emporté avec une majorité absolue qui ne permettra cependant pas d’achever son mandat.

Son pragmatisme lui a permis d’étendre son influence au-delà de sa famille politique. Comme en 2020, lorsqu’il avait rendu visite au Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban et contribué à le convaincre de ne pas bloquer le plan de relance européen post-Covid, crucial pour le Portugal.

 
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