Étude PHARM-HF A&F – D’après la présentation « Évaluation d’un audit randomisé et d’un feedback pour accroître l’optimisation des médicaments contre l’insuffisance cardiaque chez les pharmaciens de soins primaires du système de santé des anciens combattants » – Alexander Sandhu (cardiologue, Université Stanford à Palo Alto, Californie), Alexandra Steverson, Anju Sahay, Parisa Gholami, Regina Godbout, Scott Mambourg, Jennifer Marin, Kushal Shah, Shoutzu Lin, Tomasz Jurga, Hayden Bosworth, Paul Hess, Paul Heidenreich
Évaluation de l’audit randomisé et des commentaires pour accroître l’optimisation des médicaments contre l’insuffisance cardiaque parmi les pharmaciens de soins primaires du système de santé des Anciens Combattants.
Messages clés
- PHARM-HF A&F montre qu’il est possible pour les pharmaciens d’optimiser davantage les traitements de l’IC recommandés par les recommandations
- L’éducation, la formation et le soutien peuvent être les premières étapes pour commencer à transformer les pratiques de gestion de l’IC par les pharmaciens.
- Cet accompagnement des pharmaciens permet d’élargir l’accès aux soins de l’IC sans attendre que le patient présente un tableau d’IC aiguë.
- L’audit et le feedback améliorent légèrement les visites des patients atteints d’IC par rapport à l’éducation seule
Introduction
Dans cette étude, appelée étude PHARM-HF A&F, les chercheurs ont fourni aux pharmaciens de la Veterans Health Administration (VHA) des ressources pédagogiques et des commentaires sur les soins des patients atteints d’IC afin d’évaluer l’impact sur l’amélioration des soins. Il convient de noter que dans la VHA, les pharmaciens peuvent fournir des conseils en matière de médicaments, effectuer un suivi et prescrire des thérapies de manière indépendante, explique l’auteur principal de l’étude, Alexander Sandhu. L’étude a été financée par le réseau de recherche sur l’équité en santé PRO-CARE de l’American Heart Association et le programme QUERI des Anciens Combattants.
Hypothèse
La prescription d’un traitement médical optimal de l’insuffisance (IC) guidé par des recommandations reste sous-optimale. Des essais antérieurs ont démontré que le soutien des pharmaciens améliore l’utilisation du traitement de l’IC. Toutefois, ce soutien reste rare. Les auteurs ont émis l’hypothèse que l’audit et le feedback (« FeedBack ») sur les soins prodigués aux patients souffrant d’IC pourraient permettre aux pharmaciens d’optimiser les médicaments contre l’IC.
Méthode
Cent vingt pharmaciens du ministère des Anciens Combattants (VA) responsables de 7 378 patients atteints d’IC ont participé à l’étude. Les pharmaciens ont été répartis aléatoirement (1:1:2) en trois groupes : « Audit » et « Feedback » (AεF), AεF avec information patient ciblée (AεF+) et soins habituels avec éducation (UC).
Dans les 3 groupes (UC, AεF, AεF+), les pharmaciens ont reçu chaque mois des webinaires interactifs d’une heure au cours desquels le traitement médical de l’IC a été discuté. Un site Web était disponible, comprenant des protocoles de titrage, des documents sur les meilleures pratiques et une base de données de questions et réponses sur la gestion des médicaments en cas d’IC.
Les groupes AεF et AεF+ ont également bénéficié d’un email mensuel indiquant le nombre d’actions de traitement IC réalisées par rapport aux autres pharmaciens de l’étude, le taux de patients présentant un traitement IC optimal (selon les recommandations) au niveau de leur centre. Le groupe AεF+ a également reçu une liste de 7 patients de son centre qui pourraient bénéficier d’une optimisation de leur traitement de l’IC.
Le but de l’étude était d’évaluer si le fait de fournir aux pharmaciens une formation sur l’IC et des données sur la fréquence à laquelle ils ajustent les médicaments contre l’IC par rapport à leurs pairs augmente la fréquence des ajustements des médicaments contre l’IC par rapport à la seule formation sur l’IC.
Critère d’évaluation principal : Le critère de jugement principal était la différence dans le taux d’ajustement des médicaments contre l’IC entre les groupes combinés AεF/AεF+ et UC 3 à 6 mois après la randomisation.
Résultats
Sur 120 pharmaciens, 28 pharmaciens ont été randomisés dans le groupe AεF, 30 pharmaciens dans le groupe AεF+ et 62 pharmaciens dans le groupe UC. Avant l’intervention, chaque pharmacien avait en moyenne 2,1 consultations par mois liées à l’IC et 0,4 consultations liées à la titration des médicaments pour l’IC.
Concernant les visites mensuelles (Figure 1) : les pharmaciens randomisés dans le groupe CU ont eu 0,5 (IC à 95 % : 0,0-0,9) visites mensuelles supplémentaires liées à la CU. Les pharmaciens randomisés dans le groupe AεF/AεF+ ont eu 1,2 (IC à 95 % : 0,8-1,7) visites mensuelles supplémentaires liées à l’IC. Il n’y avait pas de différence significative entre les groupes AεF et AεF+ (0,1 ; IC 95 % : -0,6 à 0,8).
Figure 1 : montre l’évolution des visites mensuelles liées à l’IC entre les pharmaciens des groupes AεF/AεF+ et ceux du groupe UC. Il y a eu 1,2 réunions mensuelles supplémentaires (IC à 95 % : 0,8-1,7) liées à l’IC dans les groupes AεF/AεF+ pendant la période d’évaluation par rapport au groupe UC.
Concernant l’optimisation des traitements (Figure 2) : les pharmaciens randomisés dans le groupe AεF/AεF+ ont eu une augmentation des visites mensuelles avec optimisation thérapeutique par rapport au groupe UC (0,2 ; IC 95 % : 0,1-0,4).
Figure 2 : montre l’évolution des visites mensuelles avec ajustement des médicaments IC entre les pharmaciens des groupes AεF/AεF+ et du groupe UC. Il y a eu 0,2 réunions mensuelles supplémentaires (IC à 95 % : 0,1-0,4) avec ajustement médicamenteux pour l’IC dans les groupes AεF/AεF+ pendant la période d’évaluation par rapport aux soins habituels.
Le groupe AεF/AεF+ était plus susceptible de prescrire des antagonistes des récepteurs minéralocorticoïdes (11,3 % vs 9,0 % ; p = 0,01). Il n’y avait pas d’autres différences significatives dans les prescriptions de médicaments pour l’IC.
Conclusion
Le Dr Jackevicius souligne dans la discussion que la période de suivi était courte (6 mois) et qu’une période de suivi supplémentaire serait intéressante. Elle a également noté que les variations d’un site à l’autre étaient importantes. Les caractéristiques des patients, des pharmaciens et des sites associées à une meilleure prise en charge de l’IC et à une optimisation thérapeutique doivent être définies. Elle a également souligné que cette étude s’appliquait à une population spécifique (les anciens combattants) et que d’autres études seraient nécessaires pour l’appliquer à d’autres populations.
La diffusion de ressources pédagogiques et de retours d’information sur les soins des patients atteints d’IC est une approche efficace pour accroître l’optimisation des traitements de l’IC par les pharmaciens.
Référence
L’AHA présente en ligne des informations destinées au grand public sur l’IC : Signes et symptômes de l’IC, Voir une animation sur l’IC
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