La grippe aviaire suscite l’inquiétude

La grippe aviaire suscite l’inquiétude
La grippe aviaire suscite l’inquiétude

Deux nouvelles ont récemment ravivé les inquiétudes concernant la grippe aviaire. Fin mai, un premier cas de H5N1 avec symptômes respiratoires a été signalé chez un travailleur d’une ferme laitière du Michigan. Et la mort du premier cas humain de H5N2, lié aux élevages de poulets au Mexique, a été annoncée quelques jours plus tard.

Que s’est-il passé au Mexique ?

En mars, une épidémie de grippe aviaire H5N2 s’est produite dans des élevages de poulets de l’État central du Michoacan. La victime, âgée de 59 ans, vivait dans l’État voisin, était alitée depuis début avril et présentait des symptômes pseudo-grippaux le 17 avril. Le 24, elle est décédée. L’OMS a été prévenue le 23 mai et a déclaré qu’il s’agissait du premier cas humain et décès lié au H5N2, avant de préciser que le décès était « multifactoriel ».

Pourquoi est-ce inquiétant ?

Parce que la victime n’a eu aucun contact direct avec les poulets infectés, et parce que le H5N2 entraîne normalement peu de mortalité chez les poulets.

“Mes deux préoccupations sont le manque de contact avec les poulets et le manque de tests d’anticorps chez les 12 personnes qui ont eu un contact significatif avec la victime”, explique Daniel Lucey, spécialiste des maladies infectieuses au Dartmouth College dans le New Hampshire et qui travaille sur la grippe aviaire. depuis plus de 25 ans. Sept de ces 12 personnes présentaient des symptômes pseudo-grippaux, selon l’OMS.

Rick Bright, biologiste des pandémies qui a longtemps travaillé au sein du gouvernement américain, ajoute que les données génétiques de toutes ces personnes seront cruciales pour déterminer si la recombinaison génétique rend le H5N2 aviaire problématique.

Pourquoi le nouveau cas humain de H5N1 au Michigan est-il une mauvaise nouvelle ?

Car les deux premiers, au Texas et au Michigan, ne présentaient aucun symptôme grippal. M. Bright, qui a été l’un des premiers en 2020 à réclamer d’importantes mesures de santé publique face à la pandémie et a poursuivi avec succès le gouvernement américain pour « licenciement déguisé » lié à cet épisode, publié début juin dans le New York Times un essai dans lequel il affirme que cette affaire est un « point d’inflexion dangereux ».

Chez les bovins, « le H5N1 a provoqué une conjonctivite parce qu’il y a des récepteurs dans les yeux qui y sont propices », explique M. Bright. S’il s’adapte aux voies respiratoires, il pourrait devenir transmissible d’humain à humain. »

Est-ce un point de vue partagé par la majorité des experts ?

L’essai de M. Bright n’a pas suscité beaucoup de soutien dans la presse spécialisée. M. Lucey et Richard Webby, spécialiste de la grippe aviaire à l’hôpital St. Jude du Tennessee, soulignent que sur près de 900 cas humains de H5N1 aviaire au cours des 25 dernières années, la moitié sont décédés. «Une légère toux n’est pas un symptôme respiratoire important», explique Lucey. Le H5N1 est connu pour coloniser les voies respiratoires des vaches, bien qu’il soit principalement présent dans les glandes mammaires. Cela dit, il faudra attendre de voir les données génétiques sur ce cas humain. »

L’un des seuls biologistes au monde à avoir étudié la grippe aviaire chez les vaches, Ian Brown, directeur de la virologie aviaire à l’Institut Pirbright, au sud-ouest de Londres, estime que les données génétiques préliminaires ne montrent pas de mutations problématiques.

Cette semaine, le Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) a publié à ce jour deux rapports sur l’épidémie de H5N1 chez les bovins. Peu d’exploitations touchées disposent de mesures de protection spéciales et des mouvements de vaches potentiellement malades ont toujours lieu au sein des États. Seuls les transferts interétatiques sont soumis aux restrictions USDA H5N1.

Comment le Canada réagit-il à ces deux nouvelles ?

L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) n’a pas modifié son évaluation des risques liés à la grippe aviaire.

L’ACIA n’a pas voulu indiquer à La presse combien de vaches canadiennes ont été testées pour le H5N1.

Il y a eu quelques éclosions de H5N2 dans des fermes avicoles au Canada entre 2010 et 2015, mais jamais au Québec.

Des experts néerlandais ont comparé la gestion de la grippe aviaire chez les bovins américains à l’inaction chinoise fin 2019 face au SRAS-CoV-2, le coronavirus responsable du COVID-19. Est-ce exagéré ?

Rick Bright partage cette condamnation. « C’est la première fois que le virus H5N1 se propage dans une population animale. Nous autorisons même la vente de lait et de viande sans contrôle systématique. »

Les quatre autres experts interrogés se montrent plus compréhensifs. « Les autorités fédérales américaines ont limité les transferts de bétail entre États et soumis la grippe bovine à une notification vétérinaire », explique M. Lucey. Les mouvements intra-étatiques demeurent, mais il peut y avoir d’autres restrictions. »

Peut-on assister à l’abattage de tous les bovins d’un troupeau où se trouvent des animaux infectés, comme cela se fait pour les poulets ? “Il faudrait que le virus devienne beaucoup plus transmissible à l’homme”, estime M. Van Kessel.

Au fait, quelle est la différence entre le H5N1 et H5N2 ?

Les types de grippe sont définis par deux molécules du virus de la grippe. La protéine hémagglutinine (H) lui permet de se fixer sur les cellules humaines et l’enzyme neuraminidase (N) participe à la réplication virale, processus de multiplication du virus dans la cellule humaine. Le système immunitaire reconnaît les différents H et N s’il y a déjà été exposé.

Apprendre encore plus

  • 95
    Nombre de troupeaux de bovins infectés par le H5N1

    Source : CDC

    12
    Nombre d’États américains ayant des troupeaux de bovins infectés par le H5N1

    Source : CDC

  • 11 millions
    Nombre de poulets morts de la grippe H5N1 (y compris les abattages) au Canada depuis janvier 2022

    SOURCE : AGENCE CANADIENNE D’INSPECTION DES ALIMENTS

 
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