Accord de défense mutuelle | La Russie et la Corée du Nord « luttent ensemble » contre l’hégémonie américaine

(Séoul) La Corée du Nord et la Russie, qui « luttent ensemble » contre « l’hégémonie » américaine, ont signé mercredi un accord de défense mutuelle, a annoncé Vladimir Poutine qui a remercié son hôte à Pyongyang Kim Jong-un pour son soutien dans sa guerre contre l’Ukraine.


Publié à 6h30

Mis à jour à 11h06

Claire LIE

Agence France-Presse

Accueilli en grande pompe, le président russe a également estimé que les sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU visant les Nord-Coréens pour leur programme nucléaire, “inspirées par les Etats-Unis et leurs alliés”, devaient être “réexaminées”.

“Le Traité de partenariat global signé aujourd’hui prévoit, entre autres choses, une assistance mutuelle en cas d’agression contre une partie au traité”, a déclaré Poutine aux journalistes après avoir signé le document.

« La Russie et la Corée poursuivent des politiques étrangères indépendantes et n’acceptent pas le langage du chantage et du diktat », a-t-il poursuivi, dans un avertissement clair à l’Occident.

Le chef de l’Etat russe a qualifié l’accord de « document véritablement révolutionnaire », ajoutant que la Russie « n’exclut pas pour elle-même une coopération militaro-technique » avec Pyongyang.

Ukraine : soutien nord-coréen à la Russie

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a de son côté assuré que l’accord était “exclusivement pacifique et défensif”. Qualifiant Vladimir Poutine de « meilleur ami » de son pays, il a salué l’avènement d’une « nouvelle ère » dans les relations avec Moscou.

« Il ne fait aucun doute que le Traité de partenariat stratégique global […] “Garantira de manière fiable l’alliance entre la Corée du Nord et la Russie pendant un siècle et apportera une pleine contribution au maintien de la paix et de la stabilité dans la région”, a déclaré plus tard Kim Jong-un lors d’une réception en l’honneur de son invité.

Le gouvernement nord-coréen “exprime son plein soutien et sa solidarité avec le gouvernement, l’armée et le peuple russes dans la conduite de l’opération militaire spéciale en Ukraine pour protéger la souveraineté, les intérêts de sécurité et l’intégrité territoriale”, a-t-il encore déclaré à M. Poutine.

“Nous apprécions beaucoup votre soutien systématique et permanent à la politique russe, y compris sur la question ukrainienne”, a répondu le chef du Kremlin.

« Nous sommes reconnaissants envers les dirigeants et le peuple de la République populaire démocratique de Corée concernant la situation en Ukraine. Aujourd’hui, nous luttons ensemble contre les pratiques hégémoniques et néocolonialistes des États-Unis et de leurs satellites. »

En réaction à ces annonces, l’Ukraine, par la voix du conseiller présidentiel Mykhaïlo Podoliak, a exhorté la communauté internationale à « adopter une approche plus rigoureuse pour parvenir à un véritable isolement » de Moscou et de la Corée du Nord.

Cette dernière “coopère aujourd’hui activement avec la Russie dans le domaine militaire et fournit délibérément des ressources pour le massacre des Ukrainiens”, notamment “un grand nombre d’obus de gros calibre”, a déclaré M. Podoliak. .

PHOTO VLADIMIR SMIRNOV, AGENCE FRANCE-PRESSE

Première visite

Vladimir Poutine, accueilli par une grande cérémonie sur la place Kim Il-sung, avec fanfare militaire et danses synchronisées, a de son côté offert à son hôte une voiture de luxe du constructeur russe Aurus. Il a ensuite eu un long aparté avec le dirigeant nord-coréen qu’il a invité à visiter son pays.

Il s’agit du premier voyage de M. Poutine en Corée du Nord depuis 24 ans et de la deuxième rencontre entre les deux hommes en moins d’un an. En septembre 2023, Kim Jong-un se rend en train blindé vers l’extrême est de la Russie pour un sommet avec le président russe.

Moscou et Pyongyang sont alliés depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953) mais se sont rapprochés depuis l’opération militaire russe lancée en Ukraine en février 2022.

“La Russie a besoin du soutien de la Corée du Nord en matière d’armes en raison de la guerre prolongée en Ukraine, tandis que la Corée du Nord a besoin du soutien de la Russie en matière de nourriture, d’énergie et d’armes avancées pour alléger la pression des sanctions”, a déclaré Koh Yu-hwan, professeur émérite d’études nord-coréennes à Dongguk. Université, a commenté auprès de l’AFP.

Pour lui, le gouvernement russe reste prudent et ne veut pas « couper complètement les ponts avec des pays comme la Corée du Sud ».

Moins de dépendance à l’égard de Pékin

Américains et Européens s’inquiètent depuis des mois du rapprochement accéléré entre Moscou et Pyongyang, accusant les Nord-Coréens de livrer massivement munitions et missiles à la Russie.

PHOTO GAVRIIL GRIGOROV, PRESSE ASSOCIÉE

Vladimir Poutine et Kim Jong-un

En échange, selon Washington et Séoul, la Russie a fourni à la Corée du Nord son expertise pour son programme satellite et a envoyé de l’aide pour lutter contre la pénurie alimentaire.

Le soutien de Vladimir Poutine permet à Kim Jong-un de “diminuer sa dépendance” à l’égard d’un autre allié clé, Pékin, a insisté auprès de l’AFP Vladimir Tikhonov, professeur d’études coréennes à l’université. d’Oslo.

Dans le même temps, le chef de l’Etat russe “obtient un accès sûr aux obus d’artillerie de type soviétique dont il a aujourd’hui d’énormes besoins”, selon cet expert.

 
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