Joseph Joachim Raff, un compositeur suisse dans l’ombre de Liszt et Wagner – rts.ch

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Né dans le canton de Schwytz en 1822, Joseph Joachim Raff voit son talent célébré et encouragé par Félix Mendelssohn, avant que le compositeur ne soit placé sous la protection de Franz Liszt. Ce Suisse allemand a joui de son vivant d’une certaine notoriété avant de sombrer dans l’oubli.

Joseph Joachim Raff ? Salué comme une figure nationale notamment en Suisse alémanique, le compositeur est encore peu connu en Suisse romande. Mais peu à peu, sa musique sort de l’oubli et connaît un certain regain d’intérêt auprès des interprètes.

Né à Lachen (SZ) le 27 mai 1822, le futur compositeur était allemand par son père et suisse par sa mère. Sa maison natale abrite aujourd’hui les archives de Joachim Raff et sert de siège à une entreprise qui porte son nom et qui, depuis cinquante ans, œuvre à faire connaître son héritage.

Le « Wagner suisse »

Joachim Raff est un compositeur profondément romantique qui s’inscrit dans l’air du temps. Sa musique peut être comparée à celle de ses contemporains, notamment celle de Wagner. Le chef d’orchestre Philippe Bach, qui a dirigé l’opéra «Samson» de Raff en 2022 à Berne, compare la palette orchestrale de Raff à celle du «Lohengrin» de Wagner, n’hésitant pas à qualifier Raff de «Wagner suisse».

Comme Wagner, Raff utilise des leitmotivs pour illustrer des situations et des personnages et utilise des instruments solistes ou des passages purement orchestraux pour planter le décor des différentes scènes.

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Une invitation de Mendelssohn

A 21 ans, sur les conseils de ses amis impressionnés par son talent de compositeur et de pianiste, Joachim Raff adresse une lettre à Félix Mendelssohn, alors directeur du Conservatoire de Leipzig, et lui demande son avis sur ses compositions. Après avoir lu ses partitions, Mendelssohn lui répond en termes très élogieux : non seulement il l’encourage fortement à poursuivre sa vocation musicale, mais il l’invite également à poursuivre sa formation en Allemagne.

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Une rencontre décisive avec Liszt

Durant l’été 1845, Raff fait une rencontre qui sera décisive pour sa carrière : son chemin croise celui du célèbre compositeur et pianiste Franz Liszt au terme d’une série de concerts que le virtuose donne à Bâle. Séduit par la vivacité d’esprit du jeune Suisse et son talent musical, Liszt le prend immédiatement sous sa protection. En août 1845, Liszt use de son influence pour lui décrocher un emploi à Cologne, dans un magasin de musique renommé, Eck & Lefebvre, qui fabrique des pianos.

Raff y travaille pendant deux ans, durant lesquels il échange régulièrement une correspondance avec son mentor. En juin 1846, lors d’un festival de chant choral à Cologne, Raff eut enfin l’occasion de rencontrer Felix Mendelssohn, qui l’invita à venir se perfectionner dans sa classe à Leipzig.

Mendelssohn ou Liszt ? Un choix difficile

Le jeune Suisse est confronté à un dilemme majeur : comment choisir entre Mendelssohn et Liszt ? Ils ont tous deux des idées très différentes sur la musique. Mendelssohn, comme Schumann, est l’héritier de la tradition de Beethoven et Mozart, tandis que Liszt et Wagner se tournent vers la modernité et la liberté des formes. Tout au long de sa carrière, Raff s’efforcera de réaliser une synthèse entre ces deux univers sonores.

C’est le destin qui choisira pour lui. En novembre 1847, Mendelssohn quitta ce monde, fauché dans la fleur de l’âge. Reste donc Liszt, mais il voyage constamment pour ses concerts. Raff ne peut pas rester à Cologne ; les critiques qu’il a rédigées pour l’Allgemeine Wiener MusikZeitung lui ont valu l’inimitié de la ville. Il est urgent pour lui de changer de décor. Tout au long de sa vie, Raff devra souffrir de son manque de diplomatie, de sa franchise directe et de son écriture très directe. Elle ne lui fera pas seulement gagner des amis.

Le copiste de Franz Liszt

Après quelques années à Stuttgart, Joachim Raff s’installe en 1850 à Weimar, ville où Liszt vient d’être nommé Kappelmeister de la cour. Il est engagé à ses côtés comme secrétaire, copiste et factotum. Son travail consiste principalement à assister le maître en orchestrant, copiant et préparant ses œuvres pour leur exécution.

Mais si l’on en croit les lettres de Raff à ses amis, son rôle va bien au-delà de ce que l’on pourrait attendre d’un secrétaire personnel. De toute évidence, Liszt avait besoin d’aide et Raff était en mesure de la lui fournir. Pendant six ans, de 1850 à 1856, Raff fut une sorte de plume-président de Liszt, arrangeant, orchestrant et copiant les œuvres de son maître.

La maison de Franz Liszt (1811-1886) à Weimar, Allemagne. [Roger-Viollet via AFP]

Loin de traiter son protégé, sinon en égal, du moins en collaborateur prometteur, Liszt l’utilise abondamment, au mieux comme orchestrateur (notamment de ses propres poèmes symphoniques), au pire comme simple copiste. Finalement, fatigué de cette servitude et désireux de développer sa personnalité musicale, Raff prend la décision de quitter Weimar et de se lancer seul.

Wiesbaden puis Francfort

Il se dirigea vers Wiesbaden où il passa les vingt et une années suivantes. Il y enseigne le piano, l’harmonie et le chant et compose la plupart des œuvres portant un numéro d’opus. Sa musique connaît un succès grandissant. En 1863, sa première symphonie intitulée « An das Vaterland » reçoit le prestigieux Prix de la Gesellschaft der Musikfreunde (Société des Amis de la Musique) de Vienne, qui récompense l’œuvre symphonique la plus aboutie de l’année.

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Dans les années 1870, Raff comptait parmi les compositeurs germanophones les plus joués de son époque. Son catalogue est particulièrement riche et comprend six opéras, onze symphonies, plusieurs ouvertures et concertos, beaucoup de musique de chambre, des sonates pour divers instruments et un solide corpus d’œuvres pour piano. La richesse de ce catalogue amène certains critiques à dire que Raff compose trop.

En 1878, la ville de Francfort engagea Raff comme directeur pour reprendre les rênes du Conservatoire de Musique nouvellement construit. C’est lui qui engage Clara Schumann comme professeur de piano, même si cette dernière n’éprouve aucune sympathie pour lui. Plusieurs désaccords avec le conseil d’administration du conservatoire entachèrent les dernières années de Raff à Francfort, décédé dans la nuit du 25 au 25 juin 1882 d’une crise cardiaque.

Aujourd’hui, la musique du Schwyz sort peu à peu de l’oubli dans lequel elle dormait et jouit d’une reconnaissance méritée sur scène.

Sujet radio : Catherine Buser

Adaptation web : Melissa Härtel

Res Marty, « Joachim Raff, Leben und Werk. Eine Biografie », MP Education, Rat und Verlag AG, 2014.

Regarde aussi, le site Internet de la Joachim Raff Gesellschaft

 
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