Condamné pour avoir menacé de tuer un auteur de bande dessinée

Condamné pour avoir menacé de tuer un auteur de bande dessinée
Condamné pour avoir menacé de tuer un auteur de bande dessinée

Bastien Vivès avait lancé des appels à la violence sur Facebook, sous un pseudonyme, contre la dessinatrice féministe Emma en 2017.

AFP

“Peine de mort pour pédos”, “on aura votre peau” : cinq personnes ont été condamnées jeudi à Paris à des peines de prison avec sursis de deux à sept mois pour avoir menacé de mort ou de violences contre l’auteur de la bande dessinée Bastien Vives.

Les cinq prévenus, trois hommes et deux femmes âgés de 21 à 31 ans, ont comparu devant le tribunal correctionnel pour des messages postés sur les réseaux sociaux, pour la plupart en décembre 2022.

L’auteur de la bande dessinée était présent à l’audience, où il n’a pas pris la parole. À l’époque, il fait l’objet de vives polémiques, plusieurs de ses œuvres étant accusées de promouvoir la pédophilie. La polémique, et les menaces reçues contre l’auteur, ont conduit le festival international de la bande dessinée d’Angoulême à annuler l’exposition qui devait lui être consacrée.

Défier, oui, menacer, non

Pour le représentant du parquet, ces menaces en ligne sont d’autant plus intolérables qu’elles peuvent inciter d’autres internautes à « passer à l’action ». “Si vous considérez que les publications de Bastien Vivès sont douteuses, vous avez le droit de le dire, mais pas de le menacer de mort !”, s’est-elle exclamée à l’attention des prévenus. La plupart ont cependant reconnu à la barre qu’ils n’avaient pas vraiment lu les ouvrages en question.

“J’ai été aveuglé par les choses que je lis sur Internet, c’est stupide”, dit celui qui avait envoyé au dessinateur une image de balles de Kalachnikov, avec les mots en anglais “remède contre la pédophilie”.

« J’ai suivi un mouvement. Je ne connaissais pas du tout ses bandes dessinées », avouait un autre, qui avait écrit « Peine de mort pour les pédos ».

« Lui couper les couilles ? C’était une photo »

Un étudiant des Beaux-Arts a reconnu avoir « dépassé les limites » en envoyant, en 2020, un message libellé « vous et tous les prédateurs comme celui-là, on vous coupera les couilles ». «C’était une image», s’est-elle défendue devant le tribunal. La jeune femme a expliqué qu’à l’époque elle était bouleversée par des actes d’inceste dont un de ses proches avait été victime. Et qu’elle était « tombée par hasard » sur l’album « Petit Paul » de Bastien Vivès, mettant en scène « un enfant de six ou sept ans qui a un pénis de 50 cm et se livre à des actes sexuels avec des adultes ».

Les plaintes concernant cet album ont été classées sans suite, a relevé à ce propos l’un des défenseurs de l’auteur, Me Richard Malka. Une enquête préliminaire pour diffusion d’images pédopornographiques est également en cours depuis début 2023 au parquet de Nanterre, mais n’a toujours pas donné lieu à des poursuites, a-t-il ajouté. Et de toute façon, « même s’il avait été condamné à 250 ans de prison pour pédophilie, cela ne justifie pas des menaces de mort », assène l’avocat.

Une autre jeune femme avait écrit « Bastien Vivès, on aura ta peau, espèce d’enfoiré » sur Twitter, un réseau qu’elle utilisait « comme un journal intime ». Elle a expliqué s’être sentie « blessée » par un dessin de Bastien Vivès qu’elle trouvait « homophobe », mais a reconnu ne pas avoir lu ses BD.

Vivès, l’arroseur arrosé

Plutôt que des menaces de mort, a soutenu son avocat Me Emma Eliakim, il faut voir dans cet acte une volonté d’« annuler » l’auteur, au sens d’« annuler la culture » : il s’agissait d’affirmer que Bastien Vivès n’avait pas sa place « dans l’espace public», selon elle.

Dans cette affaire, Bastien Vivès est un peu un “arroseur arrosé”, a relevé pour sa part un autre avocat de la défense, Me Denis Hubert, soulignant que l’auteur avait été vivement critiqué pour avoir lancé sur Facebook, sous un pseudonyme, des appels à la violence contre la caricaturiste féministe Emma.

En décembre 2022, le dessinateur « a fini par s’excuser sans enthousiasme, affirmant que les réseaux sociaux l’avaient rendu stupide », a observé l’avocat. Son client, a-t-il souligné, est dans la même situation : « il s’est contenté de suivre la rumeur comme un mouton de Panurge, sans la vérifier ».

(AFP)

 
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