Elections au Togo : victoire du parti au pouvoir, l’opposition dénonce des fraudes

Elections au Togo : victoire du parti au pouvoir, l’opposition dénonce des fraudes
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La fête était à son apogée ce dimanche 5 mai, dans un siège du parti au pouvoir à Lomé, la capitale togolaise. L’Union pour la République (UNIR) a remporté 108 sièges sur un total de 113 à la nouvelle Assemblée nationale togolaise.

Entourée de ses militants, Kayi Lawson célèbre sa réélection comme députée de l’UNIR : « Nous avons gagné presque tous les sièges à l’Assemblée nationale, parce que nous avons travaillé pour cela. Et il faut dire aussi que l’opposition n’a pas de politique cohérente. Vous avez vu, ces dernières semaines et ces dernières années, l’opposition est toujours en contradiction avec elle-même, donc les électeurs ont voulu la sanctionner de cette manière. C’est pourquoi nous avons remporté une grande victoire sur l’opposition.»

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Succès consolidé également aux élections régionales, le parti au pouvoir a remporté 137 des 179 sièges de conseiller régional.

L’opposition est divisée, nous le reconnaissons. Au vu des résultats, cela devrait nous amener à réfléchir sur notre stratégie pour l’avenir.
Paul Apevon, président des Forces Démocratiques pour la République (FDR)

Une opposition « divisée »

Face au parti présidentiel, l’opposition n’a recueilli que 5 sièges de députés, et dans les conseils régionaux elle ne comptera que 42 conseillers élus, répartis en 13 partis.

Paul Apevon, président des Forces démocratiques pour la République (FDR), occupera le seul siège de député attribué à son parti dans la nouvelle législature.

Il admet que l’opposition a une part de responsabilité dans ces résultats : « L’opposition est divisée, nous le reconnaissons. Au vu des résultats, cela devrait nous amener à réfléchir à notre stratégie pour l’avenir.

« Fraude » selon les partis d’opposition et indépendants

Les doubles élections législatives et régionales se sont bien déroulées pour la commission électorale et le parti au pouvoir ; de l’autre, les partis d’opposition et même les mouvements indépendants dénoncent des « fraudes ».

Pour Brigitte Adjamagbo Johnson, du parti d’opposition Dynamique pour la majorité du peuple (DMP) qui a remporté un siège à l’Assemblée, il n’y avait pas que «beaucoup de bourrage d’urnes» mais aussi beaucoup “votes d’exception”, de la “minutes pré-remplies”, ou encore des délégués DMP maltraités le jour du vote.

Certains « indépendants », qui n’appartiennent à aucun parti politique, vont dans le même sens.

Adje Bédjen Nunyakpen, candidat battu à cette élection, membre du mouvement indépendant ABN, affirme que ses délégués, le jour du vote, ont constaté que les gens avaient “mettre plusieurs bulletins de vote sous leurs vêtements” pour ensuite les faire glisser »dans les urnes. » Des délégués de l’ABN auraient également intercepté “deux personnes” offrant un “transfert” de l’argent aux électeurs pour voter pour tel ou tel candidat.

D’autres partis politiques d’opposition tels que l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), les Forces Démocratiques pour la République (FDR), le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI), ainsi que d’autres partis indépendants , parlent de fraude et envisagent de faire appel.

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Le parti d’opposition ADDI, qui a remporté deux sièges aux législatives et huit aux régionales, va jusqu’à parler de “violence” Dans « de nombreux bureaux de vote.» Dans le nord du pays, deux de ses militants ont même été placés en détention avant d’être libérés. Un candidat de l’ADDI, Namiguitien Sandja, a déclaré avoir été agressé dans le bureau de Gnakpoung (nord), alors qu’il voulait, selon lui, vérifier une affaire de bourrage d’urnes.

Des élections pacifiques mais des observateurs divisés

Ces élections se sont déroulées dans le calme, conviennent les autorités, même si elles ont constaté une quinzaine d’incidents avec des plaintes déposées. Le constat de calme est identique chez tous les observateurs, mais ceux-ci restent quelque peu partagés sur leurs analyses du déroulement du scrutin du 29 avril.

Les observateurs internationaux (CEDEAO, UA, OIF et CEN-SAD) soulignent des résultats satisfaisants. Dès le 30 avril, dans un communiqué commun, la CEDEAO, l’Union africaine et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), se félicitaient des élections »compris” Et “maîtrise des procédures de vote et de dépouillement.

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Mais pour certains observateurs nationaux, c’est une autre histoire. Selon la Ligue togolaise des droits de l’homme (LTDH), les délégués de l’opposition ont par exemple été empêchés d’accéder aux bureaux de vote.

Ghislain Nyaku, directeur exécutif du Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT) qui a déployé 175 observateurs nationaux, explique que les délégués du pouvoir ont eu des difficultés à accéder à certains bureaux de vote. Il ajoute que “Les évaluateurs et certains dirigeants locaux ont donné pour instruction de voter pour un parti particulier.” Pour le décompte, il “à l’échelle mondiale bien joué” mais certains bureaux ont été « fermé au public » à ce moment là. Enfin, selon M. Nyaku, il y avait même « bourrage des bulletins de vote ».

L’intervention des forces de l’ordre et des commissions électorales locales, le jour même du vote, a permis d’identifier et de résoudre les cas « documentés par le CACIT ».

Le Togo vient de promulguer ce lundi sa nouvelle Constitution, marquant définitivement sa transition vers un système parlementaire où le chef de l’exécutif est le chef du parti majoritaire à l’Assemblée. Pour ce poste, tous les regards sont désormais tournés vers le président togolais, Faure Gnassingbé, qui est également à la tête du parti au pouvoir.

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